Depuis 17 ans, Riccardo di Segni est le Grand-rabbin de la plus ancienne communauté juive de la gola, celle de Rome. Il est connu et apprécié pour son courage à assumer ses positions et à formuler des jugements sans équivoque. Il n’élude aucune question et y répond de manière concise et claire.
Il a accordé une longue interview à Aldo Cazzullo, publiée sur Il Corriere della Sera, portant sur plusieurs sujets délicats, notamment l’immigration musulmane, dont j’ai traduit plusieurs extraits.
. Que pensez-vous de l’immigration ?
«Sur les migrants, nous les Juifs sommes déchirés. La fuite, l’exil, l’accueil font partie de notre histoire et de notre nature.
Mais je me pose la question : tous ces musulmans qui débarquent en Italie ont-ils l’intention de respecter nos droits et nos valeurs ? Et l’Etat italien a-t-il le pouvoir de les faire respecter ?
Hélas, je dois répondre deux fois par la négative. D’où mon inquiétude. L’Europe est née après Auschwitz, je ne voudrais pas qu’elle finisse comme une autre Auschwitz. Je ne sais pas qui seront cette fois les victimes. Une migration incontrôlée peut susciter une réaction d’intolérance et nous en subirons également les conséquences et serons peut-être les premiers à en souffrir.
. L’arrivée de centaines de milliers de migrants musulmans pose-t-il un problème pour les Juifs ?
«Non seulement pour les Juifs, mais pour tous les citoyens.»
. Vous êtes allé à la mosquée de Rome, mais l’imam n’est pas venu à la synagogue. Pourquoi ?
«Le rapport avec l’islam est très complexe. Nous y travaillons. Lors des manifestations du mois dernier à Milan, des slogans en arabe acclamèrent Khaybar, le massacre de Juifs par Mahomet. J’ai reçu des lettres d’excuses privées de la part des organisations islamiques, mais je n’ai entendu aucune excuse publique.».
. Vous avez blâmé l’Italie pour avoir voté contre la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Pourquoi ?
«Elle reflète la position chrétienne habituelle et encore plus la musulmane, selon laquelle les Juifs peuvent être soumis ou tolérés, mais jamais souverains, même pas chez eux.»
. Jérusalem est aussi la maison des Palestiniens.
«J’en suis conscient. Mais Jérusalem capitale d’Israël n’est pas une invention de Trump. C’est une question politique qui remonte à 1948. C’est une question religieuse millénaire. N’oubliez pas que les chrétiens ont mené des Croisades, mais non pour ramener les Juifs à Jérusalem. Là où passaient les Croisés, les communautés juives étaient détruites.»
. L’antisémitisme existe-t-il encore en Italie ?
«Il a toujours existé et aujourd’hui, il resurgit sous de formes différentes. Il y a cette idée religieuse permanente selon laquelle le peuple hébreu n’a pas accompli sa mission, il doit dès lors continuer à errer, dispersé parmi les peuples, pour ne pas avoir accueilli la vérité. Certains symboles sont déformés pour les transformer en offenses soit inconsciemment, soit consciemment. Il est frappant de constater qu’il n’existe plus aucune gêne à déclarer publiquement ses sympathies fascistes. »
. Existe-t-il aussi un antisémitisme de gauche
«Evidemment qu’il existe !»
Le rabbin nous rappelle que l’immigration incontrôlée est une source d’injustice et que l’intégration de millions de musulmans, adeptes d’une religion qui n’appartient pas à la tradition européenne est dangereusement velléitaire, d’autant plus de la part d’un pays comme l’Italie, qui n’a ni la culture, ni l’expérience et n’est pas prêt à assumer une mission aussi importante. Toutefois, l’Italie n’est pas la seule à ne pas être préparée, quasi tous les Etats européens pataugent dans la même situation : les faillites des politiques d’intégration et les réactions de rejet qui se multiplient partout en Europe en témoignent.
Riccardo Di Segni ne craint pas de dire que les imams utilisent le double langage. Ils n’expriment aucune condamnation en public, uniquement en privé, révélant ainsi un embarras, pour nous incompréhensible, qui démontre de manière éloquente leur soumission aux franges les plus extrémistes de l’islam, celles les plus hostiles à l’intégration.
Le Grand-rabbin de Rome s’exprime de manière claire, sans fanatisme, frappé d’un bon sens, qui est loin d’être la qualité majeure d’une grande partie des politiciens italiens et autres collègues européens.
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Sources : «L’immigrazione islamica incontrollata è una follia. Parola di rabbino capo.» (Il Giornale) –«Riccardo Di Segni : «Migrazione fuori controllo …» (Il Corriere della Sera)