Le commandant du Commandement Sud avait mis en garde contre les ruses du Hamas, mais est tombé dans le piège le 7 octobre

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En 2022, Yaron Finkelman (notre photo), alors chef de la division des opérations de l’état-major, avait étudié le document intitulé « ‘Homat Yericho » (le Mur de Jéricho), qui détaillait un plan d’invasion du Hamas en Israël. Il avait conclu que le Hamas ne pourrait surprendre Israël qu’à travers une ruse, simulant un exercice ou en exploitant une mauvaise évaluation israélienne interprétant ses actions comme une préparation à une attaque israélienne. Pourtant, dans les heures précédant le massacre du 7 octobre, Finkelman, désormais général et commandant du Commandement Sud, a repris ces mêmes hypothèses erronées lors d’une discussion cruciale sur l’escalade de la préparation du Hamas.

Ynet

Une mise en garde ignorée

Selon des enquêtes internes de Tsahal, Yaron Finkelman avait été informé, dès 2022, des détails du plan « Homath Yericho », obtenu par l’unité 8200 du renseignement militaire. Ce plan, élaboré par le Hamas, prévoyait une attaque de grande ampleur contre Israël. Malgré cette connaissance préalable, il n’a pas su anticiper l’attaque surprise.

Un haut responsable militaire a déclaré :

« Il est incompréhensible que cet officier, conscient des risques, soit tombé dans ce piège. De plus, il a rapidement promu des responsables ayant contribué à cet échec stratégique. »

Une analyse erronée avant l’attaque

Dans la nuit du 7 octobre 2023, à 3 heures du matin, Finkelman a dirigé une réunion d’évaluation via un téléphone sécurisé. Cette réunion, ainsi que celle tenue peu après par le chef d’état-major, figuraient parmi les discussions les plus critiques avant l’invasion.

Le Hamas avait montré des signes d’augmentation de sa préparation militaire. Selon le rapport de cette réunion, ces mouvements avaient été interprétés comme :

  1. Un exercice du Hamas
  2. Une réaction à une éventuelle attaque israélienne post-fêtes juives

La possibilité d’une offensive surprise du Hamas n’a été évoquée qu’en fin de discussion. Cette évaluation a conduit Israël à sous-estimer les intentions réelles du Hamas, qui a réussi à masquer ses préparatifs d’attaque tout en faisant croire à une volonté de désescalade.

Un plan connu mais sous-évalué

Le document « Homat Yericho », obtenu par l’unité 8200 en avril 2022, décrivait un plan élaboré incluant :

  • Une offensive simultanée de 14 compagnies pénétrant en Israël
  • Des attaques aériennes et maritimes
  • Des tirs de mortiers, de missiles antichars, et des drones explosifs
  • Une ruse initiale sous forme d’un exercice militaire à grande échelle

Cependant, à l’époque, les responsables militaires considéraient ce plan comme une simple hypothèse théorique destinée à orienter le renforcement des capacités du Hamas, et non comme un projet opérationnel imminent.

Conséquences tragiques

Le 7 octobre, le Hamas a exploité ces hypothèses erronées pour lancer son attaque surprise, causant des pertes humaines et un chaos considérables. Cette tragédie met en évidence un échec collectif d’anticipation et de coordination au sein des renseignements israéliens.

Les enquêtes en cours soulignent que les alertes initiales avaient été mal interprétées ou sous-estimées, contribuant à une des attaques les plus dévastatrices contre Israël ces dernières décennies.

Deux jours après la diffusion du document, le général de brigade Yaron Finkelman, alors chef de la division des opérations de l’état-major, a convoqué une réunion sur le thème : « Approfondissement des renseignements sur Homat Yericho » (Le Mur de Jéricho), dont des extraits avaient été publiés pour la première fois par Nadav Eyal.

