L’islam est malade, c’est aux musulmans de le soigner (Aurélien Marq)

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La récente étude du Pew Research Institute (PRI) annonçant pour 2050 une minorité musulmane représentant entre 12% et 18% de la population française ne devrait surprendre personne, puisqu’elle ne fait que confirmer les travaux antérieurs du même institut. Ceux-ci sont généralement sérieux, même si la fiabilité des projections statistiques se heurte rapidement au nécessaire distinguo entre origine ethnique, origine culturelle et religion.

Il y a un problème dans l’islam

Une chose semble certaine : la présence de l’islam en France sous forme d’une minorité importante est très vraisemblablement une réalité durable et, quoi que l’on en pense, nos chances de surmonter collectivement les menaces qui peuvent en découler seront d’autant plus grandes que nous les regarderons en face. Les trois quarts de nos concitoyens qui considèrent que la laïcité est en danger ne disent pas autre chose, et Laurent Bouvet, qui la synthétise clairement, a parfaitement raison de déplorer que cette question pourtant essentielle n’ait pas la place qu’elle devrait dans le débat politique.

Face donc à l’obstination du déni (quelles qu’en soient les motivations), il faut continuer à rappeler des évidences. Oui, il y a un problème dans l’islam, qui trop souvent devient un problème de et avec l’islam. Oui, le djihad et l’islamisme ont bien quelque chose à voir avec l’islam.

« Les germes sont dans le texte lui-même »

Néanmoins, il faut absolument aller plus loin que les évidences. « Un problème », « quelque chose » à voir. Mais quoi ?

« Après le 11 septembre, la question cruciale n’est pas de s’acharner à démontrer que l’islam est, par nature, étranger au massacre des innocents, mais bien de savoir quelle interprétation de l’islam n’a pas su empêcher certains musulmans de le provoquer ! »Michel Renard, directeur de la revue Islam de France, le 2 octobre 2001.

« Pour construire un monde en commun dans le respect de la diversité, il faut un dialogue, qui ne doit pas être de complaisance. La question de la violence de l’islam est une vraie question. Les musulmans doivent admettre que c’est un fait, dans le texte comme dans l’histoire telle qu’ils la représentent eux-mêmes, en un mode qui appartient plus à l’hagiographie qu’à la chronique. Nous avons à faire à un « prophète » qui a été violent, qui a tué et qui a appelé à tuer. (…) L’islamisme est, certes, la maladie de l’islam, mais les germes sont dans le texte lui-même. » Abdelwahab Meddeb, le 23 septembre 2006.

« Cher monde musulman, (…) je te vois en train d’enfanter un monstre qui prétend se nommer Etat islamique et auquel certains préfèrent donner un nom de démon : Daesh. Mais le pire est que je te vois te perdre – perdre ton temps et ton honneur – dans le refus de reconnaître que ce monstre est né de toi. (…) Ce refus du droit à la liberté vis-à-vis de la religion est l’une de ces racines du mal dont tu souffres, ô mon cher monde musulman, l’un de ces ventres obscurs où grandissent les monstres que tu fais bondir depuis quelques années au visage effrayé du monde entier. Car cette religion de fer impose à tes sociétés tout entières une violence insoutenable. Elle enferme toujours trop de tes filles et tous tes fils dans la cage d’un bien et d’un mal, d’un licite (halâl) et d’un illicite (harâm) que personne ne choisit mais que tout le monde subit. Elle emprisonne les volontés, elle conditionne les esprits, elle empêche ou entrave tout choix de vie personnel. » Abdennour Bidar, le 13 octobre 2014.

L’islam n’est pas un bloc

Il n’aura, j’espère, échappé à personne que les citations ci-dessus viennent de musulmans, croyants, trouvant dans leur religion de quoi nourrir leur foi et leur humanité, et même de quoi combattre cette « maladie » dont ils ont pleinement conscience – contrairement à Edwy Plenel, qui bien que non-musulman est infiniment plus islamiste que beaucoup de musulmans. Je confierais sans problème la défense de mes droits civiques à Amine El Khatmi, mais sûrement pas à Médiapart !

