Comme d’autres secteurs, la police, la gendarmerie et l’armée n’échappent pas aux cas de radicalisation dans leurs rangs.
Alors qu’un policier du Kremlin-Bicêtre a été arrêté le 27 juin dernier pour « association de malfaiteurs » et « escroquerie » en lien avec une entreprise terroriste, l’interrogation autour du phénomène de radicalisation au sein des forces de sécurité refait surface. Car la police et l’armée, secteurs de recrutement stratégique pour Daesh (accès aux fichiers confidentiels, formation, etc.), ne sont pas épargnées par ce fléau, bien qu’il demeure marginal. Et si les autorités communiquent peu sur ce sujet, quelques chiffres et cas précis permettent de rendre compte de la situation.
17 cas dans la police à Paris entre 2012 et 2015
Une note de la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) datée du 9 décembre 2015 a eu pour ambition de cerner un phénomène qui « a connu une accélération en 2014 », expliquaient les journalistes Christophe Dubois et Eric Pelletier, auteurs de Où sont passés nos espions?. Au total, le rapport a recensé 17 cas de radicalisation dans la police parisienne entre 2012 et 2015. Essentiellement des « jeunes, entrés dans la police au milieu des années 2000 ».
Parmi les « comportements de transgression du principe de laïcité » cités par Le Parisien, un gardien de la paix s’arrêtant d’écouter les chants religieux en patrouille pour aller acheter des burqas à sa femme, une agent de surveillance se présentant en hijab et refusant sa visite médicale ou encore une policière qui explique sur les réseaux sociaux qu’ »à la place des terroristes », elle aurait « fait péter l’Élysée et tous les enc… qui y bossent ». Il reste toutefois important de rappeler que ce phénomène n’est que marginal, la préfecture de police de Paris comptant au total 27.000 fonctionnaires.
Du côté de la gendarmerie, une dizaine de cas de radicalisation ont été repérés sur 125.000 personnes. En septembre dernier, le directeur général de la gendarmerie nationale, le général Lizurey, affirmait sur RTL que plusieurs candidats présentant des profils de personnes radicalisées avaient déjà été récusés lors des procédures de recrutement.
L’armée également impactée
L’armée semble un peu plus touchée. Un rapport d’information de la commission défense de l’Assemblée nationale daté du 22 juin 2016 indiquait qu’une cinquantaine de cas étaient suivis « en priorité » dans les rangs de l’armée tricolore. La note préconisait alors d’accroître la vigilance au moment du recrutement des soldats.
Et pour cause, un « certain nombre de jihadistes pourraient avoir un intérêt à rejoindre l’armée française pour se former », expliquait le général Dominique Trinquand, expert des questions de sécurité militaire, sur notre antenne. Récemment, c’est un ancien militaire d’Évreux qui a été écroué car suspecté d’avoir envisagé un projet d’attentat. Outre ces « loups solitaires », on estime à une dizaine le nombre de soldats partis faire le jihad en Syrie. Pour l’ensemble des ministères régaliens – Défense, Intérieur et Justice – une centaine de cas de radicalisation sont recensés.
Depuis janvier 2016, c’est toute la fonction publique qui est concernée par un large plan visant à détecter tout signe de radicalisation. À l’initiative de l’ancienne ministre Marylise Lebranchu, le déploiement de déontologues a été ajouté dans la loi « Déontologie, droits et obligations des fonctionnaires ». Des déontologues dont le rôle est de former les fonctionnaires et d’être capables de repérer un agent en voie de radicalisation dans les hôpitaux, les écoles, les préfectures, la police, etc.