Comment le Hezbollah a pris le contrôle officieux du Liban

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Le mouvement islamiste chiite a placé au fil des années ses pions au sein du gouvernement libanais, développé ses propres milices, et pris le contrôle de nombreux quartiers au point de devenir un État dans l’État.

L’ENQUÊTE DU 8HSaad Hariri sera de retour d’ici mercredi au Liban, mais pour autant la crise est loin d’être réglée. En annonçant sa démission début novembre, le Premier ministre a invoqué la « mainmise » du Hezbollah sur le pays. Un argument repris par la Ligue des États arabes réunie dimanche, qui y voit l’instrument de l’ingérence de l’ennemi iranien. Le Hezbollah est à l’origine un mouvement chiite de résistance créé contre Israël en 1982 et basé au Liban. Il s’agit désormais d’une composante incontournable du pays. Si la stabilité politique du Liban repose sur un équilibre fragile entre communautés, le pays penche totalement en faveur du Hezbollah.

Mainmise sur la vie politique. C’est un mouvement faiseur de roi, car c’est le Hezbollah qui a fait élire le président Michel Aoun en 2016. Au gouvernement, il bénéficie de deux ministères, mais avec ses alliés, il en contrôle les deux tiers. Rien ne se fait, rien ne se décide sans lui. Le Hezbollah a aussi les mains libres dans certains quartiers, majoritairement chiites, et notamment dans la banlieue sud de Beyrouth où il dispose de son propre service d’ordre. L’idéologie islamiste du Hezbollah se fondant sur les doctrines de l’ayatollah Khomeini, l’Iran est devenu le principal soutien financier du groupe, qu’il fournit également en armes.

« La raison iranienne a gagné ». Le Hezbollah forme donc un Etat dans l’Etat, qui a progressivement gagné en puissance dans toute la région, en jouant généralement ses cartes en solo. « Les ministres vont de leur propre chef, en Syrie, engager des négociations sans aucun accord gouvernemental, au détriment de la souveraineté nationale », relève auprès d’Europe 1 Sami Nader, le directeur de l’Institut du Levant pour les affaires stratégiques. « C’est une diplomatie parallèle, une armée parallèle, et ça veut dire que c’est l’Iran qui contrôle le Liban. La raison iranienne a gagné ». Une mainmise qui agace particulièrement les Saoudiens, ennemis historiques de l’Iran, et qui n’ont guère goûté l’impuissance de Saad Hariri, lui-même d’origine saoudienne, à contrebalancer l’influence du Hezbollah.

Dire que nous sommes un bras iranien, ce sont des accusations irréalistes
SADEK NABOULSI

Intervention en Syrie. Le Hezbollah s’est également militairement impliqué en Syrie. Avec un argument : celui d’une défense que l’Etat n’aurait pas les moyens de mener. « C’est parce que l’Etat n’était pas capable de défendre la stabilité et la sécurité du Liban, que le Hezbollah a pris à sa charge la mission d’aller en Syrie », justifie auprès d’Europe 1 le Cheikh Sadek Naboulsi, un cadre religieux très proche du Hezbollah. « Dire que nous sommes un bras iranien, ce sont des accusations irréalistes. Le Hezbollah protège le Liban, en premier lieu », balaye encore ce responsable.

Et ce discours se retrouve également dans la bouche des habitants des quartiers chiites, qui soutiennent massivement cette branche armée, seule protection disent-ils, contre leurs deux ennemis : Daech et Israël.

Source www.europe1.fr

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