La combinaison d’un groupe fermé, qui mène un mode de vie très différent de la majorité laïque, avec un fort pouvoir politique entre ses mains, a évité dans le passé, et évitera à l’avenir, la conscription militaire. Les discussions actuelles au sein du gouvernement et de la Knesset ne visent pas sérieusement à encourager les orthodoxes à s’enrôler – ce ne sont que des tentatives de politiciens de tirer profit de la situation.
Par Amnon Levy | Ma’ariv
Il faut dire la vérité : les orthodoxes ont raison. L’instruction de la conseillère juridique de supprimer le soutien aux garderies pour les femmes travaillant dont les conjoints étudient en Yechiva est une erreur. En réalité, cela fait partie d’une conception erronée.
Commençons par le début. La grande majorité des jeunes orthodoxes ne sert pas dans l’armée, et, spoiler, ils ne serviront pas à l’avenir. Cela n’arrivera pas. On peut être en colère, s’opposer, dire que ce n’est pas juste ; c’est vraiment très injuste. Mais la combinaison d’un groupe fermé, qui mène un mode de vie fondamentalement différent de la majorité laïque, avec un pouvoir politique très fort, a évité et continuera d’éviter la conscription. Les discussions actuelles au gouvernement et à la Knesset ne visent pas sérieusement à encourager les orthodoxes à s’engager. Ce ne sont que des tentatives de politiciens de tirer profit de la situation.
Pour la majorité du public, c’est un discours de colère qui découle d’un désir de revanche contre les orthodoxes. Revanche parce que « mon fils sert dans l’armée, alors que le vôtre ne le fait pas ». Je sais de quoi je parle. En écrivant ces mots, mon fils, qui est en permission de réserve, est assis en face de moi.
Puisqu’il est impossible de mobiliser les orthodoxes, on cherche des moyens de les embêter. Par exemple, l’instruction de la conseillère juridique de cesser de soutenir les garderies pour les enfants de ceux qui échappent à la conscription. Cette directive fait partie d’une tentative historique biaisée de lier le bien-être au service militaire. Par le passé, quand on voulait empêcher les Arabes et les orthodoxes de recevoir des allocations, on les a liées au service militaire. Il y avait même un nom pour cela : la « KI’TZ », l’allocation des vétérans de l’armée. Entre 1970 et 1996, une allocation pour enfants était versée aux réservistes. La question importante est : quel est le lien entre le bien-être et le service militaire dans un État moderne ? Les enfants des orthodoxes exemptés de service ont-ils moins besoin de garderies ? Ont-ils moins besoin d’éducation ?
Dans ce cas, la directive de la conseillère juridique est encore plus problématique. La grande majorité des femmes orthodoxes travaillent. Elles sont les principales sources de revenus, tandis que leurs maris étudient. La suppression des allocations pour les garderies posera un sérieux problème. Qui prendra soin des enfants ? Les étudiants en Yechiva ? Ils n’abandonneront pas la Yechiva pour s’occuper des enfants, cela retomberait sur les épaules des femmes. Dans ce cas, l’une des deux options se produira : soit la charge déjà lourde pesant sur les femmes orthodoxes s’alourdira encore plus, soit elles devront arrêter de travailler pour s’occuper des enfants. Quel est notre bénéfice ? Que les membres actifs de la société orthodoxe retournent à la maison ?
Vous direz que quelque chose doit quand même être fait. Il est intolérable que nos fils servent dans l’armée tandis que les leurs échappent au service. Avant de parler de ce que l’on peut faire, il faut préciser ce qu’il ne faut pas faire : ne pas lier le bien-être au service militaire. Toute personne dans le besoin, qu’elle soit orthodoxe, laïque ou arabe, mérite d’être soutenue. La gauche sociale en Israël est tellement absorbée par sa colère contre les orthodoxes qu’elle a oublié que sa mission en tant que gauche est de s’opposer à ce lien inapproprié.
La façon d’encourager l’enrôlement dans Tsahal est de leur accorder une exemption complète. Cela semble une erreur de frappe ? Eh bien, ce n’en est pas une. Les étudiants orthodoxes n’obtiennent pas aujourd’hui d’exemption de l’armée. Ils obtiennent seulement un report de service d’un an, à condition qu’ils continuent d’étudier en Yechiva. En échange, ils n’ont pas le droit de travailler, ni, bien sûr, de s’enrôler. Chaque année, le jeune orthodoxe doit obtenir la signature de son directeur de Yechiva pour prolonger son report d’une année supplémentaire. De cette manière, les rabbanim réussissent à retenir les jeunes auprès d’eux. Ils causent des problèmes ? On ne leur signe pas leur report.
Ainsi, nous les perdons deux fois. Une première fois pour l’armée, et une deuxième fois pour le travail.
Il y a plusieurs années, j’ai proposé de remplacer ce report annuel par une exemption complète. Je pense qu’une partie significative des étudiants en Yechiva quitteraient alors leurs études pour travailler. Ils s’intégreraient dans la société générale et seraient plus conscients et sensibles à ses besoins. Je n’imagine pas un jeune orthodoxe travaillant dans la high-tech avec des collègues laïcs imitant les rabbins orthodoxes, en disant que « mourir dans la tente de la Tora » est équivalent à « mourir pour défendre le pays ».
D’ailleurs, j’ai déjà proposé cette idée lors d’une discussion publique en présence d’Arié Derhy. Il en a été horrifié. Accorder une exemption complète aux jeunes orthodoxes au lieu d’un report ? Que D’ nous en préserve. Cela bouleverserait toute la structure de la société orthodoxe. Je sais, c’est une longue route, et nous avons besoin de soldats maintenant, mais malheureusement, je ne connais pas de raccourci dans ce domaine.