La chute du régime Assad en Syrie : sa signification, ses conséquences

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La chute du régime Assad en Syrie était prévisible. Le régime Assad survivait essentiellement grâce au soutien de la Russie et de l’Iran.

La Russie est en guerre en Ukraine, et on sous-estime souvent les pertes humaines russes sur le front : elles sont très importantes, et auront des conséquences sur le futur du pays. La Russie n’a plus les moyens humains et matériels d’intervenir en force au Proche-Orient. Et ceux qui craignent que la Russie puisse, après l’Ukraine, s’attaquer à d’autres pays d’Europe centrale, surestiment les capacités russes. Poutine s’attendait à faire tomber le régime ukrainien en trois ou quatre jours, et ne s’attendait pas à ce que l’Ukraine résiste, et la guerre dure depuis deux ans. Les conditions d’un accord Russie-Ukraine négocié par Trump prendront en compte ces dimensions. La Russie n’est pas l’Union Soviétique et n’est pas une superpuissance : c’est une puissance moyenne déclinante, avec des armes nucléaires datant de l’époque soviétique, des dépenses militaires très élevées et une économie qui repose essentiellement sur l’exportation de matières premières énergétiques. La Russie vient de subir en Syrie un grave revers qui montre les limites qui sont les siennes.

L’Iran comptait sur le Hamas, le Hezbollah et les milices Houthi pour mener une guerre par procuration contre Israël, mais ne s’attendait pas à ce qu’Israël détruise presque totalement le Hamas, dégrade profondément les milices Houthi, et détériore très gravement le Hezbollah. L’Iran ne s’attendait pas non plus à ce qu’Israël détruise totalement ses capacités de défense anti-aériennes. Elle ne peut plus compter sur le Hamas pour harceler Israël, sur les milices Houthi pour nuire à la navigation dans la mer Rouge et peser sur le commerce maritime international, et elle ne peut plus compter sur le Hezbollah pour attaquer Israël et dissuader le gouvernement israélien d’attaquer le territoire iranien, lui-même désormais dépourvu de moyens anti-missiles. Le régime des mollahs est très vulnérable, et après avoir perdu peu ou prou tous les groupes qui lui permettaient de mener une guerre par procuration contre Israël, vient de perdre la Syrie, l’aéroport de Damas qui lui servait pour partie à approvisionner en armes le Hezbollah, et la route terrestre qui menait de l’Iran au Liban en passant par Bagdad et Damas. L’Iran vient de subir un revers plus grave encore que celui subi par la Russie. Et la Chine se trouve elle aussi affaiblie : elle avait misé sur l’Iran pour assurer son emprise sur le Proche-Orient, et le très grave revers subi par le régime des mollahs la fragilise.

Tout cela s’est produit grâce à l’opiniâtreté de Binyamin Netanyahou et grâce au fait qu’il a, pour l’essentiel, résisté sans fléchir aux pressions de l’administration Biden. C’est Netanyahou et lui seul, contre l’administration Biden, contre l’État profond israélien (qui est depuis des années sous l’influence de l’administration Biden et sous celle d’Obama), qui est allé jusqu’au bout dans la campagne contre le Hamas, a décidé des opérations terrestres contre le Hezbollah au Liban, et ordonné les bombardements contre l’Iran. Netanyahou n’a pas touché aux installations pétrolières iraniennes, et très peu aux installations nucléaires iraniennes parce que Biden l’avait exigé et avait menacé Israël de représailles si Netanyahou contrevenait à ses ordres, mais la destruction des capacités de défense antiaériennes de l’Iran a néanmoins placé l’Iran en situation de précarité absolue.

Tout cela constitue une défaite majeure pour la doctrine Obama concernant le Proche-Orient : Obama voulait un Proche-Orient dominé par le régime des mollahs devenant puissance hégémonique régionale, et alliés aux Frères Musulmans une fois ceux-ci installés au pouvoir dans le monde arabe sunnite (leur installation au pouvoir était le but de ce qui a été appelé, faussement, printemps arabe). Il voulait le Liban aux mains du Hezbollah, la Syrie tenue par le régime des mollahs avec l’assistance de la Russie. Il voulait un Hamas puissant et un Yémen aux mains des milices Houthi. Il voulait un Israël très menacé et reconduit à ce qu’Abba Eban appelait les frontières d’Auschwitz. Sa politique avait été mise à mal sous Trump, et avait repris sous Biden, par l’intermédiaire d’Antony Blinken, de Jake Sullivan et d’agents iraniens installés dans l’administration Biden (Robert Malley et Ariane Tabatabai étaient les principaux mais il y en avait d’autres). Obama pensait (en islamo-gauchiste) que le monde musulman était frustré par l’impérialisme américain et qu’un monde occidental abaissé et repentant pouvait s’entendre avec un monde musulman aux mains des islamistes, à condition qu’Israël soit graduellement conduit vers l’extinction. La doctrine Obama a totalement échoué. Restent tous les dégâts qu’elle a provoqués. Le retour de Donald Trump va parachever son échec et remédier aux dégâts.

© Guy Millière pour Dreuz.info

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