Leurs ancêtres se tenaient aux côtés des bourreaux, mais les membres du mouvement de la « Marche de la Vie », descendants de nazis, brandissent aujourd’hui des drapeaux israéliens et s’opposent à l’antisémitisme.
A l’occasion lundi du Jour du souvenir national de la Shoah en Israël, le mouvement est à nouveau descendu dans les rues allemandes pour une marche de solidarité à Leipzig.
Les participants s’engagent à lever le voile sur le silence qui persiste chez de nombreuses familles.
Beaucoup peinent encore à affronter leur passé, et l’organisation appelle à des marches commémoratives et de réconciliation avec les descendants des nazis partout dans le monde.
Depuis sa fondation en 2007, le mouvement a été impliqué dans plus de 300 marches dans 14 pays.
Ses activités comprennent également des séminaires pédagogiques sur l’organisation des marches ou encore la recherche d’histoire familiale en rapport avec la Shoah.
Stefan Hass, membre de l’organisation, a déclaré à i24NEWS que tout en recherchant « sa propre histoire familiale, il a découvert que son arrière grand-père était photographe du parti nazi. Il a également participé à des massacres en tant que soldat Wehrmacht vers la Russie. Il y a eu un silence total sur la Shoah pendant des décennies, mais dans les années 70-80, le processus a commencé et je me souviens en tant qu’adolescent de la façon dont nous avions commencé à en parler dans les écoles, dans les médias et dans les églises », a expliqué M.Hass à i24NEWS.
« J’ai eu l’impression que nous avions affaire à un chapitre des livres d’histoire et ce n’est que plus tard que je me suis rendu compte que je suis né seulement 20 ans après cette tragédie », a-t-il ajouté.
« Nous avons effectué beaucoup de travaux en Allemagne, mais nous n’en avons jamais parlé au niveau personnel. Nous n’avons pas demandé et nos ancêtres n’en parlaient pas », a-t-il poursuivi.
« Le silence a des visages différents: l’un est qu’en Allemagne, ils ont gardé l’image vivante que les soldats de la Wehrmacht étaient des soldats normaux et que les actes terribles n’étaient commis que par les SS et les SA. C’est ainsi qu’ils voulaient sauver leur honneur mais cette image est erronée », a-t-il lancé.
« Il y a une histoire commune parmi les membres », fait part Annika Kempel, une autre participante à i24NEWS.
« J’ai constaté que ce n’est pas seulement chez ma famille mais c’est aussi en moi. J’étais fier de la médaille que mon grand-père avait de la Wehrmacht, qu’il risquait sa vie pour ses camarades. Mais j’ai compris plus tard qu’ il a risqué sa vie pour prendre la vie d’autrui et pour tuer des familles et des enfants. »
« Il a consacré sa vie à des crimes de guerre et l’étude de l’histoire de ma famille m’a vraiment changée et m’a amenée à prendre une autre position envers le peuple juif et Israël », a-t-elle confié.
Les participants ont été confrontés à des critiques de leurs proches qui croient qu' »ils agitent les vieux démons ou subissent un fardeau qui ne leur appartient pas. »
Mais les participants ne sont pas découragés pour autant. Ils considèrent le souvenir comme leur mission, qui prend de plus en plus d’importance à mesure que le nombre de survivants diminue.
Source http://www.i24news.tv/fr/actu/international/europe/143558-170424-allemagne-des-descendants-de-nazis-marchent-contre-l-antisemitisme