Macron-Sarkozy : le jeu des ressemblances

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Mimétisme. Gestes, posture, transgressions, vocabulaire… Les rapprochements entre Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy sont nombreux et troublants.

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Ce n’est pas qu’une affaire de gimmicks : «  Pardon de le dire  » (Emmanuel Macron) ; «  Je le dis comme je le pense  » (Nicolas Sarkozy). Aussi étrange que cela puisse paraître, le candidat d’En marche ! apparaît de jour en jour comme le plus sarkozien des politiques. Hâtivement comparé à Valéry Giscard d’Estaing, il s’inscrit pourtant bel et bien dans cette filiation : primat de la volonté politique sur la technicité, déductions logiques, usage de mots étendards, mise en scène du courage physique, promesse de refondation, volonté d’émancipation, tension dans le verbe, appropriations historiques…

«  Je suis venu pour créer les conditions d’une alternative crédible bien au-delà des clivages habituels, qui n’ont plus aucun sens. Nos formations politiques sont caporalisées, centralisées et ne correspondent en rien à ce que les gens ­attendent aujourd’hui  », a déclaré Nicolas Sarkozy en 2014, au moment de son retour en politique, ajoutant vouloir fonder «  une grande formation moderne  » qui ferait la part belle à la société civile. D’aucuns y verront la définition même du mouvement En marche !, créé en 2016. Si les deux hommes, aux options politiques différentes, plaident pour une approche horizontale de l’engagement, ils n’en abandonnent pas pour autant une forme de verticalité, de transcendance, qu’ils érigent en principe de vie. Sarkozy : «  Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la religion, mais la transcendance.  » Macron : «  On a tous besoin de transcendance et il ne faut pas chercher à l’éradiquer. Parce que la chair est triste et qu’il nous faut quelque chose qui nous dépasse.  » Tous deux sont les tenants d’un récit personnel qui porte haut leur propre mérite et qui a pour point d’orgue un acte fondateur, une rupture vis-à-vis d’un leader auquel ils doivent beaucoup. C’est Jacques Chirac pour Nicolas Sarkozy, chiraquien dans le gouvernement Balladur avant la trahison de 1995 ; c’est François Hollande pour Emmanuel Macron – «  Il m’a trahi avec méthode  », dit de lui le président.

Clivage

Une attitude volontariste qui ne peut se faire sans la promesse d’un renouveau et la désignation d’un ennemi, d’une force tentaculaire et omnipotente, qui bride les initiatives et méprise le peuple. Son nom  ? Le «  système  » ou les «  élites  ». «  Parce qu’elle vient contrarier l’ordre établi, parce qu’elle inquiète le système et ceux qui sont tout en haut  » : ainsi le candidat d’En marche !, énarque et ancien banquier, a-t-il présenté son initiative politique. «  Je ne suis pas le candidat d’une petite élite française. Je veux être le candidat du peuple de France  », a clamé l’ancien président de la République, lors de la primaire de la droite. Avant l’établissement de ce processus de désignation, Sarkozy, jadis partisan de l’ouverture, n’hésitait d’ailleurs pas à enterrer le clivage gauche-droite, comme le ferait aujourd’hui Macron. «  Il faut sortir du débat manichéen entre le peuple de gauche et le peuple de droite qui n’a plus aucun sens  », disait-il en 2012. Une vision qui, par conviction ou tactique, se retrouve dans leur rapport à l’histoire de France, n’hésitant pas, l’un et l’autre, à faire fi des mythologies partisanes au moment de convoquer de grandes figures. Jaurès et Camus pour Sarkozy ; Jeanne d’Arc et le général de Gaulle pour Macron.

En 2013, après un cycle de conférences à l’étranger, l’ancien président s’était soudainement emparé de l’idée de progrès, marqueur de la gauche, dissertant sur le sujet devant des parlementaires, à la manière d’un «  marcheur  » : «  Nous avons changé de siècle, nous ne pouvons pas porter une grille de lecture du XXIe siècle avec les idéologies du XXe siècle. Nous sommes le seul pays qui a peur du progrès.  » Dans le même registre, bien qu’étant un européen convaincu, Macron se dit «  profondément patriote  ». Un patriotisme qu’il oppose au nationalisme incarné par la famille Le Pen, que ­Sarkozy et lui se sont toujours enorgueillis d’affronter en débat, quand tant d’autres passent leur tour. Leur rapport au peuple est charnel, tactile, «  amoureux  », et aucun des deux ne dirait, à la manière de François Fillon à ses électeurs : «  Je ne vous demande pas de m’aimer.  »

D’un point de vue rétinien, certains vont jusqu’à leur trouver de petites ressemblances physiques – front, pointe du nez, sourcils… – et quelques tics en commun…

Source www.lepoint.fr

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