Affaire Al-Kindi : neuf élus municipaux à Saint-Etienne demandent la démission d’un adjoint de Gaël Perdriau

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« Le groupe des neuf », neuf ex-membres de la majorité municipale à Saint-Etienne, demande la démission d’Abdelouahb Bakli, un adjoint de Gaël Perdriau. Ce dernier est en position délicate après la perte de l’agrément de l’État par son établissement scolaire musulman dans le Rhône.

Abdelouahb Bakli, adjoint de Gaël Perdriau à la mairie de Saint-Etienne 

Le groupe « Saint-Étienne Avant Tout » demande la démission d’Abdelouahb Bakli, un adjoint de Gaël Perdriau à la mairie de Saint-Etienne. Ce groupe municipal correspond à neuf élus de la majorité qui ont décidé de lâcher Gael Perdriau, il y a six mois, suite à l’affaire de chantage à la vidéo. Ces neufs élus demandent la démission d’Abdelouahb Bakli, plus que jamais sur la sellette.

Atteintes aux valeurs de la République

« Alors que l’un des piliers du plan de mandat municipal prône le respect et la défense des valeurs de la République, il serait irresponsable que cet élu conserve ses fonctions », écrit le groupe des neufs dans un communiqué, ce samedi. Abdelouahb Bakli est en position délicate. Adjoint à la démocratie locale et à la vie associative mais également directeur de l’établissement scolaire musulman Al Kindi à Décines, dans le Rhône. Cet établissement vient de perdre son agrément de l’État par décision préfectorale. Il s’agit d’une résiliation de contrat suite à une récente inspection académique. En cause, des manquements pédagogiques mais surtout des atteintes aux valeurs de la République.

Soutien de Gaël Perdriau

De son côté, la région Auvergne Rhône-Alpes a pris acte de la décision et suspend ses subventions à l’établissement scolaire. À la maire de Saint-Etienne, Abdelouahb Bakli est un proche du maire Gaël Perdriau. Ce dernier commente sobrement : « Dans le cadre de ses fonctions d’élu à la ville de Saint-Etienne et au service des Stéphanoises et des Stéphanois, Abdelouahb Bakli est irréprochable dans le respect des valeurs de la République ».

A Lyon, la préfète de région dénonce l’influence des Frères musulmans sur le groupe scolaire Al-Kindi

Fabienne Buccio a résilié les contrats d’association entre l’Etat et l’établissement privé. Avocats et enseignants s’inquiètent de la décision, qu’ils jugent « porteuse d’une grande violence ».

Fabienne Buccio, préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a signé, vendredi 10 janvier, les courriers de résiliation des trois contrats d’association entre l’Etat et le groupe scolaire Al-Kindi, estimant que plusieurs manquements étaient suffisamment « graves » pour justifier la fin du partenariat éducatif, mis en place depuis 2012. Cette décision concerne l’école primaire, le collège et le lycée de l’établissement d’enseignement privé musulman situé à Décines-Charpieu, qui fait partie du Grand Lyon.

La cité scolaire Al-Kindi compte 620 élèves scolarisés dans 22 classes, du CP à la terminale, et 50 enseignants, dont 36 rémunérés par l’Education nationale en vertu du contrat d’association. La rupture doit prendre effet à partir de la rentrée de septembre, sauf recours et appréciation contraire du tribunal administratif. Les avocats de l’établissement ont annoncé leur intention de saisir la justice. « Une décision extrêmement décevante et porteuse d’une grande violence pour les musulmans de notre pays », ont réagi Hakim Chergui et Sefen Guez Guez, avocats d’Al-Kindi.

Dans ces courriers, dont Le Monde a pris connaissance, la représentante de l’Etat liste une série de reproches administratifs et comptables, comme l’utilisation de professeurs rémunérés par l’Etat dans des classes hors contrat, ou des mouvements financiers transitant par une association satellite. La critique porte surtout sur des questions pédagogiques, comme l’insuffisance d’éducation sur la sexualité, un règlement intérieur plus restrictif pour les filles que pour les garçons et l’absence des symboles républicains dans les locaux.

Surtout, la préfète de région souligne la présence de « nombreux ouvrages au contenu gravement contraires aux valeurs de la République », en citant plusieurs livres aux discours religieux belliqueux, au point de prêter au centre de documentation et d’information (CDI) de l’établissement « une ligne éditoriale » qui serait propre à véhiculer « une idéologie frériste ». L’influence supposée des Frères musulmans dans l’enseignement semble bien au cœur des motivations de la préfecture.

Vives réactions politiques.

Lors d’une phase contradictoire auprès de la commission de concertation chargée de l’enseignement privé de l’académie de Lyon, les responsables d’Al-Kindi ont proposé de retirer les ouvrages litigieux, faisant remarquer qu’ils représentaient un minime échantillon des 6 000 livres du CDI. De la même manière, l’établissement a immédiatement mis à pied un professeur de culture de l’islam, qui tenait sur les réseaux sociaux des propos jugés incendiaires par les services de l’Etat.

Pour la préfète Fabienne Buccio, les mesures ont été prises trop tard, alors que les positions de ce professeur ne pouvaient être ignorées des cadres de l’établissement. D’où une confiance rompue. « Loin d’être une série de faits isolés, ces manquements et dysfonctionnements sont, pris ensemble, révélateurs de la proximité de l’établissement avec la pensée des Frères musulmans dont les desseins sont à l’évidence contraires aux valeurs de la République », cingle la représentante de l’Etat.

La situation d’Al-Kindi suscite beaucoup d’inquiétude et d’incompréhension chez les Lyonnais musulmans. « Ces accusations aussi infondées que choquantes entachent injustement le travail de notre communauté éducative, engagée dans l’excellence et le bien-être de ses élèves. Al-Kindi est plus qu’un établissement : c’est un symbole d’excellence, de diversité et de cohésion sociale », dit Rachida Briza, porte-parole d’un collectif d’enseignants d’Al-Kindi, qui s’alarme des conséquences « dramatiques » que pourrait entraîner la fin du contrat avec l’Etat, alors que l’établissement compte 50 % d’élèves boursiers.

L’affaire suscite de très vives réactions politiques. Avant même la communication officielle de la décision préfectorale, vendredi, le député de Haute-Loire et ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes (2016-2024) Laurent Wauquiez (Les Républicains) a déclaré : « Nous nous félicitons d’avoir remporté cette bataille, cela montre qu’il ne faut rien céder face à ceux qui menacent les valeurs de la République. La région poursuivra son combat contre l’islamisme et pour le respect de la laïcité. »

JForum.fr

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