A l’approche des élections législatives françaises, 2e tour, du 18 juin : interview de Méïr Habib

A la Knesset, aux côtés de Yossi Setboun, dans le cadre du lobby parlementaire francophone

Interview exclusive du député Méïr ‘Habib

Membre d’une famille juive fort connue en France en particulier par son père, Emmanuel Habib, fondateur de la première société de fabrication de vins cachers, « Habib frères », à la fin des années 1950, et par son oncle, Elie « Lolo » Habib, très investi dans l’action sociale en faveur de la jeunesse, il est candidat aux nouvelles élections imminentes. Nous avons profité de son passage en Erets Israëlpour lui poser quelques questions.

D’abord, comment comprenez-vous ce qui s’est passé aux élections présidentielles ?

Pour ma part, je pensais que le mieux pour la France était François Fillon, pour l’économie, contre l’islam radical. Pour des questions qui n’ont rien à voir avec la campagne, il a été éliminé au 1^er tour, et sans la moindre hésitation, j’ai appelé à voter Macron, contre Le Pen, au deuxième tour. Je voulais casser le mythe selon lequel les Juifs votent Le Pen. En Israël, les gens ont totalement refusé de voter en la faveur de cette dernière, et, au premier tour, Fillon a obtenu ici son meilleur score.

Mais voilà, Macron est président, et j’affirme qu’on peut parfaitement travailler avec lui. Toutefois il faudra un bloc très fort, de droite, pour pouvoir le faire.

Et c’est bon pour les Juifs ? Tant de France, que d’Erets Israël ? 

Il est très difficile de répondre à cette question. On trouve chez lui des choses très positives, et d’autres moins : il a parlé du fait que la colonisation était un crime contre l’humanité, par exemple. Ou encore ce qu’il a dit sur les écoles juives, où l’on étudie trop de Tora ! Pour ma part, aucun doute que les écoles juives en France ont les meilleurs résultats aux examens – sans oublier que c’est la Tora qui a conservé le peuple juif tout au long de son histoire. Je n’ai pas eu honte de le dire à l’Assemblée nationale : c’est la Tora, le Chabbath, la cacherouth et les mitsvoth qui ont permis la pérennité du peuple juif, et cela sont des éléments que nul ne peut nous contester.

Ceci ne nous empêche pas le respect des règles de la société dans laquelle nous vivons, et nous sommes astreints de nous y plier selon la Halakha, contrairement à ce que font tous ces islamistes qui, de nos jours, forment un nouveau cancer dans la société française.

Mais je pense que Macron est plutôt un ami d’Israël – je le connais personnellement. J’ai même été un des rares hommes de droite à voter en sa faveur –, pour l’instant, il n’est pas encore assez au courant des nuances de la vie publique locale.

Après son élection, il a parlé avec Netanyahou, qui m’en a fait part, et cela s’est bien passé.

J’ai par contre des réticences vis-à-vis de son entourage.

Député de la 8^e circonscription, vous représentez des Français de nombreux pays de la région, dont ceux d’Italie et ceux de Grèce. Que faites-vous pour eux ?

Ce que je fais aussi pour les Français qui habitent en Terre sainte ! Chacun, selon ses besoins : j’ai par exemple fait passer un amendement permettant qu’à partir de 2018 les certificats de vie soient facilités. J’ai aussi beaucoup lutté en faveur des chrétiens d’Orient, et je suis secrétaire du comité de l’Assemblée Nationale qui s’occupe d’eux. Des bourses, la retraite, des aides aux gens…

Mais surtout, bien entendu, que faites-vous pour nous, les Juifs religieux d’origine française habitant en Terre sainte ?

Ce qui peut être fait, et je tente de rétablir l’équilibre quand l’establishment officiel français va contre notre peuple : j’étais écœuré du vote de la France à l’UNESCO, le vote de la Gauche en faveur du ‘Hamas, la réception du président iranien, le Har habayith déclaré lieu musulman, et je l’ai fait savoir.

