Un commentateur militaire – un des nombreux “experts” qui remplissent les plateaux des grandes chaînes télévisées israéliennes – aurait déclaré récemment que “liquider Sinwar était une mauvaise idée”, car cela… “serait bon pour le Hamas” ! Par-delà son absurdité, cette anecdote est révélatrice de l’état d’esprit d’une gauche enfermée dans sa haine abyssale pour Nétanyahou, pour le sionisme religieux et pour les Juifs orthodoxes, qui ne regarde les événements dramatiques que vit Israël depuis le 7 octobre qu’à travers le prisme déformant de sa vision du monde manichéenne, totalement déconnectée des réalités. En voici quelques exemples (parmi tant d’autres).
Dans le monde manichéen de la gauche israélienne (et juive), ““Le problème d’Israël ce n’est pas le Hamas, c’est Netanyahou”, comme l’a expliqué un professeur de l’université de Tel-Aviv à un intellectuel juif français dont je tairai le nom… Dans le monde manichéen de la gauche israélienne, “Israéliens et Palestiniens sont sous la coupe des leaders les plus funestes qu’ils ont connus depuis un siècle” (Denis Charbit, politologue).
Dans le monde manichéen de la gauche israélienne, “Il n’y a aucune différence entre Sinwar, Ben Gvir et les évangélistes, car ils partagent tous la même vision” (Edgar Keret, écrivain). Dans le monde manichéen de la gauche israélienne, “Netanyahou ne souhaite pas voir la guerre actuelle se terminer. Au contraire, son objectif serait d’instaurer un état d’urgence permanent pendant 10 ans au minimum” (Eliad Shraga, fondateur du “mouvement pour la qualité de la gouvernance”).
Dans le monde manichéen de la gauche israélienne, “la dimension religieuse joue un rôle important dans la politique de la coalition extrémiste de Netanyahou et plus encore dans le militantisme intransigeant du Hamas, du Hezbollah et de leur protecteur, l’Iran” (Saul Friedlander, historien). Dans le monde manichéen de la gauche israélienne et juive, “les sionistes religieux [manifestent une] volonté de soumettre les Palestiniens telle qu’ils peuvent envisager leur expulsion de l’ensemble des territoires, et donc une politique d’épuration ethnique (Bruno Karsenti, sociologue).
Je pourrais évidemment continuer la liste… Pour ceux qui s’intéressent aux divagations politiques et intellectuelles de la gauche israélienne, vous pouvez écouter Denis Charbit – devenu un invité quasi-quotidien des médias français, où il pérore avec une sorte de jubilation narcissique – ou encore lire le site K-la Revue, qui donne généreusement la parole aux intellectuels israéliens de gauche les plus farfelus. Fort heureusement, toute la gauche israélienne et juive ne vit pas dans ce monde fantasmagorique.
Certains de ses représentants ont fait, depuis le 7 octobre, un heureux retour à la réalité (Hitpak’hout en hébreu). Ainsi de BHL qui est devenu un des plus brillants défenseurs d’Israël dans les médias francophones, et qui a déclaré cette semaine, « Quand un pays est engagé dans une guerre existentielle, on ne change pas de commandant en chef au milieu de la bataille« . Bravo et merci M. Bernard-Henri Lévy. Vous sauvez l’honneur de la gauche juive et israélienne. Chana tova!