Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Il a publié Journal de guerre. C’est l’Occident qu’on assassine (Fayard, 2024). Il est également président d’Avocats sans frontières.
Dans mon Journal de guerre, j’écrivais dès le 11 octobre : «J’entends ici prendre date. Le grand pogrom commis par les islamo-nazis a trois jours et la vraie riposte d’Israël n’a pas encore commencé. Je ne donne pas encore trois jours pour qu’Israël soit nazifié et les Arabes de Palestine peints en martyrs génocidés». Nous y sommes de plain-pied.
Je ne traiterai pas ici de MSF, considéré par l’audiovisuel public comme un témoin de moralité, bien que Rima Hassan ait appartenu à son conseil d’administration et que son ancien directeur général, l’ancien sénateur belge Alain Destexhe, ait publié un rapport documenté dénonçant les rapports de certains de ses employés à Gaza avec le Hamas. Un article du JDD ce dimanche est édifiant sur le sujet. Je ne consacrerai cette chronique qu’à Amnesty International, qui vient de publier une «enquête» accusant Israël de génocide. Le Monde a publié une tribune collective jeudi 5 décembre dernier faisant miel de ce fiel.
Avant cela, Amnesty International aura popularisé le concept, manifestement contraire à la réalité juridique et factuelle, d’«Israël, État apartheid». À chaque époque donc, l’épithète infamante, l’étiquette déshonorante à la mode du temps méchant. En 1975, le «Sionisme raciste» selon l’ONU (qui s’est depuis rétracté) puis l’apartheid : voici venu l’État juif pogromisé génocidaire. Il sera désormais difficile de faire pire, Amnesty ayant touché le fond du puits empoisonné.
Amnesty International n’a plus le moindre rapport avec l’association fondée en 1961 : elle s’est extrêmement gauchisée et se caractérise par un anti-occidentalisme déchaîné.
Gilles-William Goldnadel
Je ne m’abaisserai pas ici, une nouvelle fois, à réécrire l’histoire de la brutalité militaire de Churchill et Roosevelt contre les villes allemandes et françaises, sans évoquer Hiroshima. Ou des bombardements alliés contre l’État Islamique sur Raqqa. Et je ne sache pas que le tyran syrien déchu ait été taxé de génocidaire par Amnesty ou qu’il soit recherché par la Cour pénale internationale… Je viens ici uniquement écrire la triste chronique d’une association partiale dévoyée et pourtant prise opportunément encore par certains pour digne de foi.
L’ONG d’aujourd’hui n’a plus le moindre rapport avec la merveilleuse association fondée en 1961 et exclusivement dédiée à la libération des prisonniers politiques. Peu à peu, celle-ci s’est extrêmement gauchisée et se caractérise par un anti-occidentalisme déchaîné. Depuis 2021, sa secrétaire générale est une adepte de la théorie du genre, la dirige et en a encore accentué la radicalité et soutient sans modération le mouvement Black Lives Matter.
Je pourrais multiplier les exemples de la même farine, mais je me concentrerai sur la question d’Orient. La présidente actuelle s’est également illustrée en accusant les Israéliens – vieille antienne – d’avoir empoisonné Yasser Arafat, ce à quoi même sa veuve Souha ne croit plus. Son association aura également et jusqu’au bout pris la défense d’Hassan Diab, auteur de l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic, finalement condamné à perpétuité par la Cour d’Assises de Paris. Son protégé s’est réfugié au Canada, d’où la France peine à le faire extrader.
La détestation d’Israël et le soutien à l’islam politique sont chez Amnesty International plus forts que la détestation du régime algérien.
Mohamed Sifaoui
Enfin, un article du Monde du 14 janvier 2024 consacré aimablement à Rima Hassan nous apprend que celle-ci s’était récemment vue proposer un poste par Amnesty. Tout est dit, ou presque. J’ai écrit au début de cette chronique que l’association originellement dédiée à la défense des prisonniers politiques avait oublié son objet initial et sacré. Difficile de mieux l’établir qu’en constatant qu’elle a oublié dans son cachot Boualem Sansal… Reste à savoir pourquoi. Au début de cet article, j’ai, comme toujours s’agissant de l’idéologie gauchisante, avancé la détestation de l’Occident. Mais s’agissant de l’abandon par Amnesty International de Boualem Sansal, le journaliste et écrivain franco-algérien Mohamed Sifaoui a livré vendredi sur X des explications qui vont plus loin et que je reproduis par approbation :
«La position d’Amnesty est d’une lâcheté jamais égalée. L’organisation, plus proche des milieux wokistes et islamistes que des démocrates, refuse en vérité pour des questions idéologiques de soutenir Boualem Sansal. Et détrompez-vous, ce n’est guère par connivence avec le régime algérien. Durant la guerre civile des années 1990, l’organisation accablait le pouvoir d’Alger de toutes les tares et lui imputait y compris les crimes des islamistes, dédouanant ces derniers au passage. Non, Amnesty International qui sait pertinemment que l’écrivain franco-algérien est détenu arbitrairement par le pouvoir d’Alger, refuse de le soutenir en raison de sa dénonciation de l’islamisme et de son soutien à Israël.
C’est dire que cette information pourrait convenir à Alger : la détestation d’Israël, des sionistes (peut-être même des Juifs?) et le soutien à l’islam politique sont chez Amnesty International plus forts que la détestation du régime algérien. L’indignation sélective qui caractérise l’ONG ne saurait s’expliquer autrement».