Et nos problèmes à nous…

Le premier jour de mon élection, j’ai eu un coup de fil du rav Fiszon, pour me parler de la question de la che’hita et de la brith-mila. Cela a été le premier dossier dont je me suis occupé. On a organisé une conversation téléphonique entre le président et le Premier ministre israélien, à la suite de quoi il y a eu un engagement formel que rien ne changerait. Ce, parce que divers groupes écologiques exigeaient que l’on permette l’étourdissement des bêtes avant la che’hita, ce qui va à l’encontre de la Halakha. Problème résolu. Pareil pour la brith–mila. Je suis aussi intervenu pour le problème de regroupement des tombes en Algérie, ou à titre individuel dans de nombreux cas tels que les examens organisés le Chabbath, etc.

Lors de la précédente élection, le monde de la Tora s’est mobilisé en votre faveur, ce qui est tout à fait remarquable. Les Guedolim n’ont pas seulement dit qu’on pouvait voter pour vous, mais qu’il fallait le faire… Comment l’expliquez-vous ?

J’en suis ému aux larmes. Bien sûr je suis chomer Chabbath, mais je ne suis pas ‘harédi, même si j’ai un frère qui est Dayan à Beth El. Et j’étais très touché du fait que le rav Steinmann soit intervenu en ma faveur, disant même qu’il fallait quitter le Kollel pour aller voter. Et je sais pertinemment que, sans cela, je n’aurais pas été élu !

Et pour cette fois-ci, qu’en sera-t-il ?

Aucun doute qu’il est plus qu’important que le maximum de gens aille voter. Seuls 10% des inscrits sur les listes électorales en Israël sont venus voter, c’est bien peu. Les autres candidats – qui peuvent être franchement antireligieux me l’ont reproché.

Diverses autorités rabbiniques m’ont déjà apporté leur soutien, et il en est de même de la part des Guedolim cette fois-ci, qui disent qu’il faut sortir voter.

Kountrass est particulièrement inquiet du sort des tombes en France, et en Algérie. La situation dans le pays est catastrophique, unique dans le monde ! Où ailleurs peut-on laisser des proches dans leur tombe, et être sûr quelques décennies plus tard qu’ils auront été perturbés dans leur repos “éternel”… Que peut-on faire à votre avis pour que cela cesse ?

Je ne dis jamais qu’on ne peut rien faire.

Je sais à quel point vous œuvrez pour cela, j’en suis témoin. Je sais combien vous mettez toute votre énergie dans le domaine du kevod hameth. On essaie d’agir, mais il y a des lois, les lois de la République…

Bien entendu, et actuellement, cela ne s’arrange sans doute pas. Mais je parle sur le plan humain…

C’est clair : tout mort, d’où qu’il vienne, doit avoir le droit au repos éternel.

Une personne, non-religieuse, appartenant au système politique, a pu dire voici quelques temps qu’Israël est capable, pour récupérer les restes funéraires de deux soldats, de libérer mille terroristes !

C’est clair que c’est un point non-résolu, et il faudra agir.

Mais vous savez : il y a tellement de choses que l’on ne comprend pas dans ce pays qu’est la France. Une femme a été tuée de manière atroce en France voici quelques semaines, défénestrée, et on entendait des cris “Allah hou akhbar”… J’ai fait ajouter un avocat à l’équipe qui défend ce dossier, et j’espère qu’on va avancer dans ce domaine.

Ma devise est : “Pour l’amour de Sion, je ne garderai pas le silence ; pour Jérusalem je n’aurai point de repos” (Yechayahou/Isaïe 62,1), je défends tout ce qui a à voir avec notre peuple et la sainteté, on me le reproche, mais je continue à ne pas me taire.

Il faut que les gens aillent voter, car c’est très important pour tout le monde. On peut avoir une grande influence dans le pays, et cela serait dommage de ne pas avoir la force d’intervenir – parfois dans des domaines les plus discrets.  ●

Les grands dirigeants du monde de la Tora, rav Steinmann, rav Kanievski et rav Gershon Edelstein, ont clairement indiqué qu’il fallait à nouveau aller voter en faveur de M. Méïr Habib.