Des chercheurs ont identifié un plan gouvernemental organisé visant à la « russification » des enfants ukrainiens, comprenant l’effacement de leur identité ukrainienne et leur placement dans des familles russes.
JDN – Itamar Ben Kalifa
Pendant de longs mois, la Russie a nié les accusations, mais une nouvelle étude américaine révèle une vérité choquante : les avions personnels de Vladimir Poutine ont été utilisés pour transférer des centaines d’enfants ukrainiens de leurs foyers vers le territoire russe, dans ce qui est appelé « l’opération de russification. »
Selon un rapport de l’agence Reuters, une étude approfondie de l’université de Yale, financée par le département d’État américain, détaille comment le Kremlin a mis en place un réseau sophistiqué de vols secrets, de documents falsifiés et de familles d’accueil russes pour effacer l’identité ukrainienne des enfants.
Les chercheurs ont identifié au moins 314 enfants déplacés de force, mais estiment que le nombre réel est bien plus élevé.
« Ce n’était pas une opération spontanée », explique Nathaniel Raymond, directeur du laboratoire humanitaire de Yale. « Il s’agissait d’un plan méticuleusement orchestré par le Kremlin, impliquant des modifications législatives, des décisions politiques et des budgets dédiés. »
Selon lui, Poutine lui-même a été profondément impliqué dans ce programme, utilisant des avions de l’armée de l’air russe et d’autres appareils sous son contrôle direct pour transférer les enfants.
L’étude révèle des détails glaçants sur le processus : les enfants étaient d’abord emmenés depuis les territoires occupés d’Ukraine vers la ville de Rostov, près de la frontière. De là, ils étaient transportés par des avions militaires vers la base de Chkalovsky, près de Moscou. L’un des avions identifiés dans l’étude, un Tupolev TU-154M immatriculé RA-85123, appartient à la 223e escadrille du ministère russe de la Défense.
Parmi les enfants retrouvés, plus de la moitié – 166 précisément – ont été directement placés dans des familles russes. Les autres ont été inscrits dans des bases de données de placement pour enfants, certains ayant déjà été confiés à des familles d’accueil russes. Le sort de nombreux autres enfants reste inconnu.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réagi avec colère aux conclusions : « L’Ukraine ne se reposera pas tant que chaque enfant n’aura pas retrouvé son foyer. » Selon les estimations de Kiev, environ 19 500 enfants ont été enlevés vers la Russie ou la Crimée occupée depuis le début de l’invasion – un chiffre stupéfiant qui illustre l’ampleur de la tragédie.
À la lumière de ces découvertes, la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye envisage d’étendre les accusations portées contre Poutine. Déjà, en mars 2023, la CPI avait émis un mandat d’arrêt contre lui et contre sa commissaire aux droits des enfants, Maria Lvova-Belova, pour suspicion de crimes de guerre.
Lvova-Belova, pour sa part, affirme que tout a été fait « pour des raisons humanitaires » et qu’aucun enfant n’a été transféré de force. Le Kremlin, comme on pouvait s’y attendre, a refusé de commenter les conclusions accablantes du rapport.
