Repeuplement du nord de Gaza : est-ce la fin de la guerre ?

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Alors que le nord de la bande de Gaza voit un retour massif de populations déplacées, la possibilité d’une reprise des hostilités par Israël soulève des enjeux militaires et politiques majeurs. Ce contexte, marqué par une dynamique changeante sur le terrain, complique la mise en œuvre d’une nouvelle offensive. L’analyse se concentre sur les choix stratégiques d’Israël à l’approche du 42ᵉ jour de cessez-le-feu, une date clé qui pourrait signifier le passage à une phase ultérieure des accords conclus avec le Hamas.

Une réalité nouvelle sur le terrain

Depuis la fin de 2023 un million de Palestiniens ont été évacués de ces zones lors des premiers mois du conflit. Des centaines de milliers, voire peut-être un million d’entre eux reviennent déjà du sud de Gaza vers le nord.

Cette évolution modifie profondément les équilibres : pour Israël, le contrôle sur le territoire, jusqu’alors un levier crucial dans les négociations avec le Hamas, s’amenuise. Le nord de Gaza, désormais densément repeuplé, constitue un défi militaire inédit. En cas de reprise des opérations, il faudrait évacuer à nouveau ces populations, un effort logistique et humain colossal, et ce dans un contexte où la légitimité internationale d’Israël s’est fragilisée depuis l’automne 2023.

Le coût d’une reprise des hostilités
Lors des précédentes offensives, l’armée israélienne a mobilisé des milliers de soldats pour sécuriser des zones du nord de Gaza. Une telle stratégie, dans un territoire à nouveau peuplé, nécessiterait des effectifs bien supérieurs, rappelant les efforts déployés à l’automne 2023. De plus, le déplacement d’un million de personnes risquerait de provoquer une crise humanitaire massive et de nouvelles critiques internationales. Ce contexte rend une intervention militaire généralisée moins viable, même pour un gouvernement déterminé à neutraliser le Hamas.

Alternatives limitées à une guerre totale
Plutôt que de se lancer dans une invasion à grande échelle, Israël pourrait privilégier des incursions ponctuelles et localisées, minimisant ainsi les déplacements de population. Cette approche, bien qu’efficace à court terme pour maintenir une pression sur le Hamas, ne suffirait pas à transformer fondamentalement les dynamiques stratégiques. Par ailleurs, Israël pourrait maintenir sa présence sur le corridor de Philadelphie et réduire les aides humanitaires au minimum requis par l’accord de cessez-le-feu, bien que cela puisse exacerber les tensions sur le terrain.

Une guerre d’usure politique et diplomatique
La question du contrôle du territoire reste au cœur des enjeux. Le Hamas, malgré ses failles, conserve une emprise sur Gaza, tandis qu’Israël tente de promouvoir une gouvernance partagée avec des acteurs externes tels que l’Autorité palestinienne, l’Égypte ou des partenaires internationaux. Ces efforts demeurent cependant insuffisants pour imposer une stabilité durable. Par ailleurs, les retours de population compliquent les mesures de sécurité. L’absence de contrôles systématiques pour les armes parmi les déplacés, une tâche désormais externalisée à des entreprises privées américaines, illustre les limites du dispositif actuel.

Une fin de guerre implicite ?
Face à ces réalités, la déclaration officielle d’une fin de guerre par le Premier ministre Benjamin Netanyahou pourrait s’avérer secondaire. Le retour massif des populations dans le nord de Gaza constitue un fait accompli, rendant une reprise des hostilités plus coûteuse et complexe. Dans ce contexte, Israël semble contraint d’explorer des stratégies alternatives, combinant pression militaire limitée, gestion humanitaire et manœuvres diplomatiques, pour faire face à une situation en constante évolution.

Ce nouvel équilibre pose une question cruciale : Israël peut-il encore poursuivre ses objectifs stratégiques face à une situation où les moyens militaires classiques semblent insuffisants et les solutions politiques incertaines ?

Jforum.fr

NDLR : Par contre, comme dit ailleurs, il semblerait bien que 90% des maisons soient détruites, et que ceux qui reviennent dans le nord de la Bande de Gaza n’ont pas où y habiter…

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