L’émergence des véhicules sous-marins autonomes (UUV) représente un défi crucial pour la sécurité maritime d’Israël, ouvrant un front inattendu mais potentiellement dangereux dans les eaux méditerranéennes et au-delà. Bien que moins visible que les affrontements aériens ou terrestres, cette nouvelle menace sous-marine pourrait causer d’importants dommages aux infrastructures stratégiques israéliennes, telles que les plateformes gazières en mer, et aux voies de navigation.
Les récents incidents, notamment les attaques des rebelles houthis dans la mer Rouge et les perturbations des câbles de communication sous-marins, illustrent clairement la capacité de certains groupes armés à opérer sous la surface des océans. En mars dernier, la coupure de trois câbles dans la région a perturbé une grande partie du trafic Internet reliant l’Asie à l’Europe. Bien que l’origine exacte de cet acte reste floue, il met en lumière la vulnérabilité des infrastructures sous-marines à des attaques ciblées.
L’implication de l’Iran dans le développement et la fourniture de véhicules sous-marins autonomes à ses alliés est désormais bien établie. En février dernier, une cargaison interceptée par les forces américaines contenait des équipements destinés aux Houthis, y compris des composants pour ces engins autonomes. L’Iran possède une longue expérience dans les opérations sous-marines, avec une flotte diversifiée allant des sous-marins de la classe « Kilo » à ceux de la classe « Ghadir », capables de poser des mines ou de lancer des torpilles. Ces capacités se sont récemment étendues aux UUV, renforçant la menace maritime pour Israël.
Les UUV iraniens, bien que plus lents que les torpilles traditionnelles, sont particulièrement adaptés aux attaques contre des navires à l’arrêt ou se déplaçant lentement. Leur capacité à plonger profondément et à rester sous l’eau pendant de longues périodes en fait des armes redoutables, notamment contre les navires israéliens et les plateformes offshore.
Le Hezbollah et le Hamas, principaux alliés de l’Iran dans la région, ne sont pas en reste en matière de développement de capacités sous-marines. En 2021, l’armée israélienne a intercepté un navire autonome utilisé par le Hamas, probablement destiné à une attaque contre des cibles maritimes israéliennes. Ce type de menace pourrait devenir plus fréquent à mesure que ces groupes paramilitaires perfectionnent leurs compétences dans l’utilisation des véhicules sous-marins autonomes.
Face à ces menaces croissantes, Israël doit réévaluer ses stratégies de défense navale. La marine israélienne, avec ses sous-marins de la classe « Dolphin » et d’autres capacités avancées, est bien équipée, mais peut-être pas suffisamment pour contrer des attaques prolongées de véhicules sous-marins autonomes. Il est impératif de développer des systèmes de détection sous-marine, tels que les sonars, capables de repérer et de neutraliser ces UUV avant qu’ils ne puissent causer des dommages.
Israël devrait également renforcer sa coopération avec d’autres pays confrontés à des menaces similaires, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui investissent massivement dans la protection de leurs côtes contre les attaques sous-marines. La collaboration internationale et l’échange d’expertise sont essentiels pour développer des solutions innovantes et abordables face à cette menace émergente.
Cet article est extrait d’un texte écrit par Elie Klutstein pour le journal « Israël hayom ».
Elie Klutstein est chercheur à l’Institut Misgav pour la sécurité nationale.
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