«Sans solution européenne, c’est la fin de Schengen»

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ROME, ITALY - JUNE 01: (L-R) Interior Minister and Deputy PM Matteo Salvini, Italys Prime Minister Giuseppe Conte and Labor and Industry and Deputy PM Luigi Di Maio attend the first session of the council of ministers at Palazzo Chigi on June 1, 2018 in Rome, Italy. Law professor Giuseppe Conte has been chosen as Italy's new prime minister by the leader of the 5-Star Movement, Luigi Di Maio, and League leader Matteo Salvini. (Photo by Elisabetta Villa/Getty Images)

En pleine crise politique en Allemagne, Angela Merkel a reçu à Berlin le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, dont les vues sur l’immigration sont diamétralement opposées. Mais, bon gré mal gré, la chancelière s’est montrée conciliante.

Mise en cause sur sa politique migratoire jusque dans sa majorité et dans son gouvernement, Angela Merkel a fait profil bas ce 18 juin 2018. A l’occasion de sa rencontre à Berlin avec le président du Conseil italien Giuseppe Conte, dont les vues sur l’immigration sont diamétralement opposées, la chancelière allemande s’est efforcée de se montrer solidaire. «L’Italie est l’un des pays qui reçoivent le plus de migrants [sur ses côtes]», a-t-elle reconnu, appelant à venir en aide à l’Italie, qui cherche à réduire le nombre d’arrivées sur son territoire. «Nous voulons répondre à l’appel de l’Italie pour plus de solidarité et nous espérons que l’Allemagne sera également comprise quand il est question de solidarité en Europe sur les questions d’immigration», a-t-elle plaidé, selon Reuters.

 Cette réduction du nombre de migrants rejoignant l’Italie pourrait passer, selon la chancelière allemande, par le traitement des demandes d’asile à la source, comme par exemple en Libye. La chancelière reprenait ainsi une proposition de Giuseppe Conte, venant elle-même d’une promesse avortée d’Emmanuel Macron faite à l’été 2017. Pour autant, la chancelière n’a pas fait abstraction de la situation chaotique de ce pays, depuis l’intervention militaire des Occidentaux en 2011. «En l’espèce, la question est comment l’Union européenne pourrait assurer un gouvernement stable en Libye», a-t-elle déclaré à l’issue de la rencontre, renvoyant la réponse à plus tard. «Ce sont des questions dont nous parlerons dans les mois qui viennent», a-t-elle ainsi ajouté.

Nos frontières sont aussi celles de l’Europe : l’Italie ne peut pas continuer à agir toute seule

Reçu avec les honneurs militaires dans la capitale allemande, Giuseppe Conte ne s’est pas laissé pour autant attendrir. «Il faut des solutions européennes, sans quoi les initiatives bilatérales [entre Etats] signeront la fin de Schengen», a-t-il prévenu, cité par le quotidien italien La Repubblica. «Nos frontières sont aussi celles de l’Europe : l’Italie ne peut pas continuer à agir toute seule», a encore martelé le chef du gouvernement italien.

Angela Merkel prise entre deux feux

Tant en Italie qu’en Allemagne, le temps presse. Angela Merkel est en effet confrontée à une fronde de l’Union chrétienne-sociale (CSU), le parti frère de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), et à son ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer qui lui a posé un ultimatum ce 18 juin sur la question migratoire. Et en Italie, le gouvernement issu des élections législatives du 4 mars dernier, antisystème et anti-immigration, pourrait montrer une patience limitée. Rome a illustré sa fermeté en barrant la route à l’Aquarius et ses 630 naufragés, provoquant des tensions au sein de l’UE jusqu’à l’accueil du bateau par l’Espagne.

Les temps qui viennent s’annoncent ainsi compliqués pour Angela Merkel. Il paraît difficile que la chancelière puisse trouver une solution satisfaisante à la fois pour ses alliés bavarois de la CSU, sur le qui-vive, et pour l’Italie, qui réclame elle une répartition plus équitable des demandeurs d’asile en Europe.

Source francais.rt.com

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