Réunion stratégique sur le plan « Homat Yericho »

La réunion, à laquelle participaient des représentants de la division des opérations, de la division de Gaza, du Commandement Sud et du renseignement militaire, avait pour objectif de formuler une réponse opérationnelle au plan Homat Yericho. Trois semaines plus tard, un résumé de cette réunion a été diffusé, mentionnant les scénarios principaux permettant au Hamas de mettre en œuvre ce plan par surprise.

Selon Finkelman, deux scénarios critiques pouvaient permettre une surprise :

  1. Une simulation déguisée en exercice militaire, similaire à ce qui s’est produit avant la guerre de Kippour.
  2. Une mauvaise interprétation par Israël d’une montée en alerte du Hamas, perçue à tort comme une réaction à une attaque israélienne imminente.

Un haut responsable militaire a commenté hier :

« Finkelman avait lui-même identifié ces deux scénarios comme des moyens pour le Hamas de surprendre Israël. Pourtant, il est tombé dans ce piège précisément lors de la nuit du 7 octobre. »

Ordres donnés et mise en œuvre incertaine

Lors de la réunion, Finkelman avait ordonné une série de préparatifs pour faire face à une éventuelle mise en œuvre de ce plan :

« Il faut se préparer à ce scénario dans le cadre des combats, en vérifiant si les plans d’urgence actuels offrent une réponse opérationnelle adéquate, tant sur le plan de la planification que de la mobilisation des forces et des états d’alerte, » indiquait le résumé.

Il avait également demandé une révision des plans existants et l’élaboration de nouvelles stratégies, à réaliser tant au niveau de l’état-major qu’au Commandement Sud. Une fois ces tâches accomplies, il avait prévu une réunion pour présenter une réponse opérationnelle globale.

Cependant, il reste incertain si ces instructions ont été exécutées ou si une supervision adéquate a été mise en place pour vérifier leur mise en œuvre. Il est également inconnu si, lors de sa promotion au poste de commandant du Commandement Sud, Finkelman a vérifié si ses directives avaient été suivies.

Contexte et responsabilités partagées

Un haut responsable militaire a défendu Finkelman en affirmant qu’il avait quitté son poste de chef des opérations peu après la réunion et qu’il n’avait pris ses fonctions de commandant du Commandement Sud qu’en juillet 2023, trois mois avant la guerre. Selon cette version, ni son prédécesseur, le général Eliezer Toledano, ni les services de renseignement du Commandement Sud, ne l’auraient informé de l’importance réelle du plan Homat Yericho.

Cette situation met en lumière un échec collectif au sein de Tsahal et de la communauté du renseignement : de nombreux officiers à tous les niveaux n’ont pas su transformer les informations cruciales en modèles d’alerte et en scénarios de référence appropriés.

Les décisions du 7 octobre

Lors de la réunion du 7 octobre à 3 heures du matin, Finkelman disposait de l’évaluation du renseignement militaire et du Shabak selon laquelle le Hamas ne préparait pas une attaque surprise. Bien qu’il ait envisagé l’hypothèse d’un raid limité, il n’a donné que des ordres généraux et limités, privilégiant une approche prudente pour éviter de dévoiler les informations à l’ennemi.

Le résumé de cette réunion stipule :

« Le commandant a ordonné de renforcer la préparation tout en évitant toute action qui pourrait révéler à l’ennemi qu’Israël est conscient d’une anomalie. »

Critiques et enquêtes en cours

Il a également été ordonné de déployer des drones armés, mais des témoignages indiquent que seuls des drones d’observation ont été utilisés. Les forces au sol n’ont pas été pleinement alertées. En conséquence, aucune alerte claire n’a été transmise aux unités de première ligne ou aux civils.

Hier, le ministre de la Défense, Israël Katz, a gelé la promotion du colonel Efraïm Avni, nommé récemment à la tête de la brigade des parachutistes, afin d’examiner son rôle dans les événements du 7 octobre.

Tsahal a déclaré :

« L’enquête sur les événements du 7 octobre et leurs antécédents est en cours et sera présentée de manière transparente au public une fois terminée. »

NDLR :  Ils sont incapables de concevoir que le Ciel a bloqué leurs esprits…

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