Le théâtre de l’absurde juristocratique dans lequel nous vivons

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Explications du professeur de droit Me Moche Cohen Elia

L’article 3 de la loi sur le Shin Bet de 2002 stipule que « le chef du Service de sécurité générale est nommé par le gouvernement sur proposition du Premier ministre ». Il ajoute que « le gouvernement peut mettre fin à son mandat avant son terme ».

Voyons maintenant comment fonctionne le “deep state” israélien : la juristocratie, les médias de gauche et le Shin Bet (l’équivalent israélien du FBI). Le Shin Bet cherche à empêcher le limogeage de son actuel chef, Ronen Bar, qui a échoué de manière lamentable le 7 octobre. Pour ce faire, il divulgue aux médias de gauche une « affaire » impliquant une prétendue collaboration entre le bureau du Premier ministre et le Qatar (il convient de noter qu’une grande partie des hauts responsables de la sécurité collaborent avec le Qatar, y compris Benny Gantz dans l’affaire du “Cinquième Dimension”, et que le Qatar n’est pas défini par la loi comme un État ennemi d’Israël).

Ensuite, la conseillère juridique du gouvernement ordonne à la police d’ouvrir une enquête totalement infondée, à tel point que le chef de la division des enquêtes de la police s’est exprimé ainsi : « Je ne comprends pas quelle infraction est censée être enquêtée dans l’affaire “Qatargate”. Ce dossier n’avance pas, car nous ne comprenons même pas l’infraction que nous sommes censés examiner. »

Voilà comment fonctionne le système : une fuite d’information déclenche une enquête ordonnée par la conseillère juridique, ce qui lui permet ensuite d’affirmer que le Premier ministre est en situation de conflit d’intérêts et qu’il ne peut donc pas licencier le chef du Shin Bet sans son approbation. C’est ainsi que, depuis des décennies, le “deep state” israélien bloque les nominations ou les limogeages et préserve les fonctionnaires loyaux au système. Aharaon Barak est en grande partie responsable de cette situation, car Israël est le seul pays au monde où la Cour suprême intervient aussi intensément dans la « raisonnabilité » des nominations.

La conseillère juridique du gouvernement détient des pouvoirs que nul autre procureur général au monde ne possède. Elle est à la fois cheffe du ministère public et « conseillère » du gouvernement. Et si ce dernier ne suit pas ses recommandations (qui, dans de nombreux cas, sont politiques et visent à préserver l’hégémonie de l’ancienne élite), il est obligé de s’y conformer. De plus, si le gouvernement souhaite défendre sa position devant la Cour suprême, il doit obtenir l’approbation de la conseillère juridique. Il y a même eu des cas où cette approbation a été refusée, empêchant ainsi le gouvernement d’être représenté devant la Cour. Et il est arrivé que même la Cour suprême considère les décisions de la conseillère juridique comme absurdes.

Bienvenue dans le cirque juristocratique de l’État d’Israël. »

Source : IIF

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