Sammy Gozlan : La Cour suprême d’Israël, juge ou gouvernante ?

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Sammy Ghozlan (photo Actu J)

Président du Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme

Vice Président du Consistoire

 

Comme le Beth Hamikdach

Il y quelques années en ma qualité de Président de l’Union des Conseil des Communautés Juives de l’Ile de France, et de Président du CCJ 93, j’ai organisé avec le secrétaire général de l’UCCJIF, M. Albert Myara, et le Président du CCJ 94 M. André Benayoun, un voyage d’élus, en Israël, maires, députés , sénateurs. Pour la première fois, une délégation de 15 élus communistes y participait, ce qui a permis de mettre en place un partenariat déconcentré (jumelage) entre le Conseil Général du 93 et la Ville d’Akko.

Dans le programme, mis en place par Albert Myara, figurait la visite de la Cour Suprême d’Israël à Jérusalem. Ainsi notre guide s’est employé à nous décrire ce haut tribunal. Tout au long de sa présentation on pouvait avoir le sentiment que le guide, très compétent, très informé, très documenté, nous décrivait ce haut lieu de la justice israélienne comme s’il s’agissait du grand Temple de Jérusalem, le Beth Hamikdash.

Le pouvoir absolu des juges

Israël est une démocratie et toute démocratie repose sur trois piliers importants qui sont les trois pouvoirs qui la constituent, et se partagent la direction de la gouvernance du pays : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire

Le pouvoir exécutif propose les lois, le pouvoir législatif sur l’assemblée nationale et autres,  et sur le pouvoir judiciaire les fait appliquer.

Pour assurer un bon fonctionnement, les juges doivent être libres et indépendants. Or  le problème en Israël c’est que justice a pratiquement fait un coup d’Etat et devient non plus la cour de justice suprême mais le pouvoir suprême ! La République d’Israël n’a pas de Constitution. Alors ce sont les juges de cette haute instance qui décident de la constitutionnalité des lois.

Ils se sont emparés du pouvoir à tel point qu’ils s’impliquent à la fois dans le politique, le religieux et même le militaire, intervenant dans les décisions sécuritaires. Les exemples ne manquent pas. Les membres du gouvernement, les élus de la Knesset, les chefs d’Etat major craignent les décisions des juges qui font et défont les lois en vigueur.

Ce sont ces juges qui obligent Tsahal à quitter le camp dans lequel une unité avait décidé de s’installer. Ce sont eux qui décident si les armes doivent ou non être utilisées contre l’ennemi, ou empêchent la destruction de la maison d’un terroriste.

Les hommes politiques les craignent. Ceux qui se sont opposés au décisions des juges ou les contestent se voient déchus et remplacés. La Cour suprême exerce un pouvoir absolu sans contrôle possible. Contrairement à une démocratie qui se respecte, elle contrevient à la volonté du peuple. Les juges tiennent à la fois les commandes du pouvoir temporel, du pouvoir  séculier et du pouvoir régulier. Ils sont perçus comme étant ceux qui génèrent une entrave à la liberté, à la défense et à la sécurité de la nation. Ils nuiraient à l’équilibre social  israélien.

Des juges pour laïciser la société israélienne

Alors nombreux sont aujourd’hui ceux qui, israéliens ou Juifs de la diaspora,  se demandent à quoi bon faire  dépenser des millions de shekels pour organiser des élections, pourquoi devoir voter pour un Premier Ministre et des députés puisqu’en qu’en dernier recours c’est la volonté du juge de la Cour suprême qui s’impose sans discussion possible.

Ils observent surtout que les juges veulent supplanter l’influence des tribunaux rabbiniques. Ainsi le juges interviennent dans le mariage et le divorce religieux, les conversions, la cacherouth, le partage de l’esplanade du Kotel avec les femmes, et la possibilité pour elles d’enfreindre la Halakha : prier devant le Mur au côtés des hommes, se vêtir d’un châle de prière (talith) et mettre des phylactères (tefilin), etc,

Ils décident de l’ouverture de grandes surfaces le Chabbath, et j’en passe. Ils dépassent les  limites de leurs compétences.

