C’est qu’il n’y a pas de crainte du Ciel en cet endroit » (Beréchith/Genèse 20,11). |
C’est ainsi que s’exprime Avraham, notre ancêtre, lorsqu’il prend la décision de présenter sa femme comme sa sœur lors de sa descente en Egypte ou chez Avimélekh. A priori, cette explication parait surprenante : il n’y a pas de crainte du Ciel en ces lieux, et alors ? Il peut y avoir de la politesse, des convenances, de la culture, et toutes les bonnes choses ! Non, répond notre ancêtre, quand cet ingrédient manque, tout est possible, tout ! Jusqu’à tuer le mari pour prendre son épouse !
Et Avraham ne parle pas là en terme de prophétie, il présente une règle claire et définitive, valable en tout temps et partout : là où la crainte du Ciel fait défaut, il n’y a plus de limite…
Ce principe est particulièrement pertinent ces derniers jours quand toutes les parachioth nous y mènent, tant dans nos lectures de la Tora que dans les diverses affaires actuelles (parachioth – au sens moderne du terme).
Prenons le cas Netanyahou : chaque jour, un nouveau scandale est lancé, une nouvelle enquête ; il est sans cesse poursuivi par les médias et la justice. Parce qu’il y a quelque chose à lui reprocher ? Sans doute non. Preuve en est, du reste, l’affaire qui eut lieu à l’époque avec le regretté Ya’akov Nééman, qui vient de décéder : élu au titre de ministre de la Justice, il se promettait de remettre à sa place les juges locaux et leur « activisme » dévoyé. Cela suffit pour le trainer en justice seulement quelques semaines après sa nomination et le pousser à la démission ! Et finalement ? Les accusations s’avérèrent sans fondement aucun ! Mais certains gagnèrent bien entendu du fait que cet homme, dangereux au possible pour leur jeu politique, ait été évincé du pouvoir.
Il en est probablement de même avec Netanyahou : on lui reproche une seule et unique chose, c’est d’être là, au pouvoir.
Sans crainte du Ciel, on abat un homme pour moins que cela…
Le cas d’Elor Azaria permet d’arriver à la même conclusion : ce pauvre soldat a réagi par trop instinctivement et a tiré sur un terroriste « neutralisé ». Avait-il tort ? Nous en parlons dans le présent numéro. Mais il est certain que ce procès, qui n’aurait pas dû avoir lieu, permet finalement à une partie extrémiste de l’échiquier politique de mettre fin à la défense du pays et de renforcer, oh combien, la position arabe et ses capacités de se défendre !
Déjà quelques jours plus tard, le sentiment s’est fait jour que les soldats, lors de l’attentat de Armon hanatsiv, ont hésité à sortir leurs armes – avec pour résultat quatre soldats assassinés…
Crainte du Ciel, disons-nous ? Car en effet, de toute évidence, la Halakha non seulement permet de neutraliser des terroristes, mais encore nous force à intervenir et à les tuer : « Quiconque vient te tuer, prends les devants et tue-le » (Sanhédrin 72b)… Mais quand on s’inspire non pas de la Halakha, mais d’idéologies occidentales humanistes, on finit par rentrer dans le cadre de ce que disent nos Sages (Kohéleth Rabba, 7,16) : « Quiconque a pitié des cruels finit par devenir cruel envers les gens de trempe généreuse »…
Il nous semble que ce mauvais penchant peut également être relevé dans cet autre dossier ouvert à présent devant le public : les enfants yéménites. Les archives sont à présents accessibles, mais pour l’instant, la gravité des faits n’est pas encore réellement prouvée. Des enfants de cette respectable communauté ont été pris, contre le gré de leurs parents, pour être transmis à l’adoption pour des couples juifs ayant survécu à la Shoah, et se retrouvant sans enfant. C’était peut-être une conduite généreuse envers ces derniers, mais que dire face aux parents, qui n’ont pas été consultés… ?
Combien d’enfants ? C’est là toute la question, peut-être des centaines. Mais, finalement, cela n’a pas d’importance : même pour quelques cas, une telle « gentillesse » est totalement inacceptable, elle est criminelle.
Le même problème de manque de crainte du Ciel…
Notre ancêtre Avraham nous a déjà mis en garde contre l’importance capitale de cet élément dans notre vie, condition sine qua non d’une conduite morale irréprochable.
Et il suffit d’ouvrir un peu les yeux sur les évènements autour de nous pour en constater la véracité… ●
Extrait de Kountrass numéro 202
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