Juin 2017, Israël célèbre les 50 ans de sa victoire lors de la Guerre des Six Jours, une véritable blitzkrieg – pour faire plaisir aux nostalgiques – qui a catapulté l’Israélien du statut de Juif rescapé des camps de la mort à celui d’un guerrier « sûr de lui et dominateur ».
Pour l’occasion, France-Culture a commis, le 5 juin dernier, l’émission « Les enjeux internationaux » sous le titre presque impartial « Israël-Palestine, tragique anniversaire : cinquante ans de territoires occupés ».
Si vous voulez vous épargner 10 minutes d’émission anti-israélienne, le titre suffira à combler votre curiosité. Pour les autres, tant la présentation de l’émission que l’interview de l’invité Jean-Paul Chagnollaud réussissent le prodige d’évoquer « 50 années d’occupation systématique et de domination israélienne » en omettant de rappeler, notamment, que de 1949 à 1967 la Judée-Samarie avait été occupée militairement puis annexée par la Jordanie, les synagogues de Jérusalem-Est saccagées, le Kotel (le Mur des Lamentations) utilisé comme urinoir public, les pierres tombales arrachées au cimetière du Mont des Oliviers pour paver les routes, 34 lieux de cultes juifs sur les 35 que comptait la vieille ville avaient été laissés à l’abandon ou détruits et que Gaza subissait le même sort par l’Egypte sans que cela n’indigne qui que ce soit.
En outre, le texte introductif de l’émission ne pouvait évidemment pas se terminer sans l’immanquable parallèle avec l’Afrique du Sud et sa politique d’Apartheid.
Voilà pour la neutralité du service public.
Enfin ! La solution au conflit israélo-palestinien
A l’écoute de ce morceau d’objectivité historique, on apprend que pendant l’une des séquences du conflit israélo-palestinien, justement de 1948 à 1967, « ce conflit n’était pas un conflit israélo-palestinien, on le voyait surtout comme un conflit israélo-arabe, les palestiniens avaient comme disparu de l’Histoire ». Probablement parce que jusqu’en 1964 et la création de l’OLP au Caire par l’égyptien Yasser Arafat, et surtout jusqu’à la guerre des Six Jours trois ans plus tard, la majorité des palestiniens se considéraient soit comme syriens soit comme jordaniens et ne prétendaient à aucune revendication territoriale.
En septembre 1970, Hussein de Jordanie punira dans le sang les tentatives de coups d’Etat de l’OLP. Entre 2000 et 3000 fedayins seront tués. Depuis les palestiniens se sentent un peu moins jordaniens.
J.P Chagnollaud conclue en donnant la solution au conflit israélo-palestinien : qu’Israël accepte le plan de paix de la Ligue arabe. C’est-à-dire qu’elle accepte un Etat Palestinien. C’est pourtant une idée de génie à laquelle les israéliens, et avant eux les représentants de l’Agence Juive, n’avaient jamais pensé. Sauf peut-être en 1937 avec le plan Peel, en 1948 avec le partage de la Palestine mandataire et la résolution 181, en 1978 dans le cadre des accords de Camp David, en 2000 avec la proposition d’Ehud Barak, en 2008 avec la proposition d’Ehud Olmert. A chacune de ces occasions le refus a été opposé par la Ligue arabe puis l’OLP et plus récemment l’AP.
L’autre version
Mais il serait injuste de faire porter sur Radio-France l’exclusivité de la caricature anti-israélienne alors que Libération avait publié la veille un article intitulé « 6 jours de guerre, 50 ans de domination ». Sous la plume de l’inénarrable Nissim Behar, dont l’objectivité est louée par l’Association France Palestine Solidarité jusqu’à reprendre régulièrement ses articles sur son site internet, Libération dépeint Israël comme une puissance occupante, colonisatrice, s’enfermant dans l’immoralité, asservissant les palestiniens et ne leur laissant qu’indifférence quand ce n’est pas du mépris.
C’est une façon de voir les choses. Une autre serait de considérer que depuis 1949 la Jordanie occupait la Judée-Samarie et Jérusalem-Est, la Vieille ville, le Mur occidental du Temple, le Mont Scopus qui sont des lieux historiquement juifs, tout comme ‘Hévron, Jéricho, Massada…, que le roi Hussein a déclenché et perdu les hostilités contre Israël qui a, elle, repris ces territoires. La victoire israélienne ne serait alors pas synonyme d’occupation mais, au contraire, de libération.
Cette victoire était aussi la garantie de la survie de l’Etat d’Israël.
France-Culture et la neutralité du service public
En 1948, attaquée par 5 armées arabes, Israël avait failli ne jamais exister. Depuis lors, les infiltrations de fedayins étaient incessantes faisant de nombreux morts parmi les civils israéliens. La Syrie bombardait régulièrement la Galilée depuis les hauteurs du Golan. En 1964, les pays de la Ligue arabe tentaient de détourner l’eau du Jourdain pour assécher Israël. Les mois précédant la Guerre des Six Jours, les capitales arabes appelaient régulièrement et officiellement à la destruction d’Israël et l’extermination des Juifs. En mai 1967, Nasser expulsait les casques bleus stationnés dans le Sinaï ne laissant aucune force d’interposition avec Israël. L’Egypte déjà alliée à la Syrie signait en outre un pacte avec la Libye, l’Algérie, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, la Tunisie, le Soudan, l’Irak et le Maroc, pas moins, lesquels envoyèrent tous des contingents militaires. L’Egypte amassait ses troupes dans le Sinaï et imposait le blocus du détroit de Tiran. Trois jours avant le début des hostilités, De Gaulle imposait un embargo sur les armes à destination d’Israël.
Si Israël n’avait pas gagné cette guerre, la carte du Moyen-Orient aurait été modifiée et ressemblerait aujourd’hui à celle mise en ligne – puis curieusement retirée – le 5 juin dernier par l’AFP. Un Moyen-Orient enfin débarrassé d’Israël.
Puisqu’on vous dit que le service public est neutre…
Par Oudy Bloch
Source Coolamnews.com