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Un éditorialiste du journal libanais Al-Nashra publie une tribune mettant en lumière l’introspection en cours au Liban après l’intensification des combats contre Israël. Il cherche les responsables de cette situation – et pointe du doigt plusieurs acteurs internes face aux circonstances extérieures.
Ma’ariv
Après des mois de combats intenses et alors que la date de retrait de Tsahal du Liban, conformément à l’accord de cessez-le-feu, est dépassée (Israël ayant maintenu des forces dans cinq zones jugées critiques pour sa défense), le Liban cherche des coupables. Toni Khoury, analyste du journal Al-Nashra, a écrit mercredi une tribune détaillant les responsables de la situation actuelle du Liban.
D’après lui, au Liban, on commence à comprendre pourquoi Israël insiste pour conserver ces cinq zones afin de protéger ses localités du nord. À partir de là, il se demande : comment le Liban en est-il arrivé là ?
Le Hezbollah, une menace permanente pour Israël
Khoury explique que le Hezbollah s’est imposé comme un obstacle majeur pour Israël et une source d’inquiétude constante pour l’État hébreu.
Il souligne que le Hezbollah a accompli des actions que l’armée libanaise ne pouvait pas entreprendre face à Israël, que ce soit en raison de restrictions internationales ou des équipements militaires dont dispose le Hezbollah et qui manquent à l’armée libanaise. De ses propos, il ressort que si l’armée libanaise avait bénéficié des mêmes conditions, elle aurait peut-être attaqué Israël de la même manière que l’a fait le Hezbollah.
Le Hezbollah militairement affaibli, la responsabilité de l’État libanais
Khoury poursuit en expliquant que, après l’élimination de nombreux hauts responsables et les lourdes pertes subies, le Hezbollah est en réalité militairement terminé : « On peut dire que c’est fini sur le plan militaire. »
Par conséquent, il transfère la responsabilité au gouvernement libanais : « On peut maintenant accuser le parti (Hezbollah) d’avoir mené une guerre dont il n’avait pas anticipé l’issue. »
Il ajoute : « Certains reprochent à l’État de ne pas avoir pris de mesures ou tenu ses promesses concernant la nécessité de faire confiance aux Américains et à la communauté internationale pour garantir l’indépendance du Liban et préserver sa souveraineté. »
Les États-Unis et leur soutien inébranlable à Israël
Khoury évoque également le rôle des États-Unis et leur soutien prioritaire à Israël par rapport au Liban : « Si l’Amérique place Israël en tête de ses priorités, comment peut-on s’attendre à ce qu’elle privilégie le Liban à sa place ? Qui pourrait croire que l’administration américaine permettrait au Liban de menacer Israël ou de se dresser contre elle ? »
Selon lui, c’est cette réalité qui a poussé le Hezbollah vers la voie du terrorisme (ou comme il l’appelle, « la résistance »). Mais il met en garde : « Si la direction actuelle du Liban choisit cette voie, elle précipitera le pays et sa population vers une catastrophe. Cette fois-ci, le Hezbollah ne pourra pas jouer le rôle qu’il a tenu au cours des vingt dernières années. Toute action militaire de sa part sera vaine et ne fera qu’engendrer souffrances, pertes humaines et destructions d’infrastructures. »
Une nouvelle réalité : Israël souverain au Liban ?
Khoury conclut son analyse par une déclaration dramatique : selon lui, Israël est désormais le véritable souverain du Liban et de la région pour un avenir prévisible.
Il affirme que l’État libanais n’a plus aucune capacité à menacer Israël et déclare : « La nouvelle équation est en réalité une domination israélienne sur le Liban et toute la région pour une période indéterminée – jusqu’à ce que des forces dans les pays voisins se renforcent, un processus qui pourrait prendre très longtemps. »