Turcs, Perses, Arabes, Juifs…. qui veut quoi aujourd’hui ?
Une nouvelle accusation a surgi contre Israël
Après le « génocide » des Palestiniens, après la « colonisation » de la Judée-Samarie ou de Gaza, les Israéliens sont aujourd’hui accusés de vouloir « remodeler » le Moyen Orient. Joseph Bahout, directeur de l’Institut des affaires publiques et internationales de l’université américaine de Beyrouth, considère Benyamin Netanyahou, Premier ministre d’Israël, comme un démiurge qui « a décidé de remodeler à lui seul le Moyen-Orient. C’est un rêve fou et très dangereux », explique-t-il dans Le Figaro.
Henry Laurens, professeur au Collège de France, a lui aussi émis quelques craintes sur la capacité du Premier ministre israélien de « remodeler » le Moyen Orient.
Dans Le Figaro, Patrick Saint Paul juge « dangereuse » la tentation de Benyamin Netanyahou de remodeler le Moyen-Orient.
Ghassan Salamé, ancien ministre libanais et ex-diplomate de l’ONU, craint de voir Israël, (fort de ses succès militaires) s’enhardir ».
La question n’est pas de savoir si ces « craintes » sont légitimes. La question est de remarquer qu’elles surgissent à propos du seul Israël. C’est au moment où l’Etat hébreu est engagé dans plusieurs guerres défensives contre le Hamas, le Hezbollah, l’Iran, les Houthis, et quelques autres que l’accusation démiurgique surgit.
Le Proche Orient est peuplé de puissances qui n’aspirent qu’à « remodeler » l’espace géopolitique global, mais seul Israël est pointé du doigt.
INVENTAIRE
Qui veut remodeler le Moyen Orient ?
– Depuis 1979, l’Iran bâtit un réseau milices terroristes pour unifier le monde musulman sous sa houlette, rayer Israël de la carte et vider le Moyen Orient de toute présence américaine. Pourtant, nul n’a jamais accusé Téhéran de chercher à « remodeler » le Proche Orient.
– La Turquie pourchasse les Kurdes et prend pied en Syrie par l’intermédiaire de milices qu’elle arme et finance, mais personne n’accuse Recep Tayyip Erdogan de vouloir ressusciter l’empire Ottoman.
– Le Hamas – et plus largement les représentants de la « cause palestinienne » – , bien que laminé après un an de guerre, aspire toujours à éradiquer Israël. Pourtant, personne n’accuse le Hamas de vouloir rayer Israël de la carte (les Palestiniens sont toujours des « victimes »), ni de chercher à « remodeler » le Moyen Orient.
– Israël aspirerait lui aussi à remodeler le Moyen Orient ? Indubitablement … « Il y a un an, j’ai dit quelque chose de simple : nous changerions le visage du Moyen-Orient, et c’est ce que nous faisons. La Syrie n’est plus la même Syrie. Le Liban n’est plus le même Liban. Gaza n’est plus la même Gaza. Et la tête de l’axe, l’Iran, n’est plus le même Iran ; il a lui aussi ressenti la puissance de notre bras », a indiqué Benjamin Netanyahou, premier ministre d’Israël, dans un communiqué du 15 décembre 2024.
Quels sont les moteurs de ce remodelage ?
– Pour l’Iran, le moteur de l’Histoire est la haine du juif. Quand on est Guide Suprême, perse et chiite, le seul moyen d’unifier la oumma sunnite et arabe autour de sa personne est de poser au champion de la « cause palestinienne ». La Palestine – c’est-à-dire la volonté d’éradiquer l’Etat d’Israël, – est le point d’unification des sunnites et aux chiites. Cette « cause palestinienne » – qu’on se le dise, et le 7 octobre l’a prouvé – a vocation génocidaire. Comme l’explique le chercheur égypto-américain Hussayn Aboubaker Mansour, « Free Palestine[1] – qu’il s’agisse du slogan, du fantasme ou de la politique – a toujours impliqué le meurtre de masse des Juifs dans leurs villes, leurs rues, leurs magasins et jusqu’à leurs salons ».
