Dans les prochains jours, vingt ans d’archives vont quitter l’ambassade d’Israël de Bruxelles vers Jérusalem. Ces documents à haute valeur historique racontent l’histoire des « Justes parmi les nations ». Ils seront précieusement conservés par l’Institut Yad Vashem qui entretient la mémoire de la Shoah.
Pour la plupart, ces dossiers ont été constitués par Hélène Potezman. Cette employée de l’ambassade d’Israël à Bruxelles a passé toutes ces années à identifier des « Justes parmi les nations » en Belgique. Il s’agit de citoyens qui, n’étant pas de confession juive, ont protégé des membres de la communauté juive, principalement des enfants, pendant l’occupation de la Belgique entre 1940 et 1944. Aucune statistique ne renseigne le nombre exact des personnes qui ont ainsi échappé à la persécution nazie, mais on les compte par milliers.
À ce jour, 1 731 citoyens belges ont reçu le titre honorifique de « Juste parmi les nations » et, selon Hélène Potezman, dix dossiers de reconnaissance sont actuellement à l’instruction. Ce titre honorifique ne se remet pas, en effet, à la légère : il faut deux ans, en moyenne, pour qu’un dossier aboutisse. Or, le temps fait son œuvre. Les « sauvés » qui sont encore en vie ont désormais des âges respectables. « C’est à eux de se manifester. Il n’est pas trop tard. Un hommage peut être rendu aux descendants de leur sauveurs », explique Hélène.
Un courage extraordinaire
Rencontrée par Paris Match Belgique, Madame l’ambassadeur d’Israël à Bruxelles, Simona Frankel a tenu également à rendre une nouvelle fois hommage à ces nombreux belges qui se sont montrés solidaires pendant les heures sombres du nazisme : « Pour poser de tels actes de solidarité au temps de l’holocauste, les sauveurs ont fait montre d’un courage extraordinaire. Eux-mêmes mais aussi tous les membres de leur famille risquaient le même sort que les membres de la communauté juive qu’ils protégeaient. Ces héros risquaient, ni plus ni moins, que la déportation vers les camps d’extermination. On a parlé de la banalité du mal mais il faut aussi souligner le caractère extraordinaire du bien. C’est l’un des privilèges de ma fonction d’ambassadeur d’Israël de pouvoir honorer très régulièrement ces Justes parmi les nations ».
Le courage des « Justes » a contribué à sauver des milliers des vies. Pas toutes, malheureusement. Les loups venus d’ailleurs purent compter sur la collaboration de chiens de meutes belges.
Entre août ‘42 et juillet ’44, 25 274 Juifs ont été déportés depuis la Belgique , principalement vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. 5% d’entre eux survécurent. Dans les 28 convois belges se trouvaient quelques 4 245 enfants de moins de 15 ans. 290 d’entre eux n’avaient pas 2 ans.
Lors de l’invasion de la Belgique, en mai ’40, environ 10 000 Juifs de Belgique ont aussi cherché refuge en France, tandis que 4500 Juifs étrangers qui avaient trouvé asile dans ce pays… pour fuir l’Allemagne nazie, ont été expulsés par le gouvernement belge vers la France. Par conséquent, entre 1942 et 1944, 5879 Juifs provenant de Belgique furent aussi déportés vers Auschwitz, principalement depuis le camp de rassemblement de Drancy, près de Paris. 283 d’entre eux survécurent.
Entre cinq et six millions de Juifs ont été méthodiquement tués par les nazis pendant la seconde guerre mondiale. Oublier, c’est ouvrir la porte à un retour de la bête immonde.
Contact : Association des Amis Belges de Yad Vashem.
Hélène Potezman – tel 02.3735563 – yadvashem@brussels.mfa.gov.il