Le livre de la mort dans la prison de Saydnaya – Photographie : Réseaux arabes
JDN
Les rebelles qui ont pénétré dans la prison de Saydnaya après la chute du régime d’Assad y ont découvert de nombreuses horreurs qu’il est préférable d’épargner au lecteur. Lors de ces recherches, des citoyens syriens ont mis la main sur une liste documentant 29 000 exécutions dans cette prison de l’horreur.
Ces citoyens syriens s’étaient rendus sur place notamment pour tenter d’obtenir des informations sur le sort de leurs proches détenus dans cette prison tristement célèbre. Les bandes des caméras de surveillance avaient été emportées avant la fuite des gardiens face à l’arrivée des rebelles.
Pendant de longues heures, des recherches intensives ont été menées dans le complexe de Saydnaya, à Damas, dans l’espoir de retrouver des prisonniers présumés détenus dans des niveaux souterrains inaccessibles.
Cette nuit, l’organisation de la défense civile syrienne, les Casques blancs, a publié les conclusions de son enquête, précisant que « les opérations de recherche d’éventuels détenus restants dans les cellules et sous-sols secrets de la prison de Saydnaya sont terminées ».
Dans son communiqué, l’organisation a indiqué : « Les recherches n’ont révélé aucun espace non ouvert ou caché à l’intérieur de l’installation. Par le passé, la prison comptait des milliers de personnes innocentes arrêtées par l’ancien régime d’Assad. Les familles des disparus et des survivants espéraient que certains prisonniers n’avaient pas pu partir au cours des deux derniers jours, étant retenus dans des zones scellées et hautement sécurisées, selon les témoignages des proches des disparus. »
En réponse aux rumeurs sur des cellules souterraines cachées, « des équipes spéciales des Casques blancs ont procédé à une recherche approfondie dans toutes les parties, installations, sous-sols, cours et zones autour de la prison. Ces opérations ont été menées avec l’aide de personnes connaissant la configuration de la prison. Cependant, aucune preuve de cellules ou sous-sols secrets n’a été découverte. »
L’organisation a exprimé sa solidarité avec les citoyens syriens qui espéraient retrouver leurs proches dans les sous-sols de la prison : « Nous partageons la profonde déception des familles des milliers de disparus dont le sort reste inconnu. Nous sommes solidaires des familles des victimes, comprenons leur douleur et leur désir de réponses concernant leurs proches. Nous appelons les utilisateurs des médias sociaux à prêter attention aux informations erronées et aux rumeurs circulant sur les prisons et les détenus. Faites preuve de prudence avant de partager ou de diffuser de telles informations en ligne afin de respecter les familles des victimes et d’éviter de leur causer une détresse psychologique inutile. »
Hier, le leader de l’organisation rebelle syrienne Hayat Tahrir al-Sham, Abou Mohammad al-Joulani, a annoncé son intention de poursuivre et de punir sévèrement toute personne impliquée dans la torture des citoyens syriens sous le régime d’Assad. Dans une déclaration, il a affirmé : « Nous publierons une première liste contenant les noms de hauts responsables impliqués dans la torture du peuple syrien afin de les traduire en justice. Nous traquerons les criminels de guerre et demanderons leur extradition des pays où ils se sont réfugiés pour qu’ils reçoivent une juste punition. Nous offrirons des récompenses à toute personne fournissant des informations sur des officiers supérieurs de l’armée ou des forces de sécurité impliqués dans des crimes de guerre. Nous réaffirmons notre engagement envers la tolérance envers ceux qui ne sont pas impliqués dans le sang du peuple syrien et avons accordé une amnistie à ceux ayant servi sous la conscription obligatoire. »