COMPTE-RENDU La cour d’assises spécialement spéciale de Paris s’est penchée lundi sur les parcours de deux des vingt accusés qui comparaissent pour un attentat à la grenade contre une épicerie cacher en 2012 et trois autres projets d’attaques terroristes…
Des garçons « joyeux », « doux », « naïfs » et « non-violents ». Voilà les mots employés par les proches de Kévin P. et Selim K. soupçonnés d’avoir participé à l’attentat à la grenade le 19 septembre 2012 contre une épicerie cacher de Sarcelles (Val d’Oise). Le premier, né de deux parents bouddhistes réfugiés politiques venus du Laos, encourt une peine de prison à perpétuité. Le second, Selim K. qui a grandi entouré de parents musulmans non pratiquants risque jusqu’à 30 ans de réclusion.
«Un phénomène de mode»
« Je me suis converti à 17 ans. C’était comme un phénomène de mode, je voyais plein de gens autour de moi qui se convertissaient, c’était juste pour faire comme les autres », a expliqué Kévin P. à la cour. Séduit par « l’ambiance chaleureuse de la mosquée » de Torcy (fermée depuis sur décision préfectorale), le jeune homme de 23 ans au visage juvénile, est rapidement chaperonné par Jérémy Bailly, son voisin de palier de 7 ans son aîné. Converti lui aussi à l’islam, il est considéré comme le n°2 de la cellule terroriste. « Il a joué un rôle (…), il connaissait mieux la religion que moi, me conseillait de regarder des vidéos », a expliqué Kévin P.
Déscolarisé après l’obtention de son brevet en 3e, il plonge dans l’islam et se marie religieusement avec sa petite amie de l’époque, toujours sous la houlette de Bailly qui célèbre la cérémonie. Malgré la « violence » et les propos radicaux de son voisin et de l’autre leader, Jérémie Louis-Sidney, Kévin P. fréquente assidument le petit groupe qui gravite autour du lieu de culte. Dans son sillage, il est suivi de celui qu’il considérait à l’époque comme son « meilleur ami », Selim K.
«Je voulais pas le décevoir»
Le visage émacié, la voix fluette, l’amateur de football comparaît libre. Placé sous contrôle judiciaire, Selim K. est soupçonné d’avoir accompagné son ami et Jérémy Bailly pour détruire la voiture utilisée lors de l’attaque de Sarcelles. « Je voulais pas le décevoir, passer pour un nul. Je voulais donner une bonne image de moi », se justifie le jeune homme de 24 ans, élevé par des parents peu portés sur la religion. Comme son ami, Selim trouve dans la religion de ses parents des réponses « aux questions existentielles » qu’il se pose à 17 ans.
« Je pensais pas que ça irait aussi loin (…). Je me considère comme un citoyen français de confession musulmane comme il y en a des milliers, je voulais faire de mal à personne », a-t-il ajouté. Choqués par des propos tenus à la gloire de Mohammed Merah par Jérémie Louis Sidney à la sortie de la mosquée de Torcy, Selim n’en dira rien à ses proches. « Je comprends pas pourquoi il ne m’en a pas parlé », s’est désolé son père à la barre. Ni lui, ni sa femme, ni les parents de Kévin ne constatent à l’époque la radicalisation de leurs fils.
« Même si les victimes sont pas là, je voulais présenter mes sincères excuses aux avocats des victimes et dire que je me sens mal depuis 4 ans par rapport à ça », a tenu à ajouter Kévin P. à l’audience. Le 19 septembre 2012, la grenade lancée à l’intérieur de l’épicerie casher terminera sa course sous une rangée de chariots métalliques. L’arme qui contient des milliers de billes métalliques ne causera qu’un seul blessé léger.
Le procès doit se poursuivre jusqu’au 21 juin.
Source http://www.20minutes.fr/societe/2055959-20170424-proces-filiere-cannes-torcy-islam-radical-phenomene-mode-entre-amis