Les actes antisémites ont augmenté dans l’agglomération parisienne de 340 % en 2024 par rapport à 2023, a déclaré le préfet de police de Paris.
Le Point – Thomas Graindorge – Illustration : Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris © JEANNE ACCORSINI/SIPA
La vive émotion suscitée par l’agression d’un rabbin à Orléans, samedi 22 mars, n’est que le sommet d’un désespérant iceberg. Les actes antisémites se sont multipliés depuis deux ans et l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023. Cela se confirme également dans l’agglomération parisienne, comme l’a affirmé le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez.
Invité de France info lundi, il a déclaré que les actes antisémites « ont augmenté dans l’agglomération parisienne de 340 % » en 2024 par rapport à 2023 et « 85 % de cette augmentation a lieu après le 7 octobre 2023 », et, de surcroît, ont connu une « stabilisation à très haut niveau en 2024 ». « À Paris et dans l’agglomération parisienne, 88 % des actes antireligieux sont des actes antisémites », a-t-il encore évoqué, contre 62 % à l’échelle nationale selon le ministère de l’Intérieur.
Parmi eux figurent « des actes violents, des injures, des tags, des actes ou des propos menaçants. » « Nous luttons de manière déterminée contre tous les actes antireligieux », a assuré le préfet de police, qui dénonce « une prédominance extrêmement forte de ce nouvel antisémitisme qui provient d’autres horizons politiques » que celui d’extrême droite « qui demeure ».
Une tendance qui se confirme ainsi à l’échelle nationale. Selon les données collectées conjointement par le ministère de l’Intérieur et le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), on a comptabilisé en France 1 570 actes antisémites en 2024, après 1 673 actes en 2023, une année record. La moyenne mensuelle, quant à elle, atteint un niveau inédit avec 130 actes antisémites par mois. 106 agressions physiques à caractère antisémite ont également été relevées, un record là aussi.
Pour rappel, en 2022, 436 actes antisémites avaient été relevés. Depuis 2012, les actes antisémites oscillaient entre 300 et 850 faits selon les années. Selon Bruno Retailleau, les actes antisémites représentent 60 % des agressions en raison de la religion recensées en France, quand les juifs représentent moins de 1 % de la population.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) estime que « la thématique de la Palestine et la rhétorique anti-israélienne » ont été des « catalyseurs d’actes antisémites » et « responsables d’un climat d’hostilité envers les Juifs », le rapport du SPCJ indiquant que « plus de 30 % » des actes antisémites recensés ont fait « explicitement référence à la question de la Palestine ».