– Pour le Hamas et le Jihad islamique Palestinien, pour l’Autorité Palestinienne (qui n’a jamais condamné le 7 octobre) et pour la Turquie, le moteur du remodelage du Moyen Orient est aussi la haine du Juif. Seule la « cause palestinienne » peut unifier la Oumma et détruire Israël.
– Pour Israël qui émerge de cette guerre d’octobre 2023 avec l’aura d’une puissance militaire sans équivalent, le désir de remodelage du Moyen Orient est tout aussi réel que celui de l’Iran, du Hamas ou du Grand Turc. Mais contrairement à eux, Israël n’est pas motivé par la haine ou le désir d’extermination. La présence militaire israélienne au sud Liban, en Syrie, à Gaza, en Judée Samarie, est motivée par la sécurité. Les Israéliens en ont assez d’être canardés, menacés, bombardés. Ils veulent des frontières sûres et reconnues et ne laisseront pas un « Etat palestinien », ni une milice quelconque, recommencer à former une bombe géopolitique aux frontières de l’Etat hébreu.
Ce besoin de sécurité les poussera-t-il à annexer tout ou partie de Gaza, de la Judée Samarie, du Mont Hermon en Syrie ? Le rôle de l’administration Trump sera décisif à cet égard.
Y-a-t-il place pour une rationalité de type occidental au Proche Orient ?
– Le « partage », la « solution à deux Etats » sont des notions occidentales. Deux parties se disputent le même territoire ? Eh bien partageons-le et voilà le problème réglé.
– Mais cette rationalité peine à s’appliquer au Moyen Orient.
– L’espace politique arabe et perse est essentiellement un espace religieux qui ne tolère ni la différence, ni la diversité et encore moins le retour des juifs sur leur terre d’origine. En conséquence de quoi : Entre le monde musulman qui aspire à l’unité islamique et les Israéliens qui n’entendent pas se laisser évincer, les bases d’accord sont inexistantes.
– La « cause palestinienne » peut-elle devenir pacifique ? Rien n’indique qu’elle puisse cesser d’avoir pour foyer le djihad.
La guerre et/ou l’économie sont-ils seuls à même de « remodeler » le Moyen Orient ?
– Les Accords d’Abraham initiés par Donald Trump en 2020 ont montré que des échanges d’ambassadeurs et des contrats d’affaires étaient possibles entre Israël et certains pays arabes. Ces Accords ont eu d’emblée une dynamique offensive et défensive. Il s’agissait d’organiser l’alliance des arabes et des Juifs contre l’impérialisme iranien.
– Tant que le régime iranien apparaîtra comme une menace pour les pays arabes, la dynamique militaro-économique Abraham aura du sens. Dans un avenir proche, des pays comme l’Arabie Saoudite ou l’Indonésie auront un intérêt militaire, économique et scientifique à rejoindre les Emirats arabes unis et Bahrein qui ont noué une alliance « abrahamique » avec Israël.
– L’après-pétrole est une horloge inexorable. Les rentes dues aux énergies fossiles sont en voie d’épuisement et les recherches menées en Occident pour mettre en place d’autres sources d’énergie pérennes et moins polluantes sont en cours. Si les Etats arabes veulent se construire un avenir, il leur faut sortir du djihad. Si les Etats du Golfe veulent profiter de leur richesse actuelle pour bâtir une économie viable et diversifiée demain, il leur faut accélérer leur course à la modernité. Tout les incite donc aujourd’hui à se rapprocher d’Israël, à prendre appui sur la puissance économique et scientifique d’Israël pour accélérer la leur.
– Un seul problème : et il est de taille. Les masses populaires arabes, partout au Moyen Orient, sont solidaires du Hamas. Elles aspirent au djihad et à la destruction d’Israël. Elles ne supporteront pas qu’à l’issue de cette guerre, la « cause (génocidaire antisémite) palestinienne » cesse de faire battre leur cœur.
La question est posée : quand les dirigeants arabes trouveront ils le courage d’expliquer à leur population que la présence des Juifs est LEGITIME au Moyen Orient ?
Quand ils ne pourront plus faire passer des défaites face à Israël pour des victoires.