Leur but est clair : marginaliser les tribunaux rabbiniques, les dominer, les affaiblir, les remplacer. En visant les orthodoxes, ils affectent  le judaisme dans son essence, et atteignent également les juifs traditionnalistes, d’Israël ou de la diaspora .

Le nouveau modèle français : la loi antiterroriste

Les juges israéliens sont tout puissants. C’est tout le contraire de ce qui se passe en France où le parlement vient d’adopter la loi antiterroriste qui transfère au pouvoir exécutif les pouvoirs des juges, tout au moins durant la période d’état d’urgence est décrété.

Désormais en cette France menacée par la terreur islamiste et en guerre contre Daesh, les militaires et les policiers défendent et protègent les citoyens en général et les Juifs orthodoxes en particulier. Ils patrouillent devant les écoles, les synagogues et les gardent qu’elles soient consistoriales ou ultra-orthodoxes .

Cette loi sécuritaire, adoptée par le parlement et décidée par le gouvernement, permet aux préfets de fermer les mosquées douteuses, à la police d’effectuer des perquisitions et d’accentuer les contrôles d’identité et les fouilles, à toute heure du jour ou de la nuit. Elle autorise l’administration à mettre en résidence surveillée toute personne suspecte

Israël qui est en état de guerre permanente devrait adopter ces mesures préventives, restreindre le pouvoir dont les juges se sont appropriés et le transférer à l’armée la police au gouvernement

Les ultra-orthodoxes et l’armée : le faux prétexte du principe d’égalité

Les juges en question s’emploient en fait à laïciser l’Etat juif par tous les moyens que leur octroie le pouvoir judiciaire. Ils prétendent le faire au principe de l’égalité pour tous. Et c’est au nom de ce principe que les neuf juges de la Cour suprême annulent l’amendement à la loi levant ainsi l’exemption des Juifs ultra-orthodoxes de service militaire.

Les partis ultra-orthodoxes du gouvernement de Benjamin Netanyaou ont fait part de leur mécontentement.

Comme je le spécifiais plus haut, ils prétendent que cet amendement spécifique aux ultra orthodoxes, violait le principe de l’égalité ».

Soit, nous en prenons acte. Madame Tsipi Livni s’est insinuée dans ce débat, exprime sa joie et se fend du tweet suivant : « Égalité Messieurs ! Service militaire, national, civique pour tous, sans exception ni entourloupe. Vous pouvez très bien préserver votre monde des Yechivoth sans imposer vos exemptions à tous ».

Le ministre Avigdor Liberman se range du côté des juges alors que curieusement Ofer Bronstein, président du Forum pour la Paix, adepte de Shalom Akchav, déclare que la Cour suprême , se trompe, abuse ,commet une erreur et va à l’encontre des engagements pris par les gouvernements d’Israël depuis la création de l’Etat. Selon lui,le statu quo est plutôt satisfaisant et devrait être respecté et maintenu.

En effet, pourquoi aujourd’hui vouloir enrôler de force les jeunes orthodoxes, étudiants des universités religieuses, alors que le temps du service est appelé à être raccourci ? Pourquoi la Cour suprême s’acharne-t-elle ainsi alors aussi que les armées modernes sont des armées qui utilisent moins les fantassins que  les technologies avancées, les armements sophistiqués, télécommandés, la robotique .

Egalité pour tous les citoyens israéliens, se targue Yair Lapid, président du parti Yesh Atid. « Les valeurs l’ont emporté aujourd’hui. L’esprit de l’armée l’a emporté aujourd’hui », a-t-il dit pendant une conférence de presse à Tel Aviv. « Nous avons commencé à changer le jeu. C’est pour cela que nous sommes entrés en politique. »

De quelles valeurs parle-t-il . Pourquoi agresser plus encore la communauté orthodoxe qui contribue à maintenir le caractère juif de l’Etat d’Israël .N’y aurait il pas dans ce programme une intention perverse destinée à ralentir la croissance démographique la communauté ‘harédi en diminuant les naissances ? Ce qui se ferait au profit de la communauté arabe.