Ne confondons pas l’islam, une religion, l’Islam, une aire culturelle, et les musulmans, personnes regroupées à plus ou moins bon escient dans une catégorie aux contours souvent assez flous. L’islam-religion est multiple tout comme l’Islam-civilisation. Et qui peut sérieusement prétendre que Mohamed Merah et Tariq Ramadan ont choisi le même D’ qu’Imad Ibn Ziaten et Abdennour Bidar ? Les musulmans sont des individus aussi riches, complexes et variés dans leur humanité que n’importe qui d’autre. D’ailleurs, qu’est-ce qu’un musulman ? Toute personne se déclarant telle ? Faisant la shahâda ? Respectant les 5 piliers ? Mais les querelles du takfir montrent que ceux qui se considèrent eux-mêmes comme musulmans ne se considèrent pas forcément les uns les autres comme de « bons » ou de « vrais » musulmans ! L’immonde attentat contre la mosquée de Bir El-Abd ou celui qui vient encore de frapper le Pakistan, parmi tant d’autres, le rappellent tragiquement.

Il existe toutefois un « plus petit dénominateur commun » sur lequel on peut, je pense, s’accorder. Toute croyance religieuse, civilisation ou personne se disant « musulmane » se rattache ainsi au minimum à deux références communes : le prophète Mohammed et le Coran. Et les « germes de la maladie » y sont, malheureusement – même si, pour filer la métaphore, il y a beaucoup de « porteurs sains ».

« Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier »

La volonté d’imposer l’islam sous forme totalitaire n’est pas seulement présente dans la sunna, la sîrah ou les hadiths, mais aussi dans le Coran. Même la fameuse phrase « nulle contrainte en religion » (sourate n° 2) ne signifie pas forcément que chacun est libre de ses croyances, mais plutôt que l’islam ne doit pas être vu comme une contrainte mais comme une évidence, l’état naturel de l’homme : « Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement ». C’est justement dans ce sens que ce verset est souvent compris, y compris dans la déclaration du Caire de 1990 (dite « déclaration des Droits de l’homme dans le monde musulman »), ce qui s’accommode même de la condamnation à mort des apostats (que la Mauritanie, par exemple, vient encore de renforcer).

La sourate n° 2 donne l’assentiment divin à l’esclavage et, de fait, au viol des esclaves : « Vous sont interdites (…) parmi les femmes les dames (qui ont un mari), sauf si elles sont vos esclaves en toute propriété. »

La sourate n° 9 est également sans ambiguïté : « Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, en état d’humiliation. Les Juifs disent : « Uzayr est fils d’Allah » et les Chrétiens disent : « Le Christ est fils d’Allah ». Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse ! »

Selon la règle d’abrogation, sa position chronologique d’avant dernière sourate (la dernière étant une brève formule de conclusion) lui donne la prééminence sur tous les versets antérieurs, si tolérants soient-ils.

Le contexte n’excuse rien

Il faut remettre les choses dans leur contexte, me direz-vous. Oui, mais ! Depuis la destruction des mutazilites par le calife Jafar Al-Mutawakkil au 9ème siècle, le dogme du Coran incréé a triomphé – du moins chez les sunnites, écrasante majorité des musulmans en Europe, ce qui explique que je me concentre ici sur leur interprétation. Parole divine authentique à la virgule près, existant de toute éternité, le texte de loi devient impossible à critiquer. La « contextualisation » se fait généralement « à la Tariq Ramadan », c’est à dire avec une grande hypocrisie. Une comparaison s’impose.

Prenons la fameuse phrase (réelle ou apocryphe) du croisé Arnaud Amaury au siège de Béziers : « Tuez-les tous, D’ reconnaîtra les siens ! » Contextualiser permet de dire que, pour l’époque, un tel ordre n’était pas aussi choquant qu’à nos yeux – bien que contraire aux règles de la chevalerie, il n’était pas anodin non plus ce qui explique d’ailleurs qu’il ait marqué les esprits. Contextualiser montre que le légat n’était pas forcément un monstre de cruauté : il comprenait et réfléchissait en homme de son temps et de son milieu, et faisait sans doute au mieux avec les outils cognitifs dont il disposait. Il n’est donc pas question, huit siècles plus tard, de condamner l’homme selon les critères d’aujourd’hui. Par contre, il est indispensable de dire aussi, très clairement, que l’ordre en question est condamnable en lui-même, quelle que soit l’époque. C’est un ordre immoral, et l’association de D’ à la décision du massacre est franchement malsaine, peu importent le moment, le lieu ou les circonstances. « Les tuer tous » n’était pas « justifié alors mais inadapté aujourd’hui » : même en 1209, c’était déjà une faute.

