Palestiniens syriens : ces atrocités dont personne ne parle

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Ill : A Yarmouk, la foule attend de recevoir de quoi manger…

par Khaled Abu Toameh / Gatestone

 

Quel besoin de rappeler au monde le sort des Palestiniens de Syrie ? Parce que la communauté internationale et les groupes propalestiniens de par le monde se moquent comme d’une guigne des atrocités commises contre les Palestiniens en Syrie et ailleurs dans le monde arabe. Personne n’en parle si ces crimes n’ont pas été commis par Israël.

  • Mahmoud Abbas, âgé de 82 ans, a fait connaître ses priorités. Lesquelles ne sont pas d’aider son peuple en Syrie et dans la bande de Gaza, où les hôpitaux manquent de carburant et de médicaments. Abbas s’est offert un « avion présidentiel » de 50 millions de dollars.
  • Abbas s’en moque. Il estime que c’est au monde entier de prendre soin de son peuple. Le monde entier, sauf lui, doit financer l’aide aux Palestiniens. Prononcer un discours devant le Parlement européen ou devant l’Assemblée générale des Nations Unies passe avant les Palestiniens qui meurent faute de médicaments et de nourriture.
  • Un camp de réfugiés palestiniens est en état de siège depuis plus de 1660 jours. Des centaines de résidents du camp ont déjà été tués, et des dizaines de milliers d’autres ont dû fuir leurs maisons. Ceux qui n’ont pu quitter le camp – principalement les personnes âgées, les femmes et les enfants – vivent dans des conditions sanitaires indicibles et boivent de l’eau croupie. Dans ce camp assiégé depuis 2103, plus de 200 Palestiniens sont morts faute de nourriture ou de médicaments. Les conditions de vie dans le camp, par quelque bout qu’on les considère, sont horribles et à faire se dresser les cheveux sur la tête. Mais personne n’en parle car ce camp de réfugiés palestiniens n’est situé ni en Cisjordanie, ni dans la bande de Gaza.

 

Le nom du camp est Yarmouk, et il est à moins d’une dizaine de kilomètres de Damas, capitale de la Syrie.

Avant la guerre civile syrienne en 2011, plus de 100 000 Palestiniens vivaient à Yarmouk, un camp de 2,11 kilomètres carrés.

À fin 2014, il n’y restait plus que 13 000 personnes.

Depuis 2012, Yarmouk a été l’épicentre de terribles combats entre les différentes factions : les forces de l’opposition syrienne, l’armée syrienne et ses alliés du Front populaire de libération de la Palestine – Commandement général (FPLP-CG), un groupe terroriste palestinien dirigé par Ahmed Jibril et l’État islamique (ISIS).

En 2015, en dépit du siège imposé par l’armée syrienne alliée au groupe terroriste palestinien FPLP-GC, l’Etat islamique a réussi à prendre le contrôle de plusieurs quartiers de Yarmouk.

La vie des résidents palestiniens est alors devenue un enfer.

N’imaginons pas qu’avant l’arrivée de l’Etat islamique, les conditions de vie des Palestiniens étaient bonnes. Régulièrement, l’armée syrienne et le FPLP-GC ont pilonné les maisons et les écoles de Yarmouk à l’artillerie lourde. Des dizaines de réfugiés, femmes et enfants, ont ainsi été tués. L’armée syrienne et son séide terroriste palestinien assiègent le camp, empêchant l’arrivée de nourriture et de médicaments.

Parallèlement, à l’intérieur du camp, l’Etat islamique commet des atrocités au quotidien. La semaine dernière, par exemple, des terroristes de l’Etat islamique ont traîné deux Palestiniens en place publique et les ont exécutés devant la foule stupéfaite. Les deux suppliciés ont pu être identifiés : Ramez Abdullah a reçu une balle dans la tête et Bashar Said a eu la gorge tranchée dans le style habituel de l’Etat islamique.

Un « tribunal » de l’ Etat islamique avait jugé et condamné les deux hommes pour espionnage au profit du FPLP-CG et d’Aknaf Beit Al-Makdis (« Les partisans de Jérusalem »), un groupe palestinien en lutte contre l’Etat islamique à Yarmouk.

De telles exécutions publiques sont loin d’être rares.

En février 2107, l’Etat islamique a exécuté un certain Mohammed Attiyeh. Un mois plus tard, quatre autres Palestiniens ont été assassinés. En juillet de la même année, l’Etat islamique a exécuté Mohammed Elayan, un adolescent palestinien pour avoir secouru des blessés d’un groupe anti-Daech.

