Le coût économique des attaques Houthis

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Le canal de Suez frappé de plein fouet par les attaques Houthis

L’économie égyptienne encaisse de lourdes pertes en raison de la montée des tensions dans la mer Rouge, provoquées par les attaques répétées des Houthis contre les navires commerciaux. Ces actions hostiles ont eu des répercussions directes et dramatiques sur l’une des principales sources de revenus en devises étrangères du pays : le canal de Suez.

Situé sur l’une des artères les plus stratégiques du commerce mondial, le canal de Suez permet normalement à l’Égypte de percevoir des milliards de dollars chaque année grâce aux droits de passage des navires. En 2023, cette manne avait atteint un record historique de 10,25 milliards de dollars. Mais en 2024, la situation s’est brutalement dégradée. L’Autorité du canal de Suez a annoncé avoir encaissé seulement 3,991 milliards de dollars, soit une chute de plus de 60 %.

Ce recul brutal est lié à une baisse équivalente du nombre de navires empruntant la voie navigable. En 2023, environ 26 000 bâtiments avaient transité par Suez. En 2024, ce chiffre a été divisé par deux, tombant à 13 213 navires. Ce déclin n’est pas anodin : selon le Fonds monétaire international, le volume du commerce maritime dans cette zone a chuté de 50 % sur les deux premiers mois de l’année, comparé à la même période l’an passé.

En cause, les attaques incessantes menées par les Houthis, groupe armé yéménite soutenu par l’Iran. Depuis novembre 2023, ils ont lancé plus d’une centaine d’agressions contre des navires, utilisant des missiles balistiques et des drones. Deux navires ont même été coulés, semant la peur parmi les armateurs internationaux et incitant nombre d’entre eux à détourner leurs trajets, préférant passer par le cap de Bonne-Espérance, allongeant ainsi les trajets de plusieurs jours, voire semaines, mais contournant les zones à risque.

Ces attaques sont souvent justifiées par les Houthis comme des représailles ou des gestes de solidarité avec les Palestiniens. Cette posture rend toute riposte diplomatique particulièrement délicate dans un contexte régional explosif.

Dans ce climat tendu, l’Égypte reste en retrait des opérations militaires menées par les puissances occidentales dans la mer Rouge et le golfe d’Aden. Bien que son économie subisse de plein fouet les conséquences des agressions houthis, Le Caire évite toute confrontation directe, redoutant de s’aliéner une partie de l’opinion arabe en se positionnant contre ceux qui se présentent comme des défenseurs de la cause palestinienne.

Cette neutralité assumée peut s’expliquer par la situation politique et économique intérieure du pays. L’Égypte traverse une période d’instabilité économique sévère, marquée par une inflation galopante, une dévaluation de la livre égyptienne et un fort endettement. Dans ce contexte, toute implication dans un conflit régional risquerait d’aggraver les tensions sociales internes.

 

Le canal de Suez, qui assure près de 10 % du commerce maritime mondial, joue un rôle central dans l’équilibre économique du pays. Sa paralysie partielle, provoquée par des attaques géopolitiques, met en lumière la fragilité des routes commerciales internationales face aux conflits asymétriques, mais aussi la dépendance de certains États à des infrastructures stratégiques.

Pour l’Égypte, la marge de manœuvre est étroite. Si les attaques persistent, la perte de confiance des compagnies maritimes pourrait devenir durable, compromettant sérieusement la reprise espérée des revenus du canal. Quant à l’équilibre régional, il demeure précaire, entre soutien à la cause palestinienne, pressions économiques et équilibres diplomatiques fragiles.

 

Jforum.fr

 

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