De même, contextualiser certains des passages du Coran appelant à la violence peut permettre de les comprendre, mais ne doit pas masquer le fait qu’ils restent moralement condamnables et qu’ils l’étaient déjà au moment de leur rédaction, même si à l’époque il était compréhensible de ne pas s’en rendre compte. C’est l’une des très nombreuses différences entre un Tariq Ramadan, pour qui la contextualisation ne sert qu’à justifier le texte afin de le faire échapper à toute remise en cause éthique, et quelqu’un comme Abdennour Bidar, qui a le courage d’envisager que certains versets du Coran puissent se tromper dans l’absolu.

Un musulman sera poussé à se sentir solidaire de son « frère en religion »

Autre aspect du problème, le très fort sentiment d’appartenance communautaire, qui tend à écraser toute empathie. Très souvent, être musulman n’est pas uniquement le choix d’un chemin vers le sacré, mais l’adhésion à une communauté. Et pourquoi pas ? Une quête spirituelle relève de la responsabilité individuelle, mais qu’elle soit nécessairement personnelle n’impose pas qu’elle soit solitaire. Le souci découle du mépris affiché des textes sacrés pour tous ceux qui n’appartiennent pas à cette communauté des croyants. Combiné à l’insistance sur la certitude de la vérité et l’importance du consensus, il tend à créer une ferme séparation entre « eux » et « nous », « mécréants » et « croyants », qui surpasse les valeurs morales des individus. C’est ce qui conduit Al Ghazali à déclarer : « Si un infidèle empêche, par l’action, un musulman (de faire une chose), c’est un acte d’autorité sur le musulman, ce qui constitue une humiliation pour ce dernier. Or le débauché mérite l’humiliation, mais non de la part de l’infidèle qui lui, la mérite à plus juste raison. »

Même lorsqu’il empêche un musulman de faire le mal, un infidèle lui reste inférieur, et un autre musulman sera poussé à se sentir solidaire de son « frère en religion », fut-il en tort, plutôt que de l’infidèle, fut-il dans son bon droit. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles la communauté dans sa majorité, très réactive pour condamner des desseins, l’est beaucoup moins après certains attentats… C’est aussi un point sensible s’agissant du respect des lois communes lorsque les personnes chargées de faire respecter ces lois (forces de l’ordre, magistrats…) comme celles chargées de les élaborer sont très majoritairement des « infidèles » – à l’image de la population dans son ensemble, puisque même dans le scénario maximaliste du PRI il restera tout de même 82% d’infidèles en France en 2050 !

Bien entendu, nombre de musulmans n’appliquent pas la sourate n° 9, au grand dam des djihadistes d’ailleurs, et considèrent autrui comme un être humain avant tout, et non pas selon la dichotomie croyant/incroyant. Et il serait vain et absurde de vouloir rendre un fidèle, quel qu’il soit, responsable de tout ce qui se dit, s’écrit ou se fait au nom de sa religion.

En revanche, tout croyant a le devoir d’exercer son esprit critique envers ce dont il se réclame. Qu’elle soit religieuse, philosophique ou politique, une croyance est un choix, qui comme tout choix s’accompagne d’une part de responsabilité.

Vouloir en exonérer les musulmans, ce serait nier la réalité de ce choix, les assigner à une identité qu’ils subiraient passivement, ce serait les croire incapables de procéder à un examen de leurs croyances. Un tel mépris serait à la fois immoral et stupide.

A mort le libre-arbitre !