Voilà quelques jours, des miliciens de l’EI ont arrêté une résidente de Yarmouk qui avait refusé de se soumettre à une fouille corporelle. Selon certains habitants du camp, la vie de cette femme – elle n’a pu être identifiée – serait en danger. Son sort ne devrait pas être meilleur que celui d’autres habitants du camp arrêtés par l’Etat islamique et considérés aujourd’hui comme disparus.

Pour ajouter au malheur des Palestiniens, des sources à l’intérieur du camp rapportent que les terroristes de l’Etat islamique ont fait main basse sur la nourriture dans les magasins et les maisons.

Le Groupe d’action pour les Palestiniens de Syrie affirme que l’Etat islamique empêche les patients de quitter le camp pour suivre un traitement médical.

 

« La crise humanitaire a atteint de nouveaux sommets à Yarmouk » a déclaré le groupe. « Le manque de nourriture et de médicaments a entraîné l’apparition de plusieurs maladies parmi les habitants du camp. »

Le sort de Yarmouk est un microcosme de la tragédie qui accable les Palestiniens de Syrie depuis le début de la guerre civile.

Le Groupe d’action pour les Palestiniens de Syrie a chiffré à 3645 – dont 463 femmes – le nombre de Palestiniens tués depuis 2011. Par ailleurs, 1656 Palestiniens – dont 105 femmes – sont détenus dans diverses prisons du gouvernement syrien.

A Yarmouk, 204 Palestiniens sont morts faute de nourriture et de médicaments. L’eau courante a été coupée pendant plus de 1237 jours. Un autre camp palestinien, Dera’ah, est lui, privé d’eau depuis plus de 1398 jours.

Au total, depuis le début de la guerre civile, plus de 85 000 Palestiniens ont fui la Syrie vers l’Europe ; 30 000 autres ont trouvé refuge au Liban ; 17 000 ont rejoint la Jordanie ; 6 000 autres sont désormais en Égypte et 8 000 ont atteint la Turquie.

Un article de presse rapporte que 11 Palestiniens ont été tués en Syrie en janvier 2018. Dix d’entre eux ont été abattus lors d’affrontements entre factions, tandis qu’un autre est mort sous la torture dans une prison du gouvernement syrien.

 

Quel besoin de rappeler au monde le sort des Palestiniens en Syrie ? Parce que la communauté internationale et les groupes propalestiniens de par le monde semblent se moquer comme d’une guigne des atrocités commises contre les Palestiniens en Syrie et ailleurs dans le monde arabe. Personne ne parle des crimes commis contre les Palestiniens si ces crimes n’ont pas été commis par Israël.

A Ramallah, l’apathie de la direction de l’Autorité palestinienne est incompréhensible. Ses représentants auraient-ils des questions plus urgentes à traiter ?

Alors que son peuple est tué, affamé, déporté et privé de soins médicaux en Syrie, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ne se préoccupe que de l’annonce du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël.

Ouvrir un front avec l’administration américaine semble être devenu un sport quotidien pour Abbas et ses hauts fonctionnaires. Pas un jour ne passe sans que l’Autorité palestinienne ne dénonce avec force Trump et sa politique anti-palestinienne. Mais concernant les souffrances du peuple palestinien en Syrie, Ramallah n’a rien à dire.

Les dirigeants palestiniens qui passent leur temps en réunion à Ramallah négligent tout simplement les atrocités auxquelles leur peuple est confronté dans les pays arabes, notamment en Syrie. Indifférents aux milliers de morts palestiniens dans un pays arabe, ils préfèrent multiplier les condamnations contre les colonies israéliennes et l’administration Trump.

Abbas, âgé de 82 ans, a fait connaître ses priorités. Plutôt que d’acheminer des médicaments et du carburant aux hôpitaux de Gaza et de Syrie, le président de l’Autorité palestinienne a investi 50 millions de dollars dans un « avion présidentiel ».

L’argent dépensé par Abbas pour cet avion aurait pu sauver la vie de milliers de Palestiniens en Syrie et dans la bande de Gaza.

Abbas n’y a même pas pensé. Il estime que les besoins de son peuple sont de la responsabilité de la planète.

Le monde entier, à l’exception de lui-même, doit fournir une aide financière aux Palestiniens. Prononcer un discours devant le Parlement européen ou devant l’Assemblée générale des Nations Unies passe avant les Palestiniens qui meurent faute de médicaments et de nourriture.

Avec de tels leaders, les Palestiniens n’ont pas besoin d’ennemis.

 

Khaled Abu Toameh, un journaliste primé, basé à Jérusalem.

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