La longue histoire des Juifs du Kurdistan

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On savait déjà que les Peshmergas, combattants kurdes, qui sont le rempart le plus déterminé contre la menace du Califat, sont soutenus par Israël. Ce que l’on sait moins, c’est qu’une importante communauté juive vivait depuis des siècles au Kurdistan.

De nos jours, les Juifs kurdes ont quitté leur terreau ancestral essentiellement pour Israël où la quasi totalité des 130 000 membres de la communauté juive kurde est désormais installée. Retour sur une histoire millénaire.

Les historiens s’accordent en général à penser que les Juifs kurdes descendent des fameuses  « tribus perdues » expulsées du royaume d’Israël après la conquête assyrienne au VIIIe siècle avant l’ère actuelle. En 586, date de la destruction du Premier Temple de Jérusalem par Nabuchodonosor selon les historiens (la date selon le calendrier juif est différente !), d’autres Juifs quittent la Terre d’Israël pour le Kurdistan.

Le monde occidental a commencé à entendre parler de ces Juifs du bout du monde quand de grands voyageurs juifs et des émissaires religieux ont pu aller à leur rencontre. Tous décrivent avec étonnement ces milliers de Juifs parlant des langues proches de l’araméen avec des ajouts de persan, de turc, de kurde, d’arabe et d’hébreu et pratiquant des fêtes et cérémonies très spécifiques comme la « saharana », hommage à la nature et à la création, avec un répertoire musical particulièrement original.

Avant les premières vagues de départ pour Israël, on dénombrait 146 communautés juives kurdes en Irak, 24 en Turquie et 19 en Iran.

Dans ces communautés généralement dirigées par un « ‘hakham » assisté d’un comité de sept sages, fonctionnaient notamment des synagogues et un système d’abattage rituel.

Entre le XIe siècle et le début du XIVe, sous l’autorité des Seldjoukides, les Juifs kurdes vivent dans une relative tranquillité.

Avec la conquête de Bagdad par Soliman le Magnifique en 1534, la situation des Juifs kurdes va commencer à se gâter. Avant même la création de l’État d’Israël, des villages kurdes entiers font leur alya. Ils sont 90 000 en Palestine mandataire en 1939 dont plus de 4 000 à Jérusalem. En 1941, la révolte irakienne pro-nazie de Rachid Ali et les persécutions antijuives qui s’ensuivent vont pousser d’autres Juifs kurdes à rejoindre la terre d’Israël. Avec la création de l’État juif les choses empirent. Au début des années cinquante, la fameuse opération « Ezra et Néhémie » permet le transfert en Israël de la quasi totalité des Juifs irakiens en général et kurdes en particulier.

Nombreux sont les Juifs kurdes qui ont réussi comme l’ancien ministre de la défense Yitzhak Mordekhaï. Une curiosité : le nom de Mustafa Barzani, chef légendaire de la révolte kurde et de son fils Massoud, qui dirige aujourd’hui le Kurdistan d’Irak et la lutte contre Daech, est aussi celui de l’une des lignées de rabbins qui s’est illustrée au Kurdistan depuis le XVIIe siècle, tels Nathanaël Barzani et son fils, Samuel.

On n’oubliera pas non plus les sites juifs importants qui se trouvent au Kurdistan : le tombeau de Nahum à Alikush, celui de Jonas à Nabi Yunis (Ninive) et celui de Daniel à Kirkuk.

Á la faveur du récent référendum, les Juifs kurdes ont droit, eux aussi, aux feux de l’actualité.

Source www.actuj.com

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