Tout islam, même ouvert, moderne ou modéré, s’il ne désacralise pas clairement le Coran, s’il n’encourage pas à la prise de distance vis-à-vis de lui, prédispose à accorder à ce livre une très forte valeur normative. Il prépare donc les esprits à prendre comme référence morale un texte qui justifie pleinement le djihadisme, et pousse à l’hégémonie absolue sur toutes les autres civilisations. Trop souvent par exemple, des musulmans élèvent paisiblement leurs enfants dans la tolérance, jusqu’à ce que ces enfants rencontrent un prédicateur qui leur dit : « Mais c’est marqué dans le Coran ! Toi, simple mortel, comment oses-tu ne pas être d’accord avec ce que D’ Lui-même a dicté ? » Sourate n°33 : « Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois qu’Allah et Son messager ont décidé d’une chose, d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. »

Ajoutons que, puisque Mohammed est considéré comme « le sceau des prophètes », le dialogue entre D’ et l’homme est censé être rompu – de fait, confisqué par le livre. Et dans cette forme qui se dit ultime, il n’est même plus dialogue, mais proclamation unilatérale. Selon ces dogmes, comment un musulman pourrait-il dire qu’il entend, au plus profond de lui-même, une voix qui lui souffle que l’anéantissement des infidèles serait un crime ? D’ a été condamné au silence, et l’homme hésite à dresser sa seule conscience ou sa raison contre des ordres supposés divins.

Voilà la « religion de fer », la « cage du licite et de l’illicite » qui « entrave tout choix de vie personnel ». Une anesthésie de l’humanité au profit de l’obéissance, une approche de la religion qui en fait avant tout non pas un chemin spirituel mais une autorité normative. « C’est la volonté de D’ », variante du célèbre « je n’ai fait qu’obéir aux ordres ».

« Le bon chemin s’est distingué de l’égarement », à de nombreuses reprises le Coraninsiste sur « l’évidence » de son message, rejetant ainsi tout questionnement avant même qu’il surgisse (voir L’action psychologique dans le Coran de Dominique et Marie-Thérèse Urvoy). Selon ses propres principes, le livre sacré ne saurait être débattu. Le refuser, c’est refuser l’évidence, ce qui n’est pas libre opinion mais négation de faits et peut donc légitimement être interdit. Et on se retrouve à vouloir imposer l’islam et la charia en traitant toute altérité comme au mieux une erreur, au pire un mensonge.

Ce qui favorise peut-être l’expansion territoriale d’une aire culturelle, mais se fait en réalité au détriment de la religion elle-même, dès lors que l’on veut voire en elle autre chose qu’un simple phénomène social, dès lors qu’on la considère comme un élan intérieur et pas uniquement un ensemble de prescriptions. Il faut se méfier de la soumission intellectuelle à de prétendues évidences : croire à l’existence d’une personne n’est absolument pas la même chose que de croire en elle, fut-elle une divinité. Le « saut dans la foi » et l’engagement ne sont possibles que s’ils sont libres, et ni le conformisme social, ni le refus lâche ou paresseux d’exercer son libre-arbitre, ni l’adhésion calculée pour échapper à un châtiment terrestre ou céleste, ne leur sont comparables. La liberté de conscience ne s’oppose pas à la foi ni à la spiritualité, elle les rend possibles.

Rendre la critique possible

Or, de cette part noble des religions, nous avons tous bien besoin. L’islam politique n’est pas le seul danger qui nous guette, loin s’en faut. Face à la chosification des êtres et à la marchandisation du monde, face à l’anomie, à l’asthénie consumériste et à l’égoïsme festif, face aux menaces qui pèsent sur la survie même des écosystèmes de notre planète, l’élan spirituel ne sera pas de trop !

En outre, c’est cette dimension des religions qui peut s’articuler avec la laïcité, l’une et l’autre se renforçant mutuellement, et dans la laïcité, dans l’espace ouvert par la laïcité, où l’absence d’autorité temporelle des religions leur permet de se rencontrer sans se heurter et de débattre. Devant l’aréopage, les dieux n’ordonnent pas et ne se combattent pas, ils argumentent. Athéna elle-même, qui institue le tribunal, vote en dernière et dans cette assemblée ne donne pas à son suffrage plus de poids qu’à celui d’un mortel. A la fin d’ailleurs, les divinités initialement étrangères se voient offrir un culte et une place légitime dans la cité à condition qu’elles lui soient bienveillantes, la défendent et respectent ses lois.