L’égalité, c’est aussi enrôler les citoyens arabes israéliens

Ceux qui prônent le principe d’égalité doivent aller jusqu’au bout de leur engagement. Les arabes israéliens ont les mêmes droits que tous les autres israéliens, mais n’exercent pas les mêmes devoirs. Il faut réclamer pour eux aussi le service militaire, adapté mais effectif.

Pendant que les jeunes juifs donnent 3 ans de leur adolescence à l’Etat, abandonnant leur famille, leurs études, leurs rêves, etc., les arabes israéliens du même âge peuvent eux poursuivre leurs études universitaires et même travailler. Ils deviennent pharmaciens, médecins, avocats. La plupart occupent des postes d’infirmières ou de vendeurs dans les pharmacies des Koupoth ‘holim ou des officines privées. Ils peuvent se marier et avoir des enfants .

Certains me rétorqueront qu’intégrer les citoyens arabes israéliens n’est pas prudent, et risqué pour plusieurs raisons.

J’affirme le contraire car de mon point de vue, ils apprendront à servir la nation qui les protège et leur permet d’évoluer se faire soigner et se développer librement comme jamais ils n’auraient pu le faire sous domination arabe ou musulmane .Certains voudront se soustraire à ce service national parce qu’ils seraient animés par la haine de l’Etat juif, ou inquiétés par la crainte ou les menaces de représailles que pourraient faire peser sur eux certains de leur coreligionnaires. Alors ceux-là  quitteront d’eux-mêmes le pays. Déserteurs, Israël pourra les déchoir de la nationalité israélienne et les expulser.

J’en conclus  que ne pas  impliquer les citoyens arabes dans cette volonté d’égalité entre tous les israéliens constitue une mesure discriminatoire à l’endroit des seuls juifs orthodoxes (NDLR : Ceci est du reste ce que déclare également le… Ministre de la Défense, Liebermann, considérant lui aussi qu’il faut enrôler les arabes israéliens à titre d’égalité dans les devoirs – et ne pas juste leur accorder les avantages sociaux).

En matière d’intégration des soldats de différentes couleurs, origines ou religions, dans son armée, la France reste le modèle à suivre et imiter. L’armée française a su encadrer des corps entiers qui ont fidèlement servi le pays, lors des guerres mondiales ou les événements d’Algérie. On se souvient du corps des valeureux Spahis, des courageux sénégalais, des fidèles  Harkis, ou encore des recrues de la légion étrangère .Tous ont  servi sous les couleurs de l’armée française et tous ont combattu bravement pour défendre la nation .

Si l’on considère que es arabes israéliens sont des citoyens à part entière ,ils devront le démontrer et s’enrôler pour défendre leur pays contre ses ennemis et le servir scrupuleusement

Il appartient aux gouvernants et non aux juges de trouver les solutions convenables, satisfaisantes et acceptables par tous, Il est urgent de maintenir un équilibre social entre toutes les communautés du pays .Une partie de la société israélienne est devenue néo-sioniste, une autre rejette le judaisme, transgresse ses lois et une forte composante regroupe ces nombreux israéliens qui ignorent même qu’ils sont juifs. N’est-ce pas là le « talon d’Achille » d’Israël ?

Moralité : Les juifs orthodoxes sont la vitrine positive de l’Etat juif, ils constituent les racines et le tronc d’un arbre dont les fruits, témoins de la persistance du peuple juif, doivent pouvoir grandir, se nourrir à la source du Talmud, et se multiplier sans aucune entrave. Ni les juges ni les gouvernants d’Israël ne devraient plus jamais chercher à porter atteinte à cet héritage exceptionnel.

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