Ce n’est pas tous les jours qu’un miracle survient pour le peuple d’Israël, un miracle qui sauve l’État. J’ai été le seul à dire, à écrire et à publier que les cris de victoire étaient prématurés, car nos succès à éliminer Nasrallah et ses acolytes ainsi que Sinwar n’étaient pas suffisants.
Général de réserve Yitzhak Brik – Ma’ariv
Ce n’est pas tous les jours qu’un miracle survient pour le peuple d’Israël, un miracle qui sauve l’État. Cela fait des années que je mets en garde contre la vulnérabilité de nos frontières, qui ne sont pas protégées pour les raisons suivantes : manque de soldats, sécurité quotidienne vacillante, nos localités incapables de se défendre, et des commandants supérieurs arrogants et irresponsables qui ont abandonné la défense des frontières de l’État depuis 20 ans.
Il n’y a pas de plans de défense pour nos frontières, et l’armée manque cruellement d’unités à cause de réductions drastiques des effectifs. Le miracle qui nous est arrivé a eu lieu le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a attaqué les localités autour de Gaza et que le Hezbollah – doté des vastes capacités opérationnelles de la force Radwan, équipée d’armes parmi les plus avancées au monde (des dizaines de milliers de missiles, roquettes et drones) – n’a pas rejoint l’attaque du Hamas.
Si le Hezbollah avait attaqué en même temps, nous aurions perdu la Galilée et n’aurions pas pu mobiliser l’armée. Le miracle nous a permis de mobiliser Tsahal pour la suite des combats et de frapper durement le Hezbollah. Je me souviens des déclarations arrogantes des niveaux politique et militaire, des analystes et des généraux à la retraite : « Nouveau Moyen-Orient », « Nous sommes sur le point de dominer la région », « Nous sommes à deux doigts de vaincre le Hamas et le Hezbollah et d’affaiblir l’Iran », « Le Hezbollah est sur le point de s’effondrer, et le Hamas est déjà défait », « Nous devons conquérir tout le Liban, personne ne nous arrêtera ». Ce ne sont que quelques-unes des déclarations de personnes qui regardent la réalité à travers le trou d’une serrure et ne voient pas l’image globale, interprétant chaque succès comme une victoire écrasante.
J’ai été le seul à dire, écrire et publier que les cris de victoire étaient prématurés, car nos succès à éliminer Nasrallah et ses acolytes ainsi que Sinwar, et les frappes de nos avions sur de nombreux arsenaux du Hezbollah, n’étaient pas des signes de victoire dans cette guerre. Beaucoup m’ont critiqué, comme ils l’avaient fait avant l’attaque autour de Gaza. Nous avons une direction boiteuse, qui avance sur des béquilles, et de nombreux citoyens se comportent comme un troupeau de naïfs, oubliant très vite ce qui nous est arrivé, ne tirant pas de leçons, et n’arrivant pas à tirer les bonnes conclusions de la gestion des événements. La vérité ne guide pas leurs pas, et les faits n’intéressent personne ; tout est géré par les émotions et non par la raison, dans l’arrogance et avec un ensemble de clichés.
Aujourd’hui, on voit bien que j’avais raison : la guerre d’usure se poursuit de toutes ses forces, le Hezbollah s’est rétabli et tire plus de cent missiles, roquettes et drones chaque jour, en plus grand nombre et sur une plus vaste superficie qu’avant l’élimination de Nasrallah. Les missiles atteignent notre frontière nord jusqu’à Tel Aviv, détruisent le nord, paralysent les activités sociales et économiques, et causent de nombreuses pertes. L’existence du Hamas a également été prouvée, car il se terre en sécurité dans ses tunnels pendant des années, tuant nos soldats chaque jour.
La guerre d’usure, comme mentionné, continue et ravage tout ce qui est bon dans notre pays : elle nuit à l’économie israélienne, détruit nos relations internationales, endommage sévèrement notre cohésion sociale, et épuise les capacités de l’armée de terre, dont 40 % des soldats ne répondent plus aux ordres de mobilisation.
L’abandon des habitants des localités autour de Gaza lors de leur enlèvement, ainsi que l’échec à les libérer alors qu’ils dépérissent dans des tunnels sombres et suffocants, seront inscrits dans le livre noir de l’histoire du peuple d’Israël pour l’éternité. La plaie profonde dans les cœurs de millions de citoyens ne guérira jamais, et ce traumatisme national aura un impact grave sur la capacité des habitants de ces régions et des citoyens israéliens à se reconstruire.
Jusqu’à présent, aucun des objectifs de la guerre n’a été atteint : les otages ne sont pas libérés, les déplacés ne sont pas rentrés chez eux, et Tsahal n’a ni détruit le Hamas ni le Hezbollah. On peut dire qu’aujourd’hui, nous nous tenons au bord du précipice à cause d’une direction politique qui refuse de mettre fin à la guerre la plus longue de l’histoire d’Israël pour des raisons de survie politique, avec un attachement inébranlable au pouvoir, coûte que coûte.
En conclusion, seule l’union de tous les secteurs de la population et le remplacement immédiat de la direction politique et militaire permettront de voir la lumière au bout du tunnel. Il faut prendre ces mesures : parvenir à un accord politique sous médiation américaine pour libérer les otages, permettre le retour des déplacés chez eux et à leur travail ; arrêter l’effondrement économique ; prévenir l’effondrement social qui nous mène déjà à une guerre civile ; stopper la dégradation de nos relations internationales ; reconstruire l’armée pour en faire une force défensive et offensive capable de faire face aux menaces existentielles croissantes ; et établir une alliance de défense avec les États-Unis, les États arabes, et les pays européens contre l’axe du mal (Chine, Russie, Iran, Corée du Nord). Tout cela pourrait sauver l’État d’une destruction totale qui s’aggrave de jour en jour.
Le temps ne joue pas en notre faveur. Ce que nous pouvons encore obtenir aujourd’hui par un accord politique entre le Liban et Israël, sous médiation américaine, ne sera plus possible dans quelques mois, car le Hezbollah continue de nous frapper de la frontière nord jusqu’à Tel Aviv (même après les succès de Tsahal), et il pourrait décider de poursuivre la guerre d’usure et de rejeter tout accord politique.
Commentaire : Brik est connu pour ses positions extrêmes, mais son approche est intéressante, et doit laisser réfléchir sur ce qui doit être fait. Mais céder comme il le préconise, baisser pavillon et arriver à des accords politiques, cela semble bien déplacé, malheureusement. Ce que l’on appelle « l’ancienne conception »…
Et aussi : c’est vrai qu’il y a encore beaucoup de problèmes, des otages, des pertes quotidiennes, etc…Mais peut-être y aura-t-il d’autres miracles ?