Seules peuvent vivre en paix avec le reste du monde des religions et des civilisations capables de reconnaître le droit à l’existence d’autres croyances et la validité d’autres modes de vie que les leurs – la validité de l’autre ne signifiant pas que tout se vaut, l’existence de plusieurs choix valables ne signifiant pas que tous les choix le soient. Pour l’islam, ce n’est envisageable à long terme qu’à condition de passer de la certitude à la conviction, d’un Coran dicté et incréé à un Coran inspiré et co-créé par D’ et l’homme, ce qui rétablirait la légitimité théologique de l’esprit critique et d’une éthique plus profonde et plus noble que ne l’est la lettre du texte.

L’appel d’Abdennour Bidar

Le défi est immense, mais pas impossible. Hier et aujourd’hui, ici et ailleurs, certains l’ont relevé pour bâtir un « islam des Lumières » qui est surtout un islam de lumière. Omar Khayyam, Hamadi Redissi, Henda Ayari, Mohammed Arkoun, Irshad Manji, Leïla Babès et tant d’autres, tout particulièrement Abdennour Bidar pour l’authentique éclat spirituel de son islam sans soumission, et Yadh Ben Achour pour l’herméneutique exigeante le conduisant à sa Deuxième Fâtiha. Si ces réformateurs parviennent à emporter l’adhésion d’une majorité de leurs coreligionnaires, si leur islam devient l’islam, ils auront accompli pour la paix de ce monde une œuvre grandiose. Mais ceci ne peut venir que des musulmans eux-mêmes, individuellement et collectivement, et ne saurait d’aucune manière leur être imposé.

Les autres, non-musulmans de toutes croyances, incroyances, doutes ou incertitudes, ne sommes pas pour autant des spectateurs impuissants. Partout où nous sommes, et déjà en France, nous pouvons protéger ceux qui ont le courage et la clairvoyance d’œuvrer « à produire une philosophie critique de l’islam, une pensée qui nourrisse en chacun les questions spirituelles aussi bien que l’appartenance citoyenne. » Protéger leur sécurité, leur liberté, et leur liberté de réfléchir, de travailler, de s’exprimer et de publier – et leur donner les espaces nécessaires pour le faire ! Nous le pouvons, et nous le devons. C’est une obligation morale en même temps qu’un impératif stratégique. Il est grand temps de répondre à l’appel d’Abdennour Bidar : « à la place de ces grandes tapes dans le dos sur le mode « bravo pour votre courage, c’est remarquable ce que vous faites », j’aimerais que nos idées, nos livres, nos recherches, nos propositions pour une mutation de l’islam hors de ses immobilismes et régressions trouvent les espaces universitaires, médiatiques et autres nécessaires pour se faire entendre. »

Les accommodements sont toujours déraisonnables

Ce n’est pas tout. Ce que nous pouvons imposer, ce que nous devons imposer, ce sont des règles claires pour tous les groupes religieux, culturels ou politiques – pas seulement l’islam – qui veulent exister sur le territoire de la République. Qu’une construction intellectuelle et un ensemble de comportements se disent religion ne leur donne pas d’exemption.

Ils doivent, en particulier, reconnaître pleinement et défendre la liberté de penser et la liberté de conscience. La liberté de religion, et la liberté vis-à-vis des religions, y compris le droit à l’apostasie, à la critique donc au blasphème, au polythéisme et au monothéisme, à l’agnosticisme et à l’athéisme. Nulle exception à cette règle, nul accommodement, il faut l’imposer à tous, par des sanctions pénales et l’interdiction des groupes concernés en cas de manquement, au moyen de la force publique dès que nécessaire.

Là encore, c’est à la fois une exigence éthique et une nécessité stratégique. Pour les croyants de toutes les confessions, c’est a fortiori un devoir, car sans cela c’est le nom même de D’ – ou des dieux – qui cessera d’être un appel vers ce que l’homme a de plus grand et deviendra un symbole d’enfermement intellectuel et moral. Le totalitarisme religieux est le pire des blasphèmes.

Source www.causeur.fr

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