Bené Brak : comment une ville pauvre est devenue une mine d’or (II)

suite et fin de l'interview du maire de Bné brak, ‘Hanokh Zeibert

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View of the orthodox Jewish town of Bnei Brak, on July 10, 2016.

Bené Brak met en œuvre des programmes dont les villes avec le même classement socio-économique ne peuvent que rêver : rénovation et agrandissement du zoo, programmes spéciaux pour les seniors, construction de dizaines de jardins d’enfants et d’écoles, et rénovation des chaussées pour un montant de 200 millions de shekels. S’achève également en ce moment la planification de la première bibliothèque publique de la ville. Et même le budget culture, qui était égal à zéro, augmente: il finance des représentations théâtrales et des cours de musique pour les enfants. En outre, le maire a fait les premiers pas pour faire de Bené Brak une smart city, par exemple en faisant installer des capteurs électroniques sur les bennes à ordure afin de pouvoir suivre le travail des entreprises de nettoyage – un sujet semble-t-il douloureux, qui revient  à plusieurs reprises :

« – On dit que vous êtes une ville sale.

  • Qu’ils parlent ! Qu’on me présente d’abord un maire qui est confronté à un défi de propreté comme le nôtre ! J’ai récemment rendu visite à mon ami, le maire de Richon letsion, Dov Zour. Nous nous sommes promenés ensemble dans l’un de ses parcs. Sur une superficie de 30 dounams, il y avait un enfant et deux chiens, ou peut-être bien un chien et deux enfants qui mangeaient un eskimo. L’ouvrier de nettoyage est passé après eux, a ramassé les bâtons et les emballages de glace, et les a mis à la poubelle. Chez nous, chaque après-midi, 300 enfants se jettent sur un jardin d’un dounam. Tous boivent et mangent, les mamans changent les couches plusieurs fois et à plusieurs enfants, alors est-ce étonnant que ce soit parfois un peu sale ? Mais il n’y a pas de souci à se faire, maintenant que nous sommes sortis de la crise financière et qu’il y a des budgets, la propreté aussi va s’améliorer. »

« – Il y a encore quelques années, vous étiez au bord de la faillite. La majorité du public ne comprend pas ce retournement.

  • Nous avons commencé à encaisser la arnona (impôts urbains) sans peur. Nous nous sommes présentés aux habitants avec un bâton et deux carottes. La première carotte était que tout habitant ayant droit à une réduction de la arnona serait reçu avec le sourire à la mairie. Le bâton, c’est que dorénavant les resquilleurs seraient poursuivis jusqu’à ce qu’ils payent leur dû. Nous avons été contraints de procéder à des milliers de saisies sur compte en banque par an, nous sommes rentrés dans les appartements et les entreprises, nous avons dû saisir du matériel et même des climatisations ! Ce n’est pas rien dans une ville orthodoxe.
  • Mais toutes les municipalités ont recours à ces procédures contre les mauvais payeurs.
  • C’est vrai. Mais qui connait le trésorier de Tel Aviv ? Les habitants ne le reconnaîtraient pas s’ils le rencontraient. Il n’y a personne sur qui passer sa colère, alors il est facile d’appliquer le règlement sans états d’âme. Mais à Bené Brak, tout le monde connaît le trésorier, on le rencontre dans la rue, au mikvé, à la schoule. C’est beaucoup moins pratique et agréable.
  • Comment ont été reçues ces mesures dans la ville ?
  • C’est là la deuxième carotte : il est possible de constater la bonne utilisation de l’impôt. Un habitant se dit, ‘c’est vrai qu’on m’a augmenté mes impôts et qu’on m’a fait une saisie, mais on a aussi enfin réparé mon trottoir’. Au début du processus, nous avons reçu l’autorisation des rabbanim d’enlever les gants. Nous leur avons expliqué l’état des finances municipales et où cela pouvait nous mener, et ils nous ont autorisés à utiliser toute la force de la loi. De leur point de vue, l’essentiel était qu’il n’y ait pas une mesure et une mesure : pas de favoritisme, et que tout le monde soit traité avec la même sévérité. C’est ainsi que nous avons pu commencer réévaluer toutes les surfaces soumises à impôt et réorganiser les finances de la ville. »

Le programme de développement de Bené Brak, qui a été récemment validé, inclue la construction de surfaces considérables : des millions de mètres carrés pour bureaux et entreprises dans des tours de 40 étages autour du centre d’activité proche de la gare, et de nouveaux quartiers entiers dans la continuité des quartiers existants ou à la place des anciennes zones d’activité. Et contrairement à d’autre villes, où la réalisation d’un programme urbain peut prendre des années à cause des contestations des riverains, à Bené Brak le public est discipliné, et comme le dit le maire : « Nous ne nous attendons pas à beaucoup de contestations, et nous avons déjà commencé à mettre notre programme en œuvre. »

Et en plus des bureaux et des appartements construits par les entrepreneurs, la municipalité se constitue un patrimoine immobilier de rapport. Dans chaque nouvelle tour qui sera construite, des surfaces seront propriété de la ville, lui garantissant annuellement au moins 20 millions de shekels de loyers, en plus de la arnona.

« – Dans 10 ou 20 ans Bené Brak sera une ville riche. Que ferez-vous de tout cet argent ?

  • Dans 20 ans, Bené Brak sera une ville bonne pour ses habitants. Et s’il reste de l’argent disponible, je construirai encore d’autres synagogues, bathé midrachim et Yechivoth ! »

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