Dès demain, et pour deux jours, l’Autriche organise à Vienne une grande conférence intitulée « L’Europe au-delà de l’antisémitisme et de l’antisionisme: sécuriser la vie juive en Europe ». Le chancelier Sebastian Kurz estime que son pays – qui préside actuellement l’UE – a une responsabilité particulière, 80 ans après l’annexion par l’Allemagne (Anschluss) et les pogroms de la Nuit de cristal.
« L’inquiétude est toujours présente »
La « vie juive » est-elle donc menacée? « Cela fait plusieurs années que le climat est assez houleux pour les Juifs en tant qu’identité d’une minorité religieuse », rappelle le secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) Johanne Gurfinkiel dans la Matinale de la RTS. « On a vécu toute une période d’attentats, de meurtres – encore récemment à Pittsburgh. Donc j’ai envie de dire que l’inquiétude, en tout cas, est toujours présente. Cela a provoqué aussi des départs (…). Il y a une volonté pour certains Juifs de France de partir, et pas qu’en Israël. »
Et si cet exercice de mémoire doit être mené, selon Johanne Gurfinkiel, c’est pour éviter une banalisation. « Il y a besoin, à certains moments de l’actualité, de l’année, de fixer un certain nombre de repères (…). Aujourd’hui, on n’est pas dans les années 30, mais en termes d’agressivité destructrice à l’égard de la communauté juive, il y a un sentiment d’inquiétude. »
Un « cancer qui gangrène la société » en France
En France, les actes antisémites ont bondi sur les neuf premiers mois de l’année, un phénomène qui alarme le chef du gouvernement Edouard Philippe et pousse les institutions juives à réclamer des « moyens spécifiques » contre ce « cancer qui gangrène la société ».
« C’est le pays dans lequel il y a la plus grande communauté juive en Europe, avec une très vieille histoire », rappelle le secrétaire général de la CICAD. « C’est aujourd’hui un pays qui est confronté de plein fouet à l’antisémitisme, qui s’est exprimé dans la violence (…). Il y a une réalité: on a tué du Juif. »
Multiplication des cas en Suisse en 2018
La situation est très différente en Suisse, où les chiffres montraient une stabilité des actes antisémites l’an dernier.
« Mais il y a eu beaucoup, beaucoup de cas qui ont fait l’objet d’une intervention de la CICAD en 2018 », souligne Johanne Gurfinkiel. « Et il y en a encore, et notamment des cas d’antisémitisme contre des enfants en bas âge. »
Source www.rts.ch
