Par Ya’akov Catz
Un débat international s’est développé à l’égard des camps de concentration « polonais », et finalement de la conduite de la Pologne durant cette période. Dorénavant, il est interdit de parler des « camps de concentration polonais », sous peine de se voir attribuer trois ans de prison… Et, d’un autre côté, les Juifs sortent de leurs gonds : comment la Pologne ose-t-elle ?
Que l’on me permette, à moi qui suis descendant de Juifs allemands et polonais, dont les familles ont été décimées, à Auschwitz et ailleurs, d’avancer une idée – dont je sais pertinemment qu’elle aura mauvaise presse : les Juifs ont commis là une grande erreur, et en persévérant dans leur mauvaise direction, entrainent de plus un risque d’interdiction de la che’hita en Pologne, et mettent les Juifs qui vivent encore dans ce pays dans une situation délicate.
En effet, les Polonais ont raison : ils n’ont jamais fondé de camps de concentration sur leur territoire, ni eux, ni les Français ! Qui peut-il mieux témoigner de cela que Serge Klarfeld ? Le voici qui a déclaré présentement (interviewé par Alexandre Gilbert sur http://jewpop.com) : « Il n’y a eu ni camp de la mort polonais ni français. Il y a eu des camps d’extermination allemands en Pologne et un camp allemand en Alsace annexée. Les lois mémorielles ré-avancent des faits avérés et en tirent des leçons.
« Tous ceux qui évoquent les “camps polonais” insultent la Pologne. Les Polonais dans leur ensemble ont eu un comportement hostile aux Juifs ; les Polonais ont perpétré des pogroms dès l’entrée des Allemands en Pologne et même après la libération du pays. Par contre, il ne faut pas oublier que la Pologne a perdu 3 millions de polonais chrétiens, qu’il n’y avait plus d’État polonais, que le gouvernement polonais en exil à Londres a été très engagé aux cotés des Juifs, qu’il y avait une forte armée polonaise en exil engagée aux cotés des Alliés, que les nombreux aviateurs polonais de la R. A. F. ont participé à la victoire, et qu’il y a plus de Justes polonais que d’autres nations. »
C’est vrai, d’un autre côté, que la participation de Polonais aux meurtres de Juifs avant, pendant et après la Shoah, est énorme : on parle de centaines de milliers de Juifs tués par leurs voisins polonais, ce qui n’était évidemment pas le cas en France, par exemple, même si l’on trouvait des collaborateurs et des dénonciateurs dans ce pays également, ils n’ont toutefois jamais lancé la main eux-mêmes contre des Juifs.
En tout cas, l’ambigüité et le malentendu sont nés de cette difficulté, et là, c’est la Pologne qui a raison : jamais ce pays n’a fondé de camps de concentration, ce sont les Allemands, sous régime nazie, qui les ont fondés, même si nul ne doute que les Polonais ont apporté leur aide à cette monstrueuse et satanique œuvre allemande.
Malheureusement, le débat malencontreux a continué, suite à un entretien du Premier Ministre polonais et d’un journaliste israélien : c’est vrai, a déclaré en substance le dirigeant polonais, qu’il y a eu de nombreux Polonais qui se sont mal conduits, mais il y a également eu des Juifs qui étaient dans cette catégorie de gens ! Nouveau scandale ! Mais, Messieurs, c’est le Polonais qui a raison : il y a eu des kapos, il y a eu des gens des Juedenrät, des conseillers qui dirigeaient les communautés juives des villes, et surtout des ghettos, et sous la gestion supérieure des nazis, qui se sont mal conduits. La question de savoir combien on pouvait trouver d’un côté, et combien de l’autre, est évidemment essentielle, mais le Premier ministre polonais a beau jeu là de rappeler cette triste réalité, incontestable.
Bien entendu, l’image globale n’est pas favorable au peuple polonais, mais est-ce réellement raisonnable de rappeler ce peuple à l’ordre ? Est-ce notre rôle ?
Même le Premier ministre d’Israël, Biniamin Nethaniahou, a donné dans ce genre, et a parlé d’un « manque de compréhension et de sensibilité face à la tragédie de notre peuple »… Qu’il nous permette de penser que le silence, douloureux soit, mais le silence tout de même, reste l’option la plus indiquée.
Il faut toutefois relever le fait que malgré cette dernière réaction, Nethaniahou a su ne pas rappeler son ambassadeur en Pologne dans le pays…