Yémen : les Houthis annoncent avoir visé un porte-avions américain en mer Rouge

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Europe 1 avec AFP // Crédit photo : DVIDS / AFP

Les rebelles houthis du Yémen ont revendiqué dimanche une attaque contre un porte-avions américain en mer Rouge, au lendemain de frappes américaines contre des bastions des rebelles soutenus par l’Iran.

Les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, ont revendiqué dimanche une attaque contre un porte-avions américain en mer Rouge et affirmé qu’ils frapperaient des cargos américains, en riposte aux frappes menées par les États-Unis qui ont tué, selon Washington, plusieurs de leurs chefs.

Le chef des Houthis, Abdel Malek al-Houthi, a appelé les Yéménites à se rassembler lundi « par millions » pour protester contre ces frappes qui ont visé samedi notamment Sanaa, la capitale du Yémen, et fait au moins 31 morts dont des enfants, selon les rebelles.

Riposte

Dans un discours à la télévision, il a annoncé que les Houthis viseraient des navires de marchandise américains en mer Rouge tant que les États-Unis « poursuivraient leur agression ». Face à cette escalade, l’ONU a demandé aux États-Unis et aux rebelles « l’arrêt de toute activité militaire ».

Les frappes américaines, qui ont visé des bastions rebelles au Yémen après des menaces contre le commerce maritime et contre Israël, ont tué « plusieurs dirigeants houthis clés », a affirmé dimanche le conseiller américain à la sécurité nationale, Mike Waltz. Il a averti l’Iran que « trop c’est trop ».

En riposte, « les forces armées ont mené une opération militaire (…) visant le porte-avions américain USS Harry Truman et les navires de guerre qui l’accompagnent dans le nord de la mer Rouge », ont déclaré dimanche les Houthis, affirmant avoir tiré 18 missiles et un drone. Les États-Unis n’ont pas confirmé cette attaque.

Des frappes « barbares »

Le président américain Donald Trump avait promis samedi « l’enfer » aux « terroristes houthis » et sommé l’Iran de cesser de soutenir ces rebelles, qui ont multiplié les attaques contre le commerce maritime au large du Yémen depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. L’Iran a condamné des frappes « barbares » et rejeté les menaces de Donald Trump.

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, dont Sanaa, avaient averti samedi que leurs forces étaient « prêtes à répondre à l’escalade par l’escalade ». Les Houthis font partie avec notamment le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah au Liban de ce que l’Iran appelle l' »axe de la résistance » face à Israël.

Ces deux mouvements ont condamné les raids américains, qui selon le ministère de la Santé des Houthis ont touché Sanaa, le gouvernorat de Saada, dans le nord du Yémen, et la ville de Radaa, dans le centre. Des images diffusées par les médias houthis montrent des enfants et une femme parmi des blessés soignés aux urgences d’un hôpital.

« Absolument terrifiants »

« Je n’ai jamais eu autant peur depuis le début de la guerre » au Yémen, a confié un habitant de Sanaa, Malik, père de trois enfants, évoquant des bombardements « absolument terrifiants ». « Mes enfants hurlaient et pleuraient dans mes bras. C’est la première fois que je prononce la Chahada », la prière récitée avant la mort, a assuré cet homme de 43 ans.

Les États-Unis ont mené « une action militaire décisive et puissante » contre les Houthis, a déclaré Donald Trump en annonçant ces premières frappes américaines au Yémen depuis son retour à la Maison Blanche. « Nous utiliserons une force létale écrasante jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif », a-t-il prévenu.

Le Commandement central américain, qui a publié des vidéos d’avions de combat décollant et d’une bombe détruisant un complexe, a fait état de « frappes de précision » lancées pour « défendre les intérêts américains, dissuader les ennemis et rétablir la liberté de navigation ».

Depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023, les Houthis ont mené plusieurs attaques de missiles contre Israël et des navires accusés de liens avec ce pays, affirmant agir « en solidarité avec les Palestiniens ». Les attaques ont cessé après l’entrée en vigueur d’une trêve le 19 janvier. Mais après le refus d’Israël de permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien, les rebelles ont annoncé le 11 mars leur intention de les reprendre.

Entretien Rubio-Lavrov

Lors d’une conversation téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a affirmé dimanche que « la poursuite des attaques houthies contre les navires militaires et commerciaux américains en mer Rouge ne sera pas tolérée ». Sergueï Lavrov, dont le pays est proche de l’Iran, a répondu que toutes les parties devraient s’abstenir de recourir à la force au Yémen.

Ces attaques ont perturbé le trafic en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l’aide du Royaume-Uni.

Selon le Pentagone, les Houthis ont « attaqué des navires de guerre américains 174 fois et des navires commerciaux 145 fois depuis 2023 ». Pays pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est en proie depuis 2014 à une guerre civile opposant les Houthis au gouvernement soutenu par l’Arabie saoudite. La guerre a fait des centaines de milliers de morts et plongé ce pays de 38 millions d’habitants dans l’une des pires crises humanitaires, selon l’ONU.

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