L’opportunité inhérente à l’élection de Sinwar à la tête du bureau politique du Hamas

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« L’élection de Sinwar ouvre la possibilité de son départ de la bande de Gaza, qu’il pourrait présenter non comme une fuite mais comme une nécessité vitale. »

Be’hadré ‘Harédim – Meir Gilboa

Le professeur Kobi Michael, chercheur principal à l’Institut d’études sur la sécurité nationale, souligne les implications pratiques de l’élection surprenante de Yahya Sinwar à la tête du bureau politique du Hamas, en remplacement d’Ismail Haniyeh qui a été éliminé à Téhéran.

Il écrit : Yahya Sinwar, leader du Hamas dans la bande de Gaza, a été élu à la tête du bureau politique du Hamas, en fait à la tête de l’organisation, en remplacement d’Ismail Haniyeh qui a été éliminé à Téhéran la semaine dernière. Son élection était complètement inattendue et son nom n’avait pas été évoqué parmi les candidats potentiels pour succéder à Haniyeh. Son élection témoigne de son statut et de son influence au sein de l’organisation, ainsi que de la position centrale de la bande de Gaza dans le mouvement.

On ne sait pas exactement comment cette élection a eu lieu et si, comme à l’accoutumée au Hamas, elle a été réalisée par le Conseil de la Choura, et si oui, comment et où, mais l’élection est officielle et a été annoncée comme telle dans un communiqué officiel de l’organisation. Par ailleurs, il n’est pas tout à fait clair comment Sinwar dirigera l’organisation tout en étant caché et constamment en fuite face aux forces de Tsahal qui le poursuivent. D’autre part, sa nomination en tant que leader de l’organisation en plus de son rôle de leader dans la bande de Gaza, le rend essentiel et peut-être l’unique source d’autorité de l’organisation en ce qui concerne les négociations sur les otages. Son influence dans ce domaine était déjà notable auparavant et il avait tendance à mépriser Ismail Haniyeh, mais maintenant il n’aura aucun obstacle ou perturbation et si les rumeurs ou évaluations sur la ligne dure de Haniyeh sont vraies, alors maintenant que l’obstacle est levé, il est possible que Sinwar puisse faire avancer un accord plus facilement.

L’élection de Sinwar à ce poste peut être interprétée comme une reconnaissance et une appréciation de la centralité de la bande de Gaza, de sa conduite de la résistance armée et du lourd prix qu’elle a payé. En même temps, cette élection reflète également le statut de Sinwar et un message important du Hamas aux Palestiniens, à Israël et à tous les autres sur sa résilience et sa continuité fonctionnelle.

En supposant que Sinwar cherche à consolider son statut de leader de l’organisation et à écarter tout obstacle ou candidat en vue des élections à la tête de l’organisation prévues en 2025, il est probable qu’il voudra conclure un accord et mettre fin à la guerre avec des garanties pour sa sécurité personnelle, afin d’assumer pleinement le rôle de leader de l’organisation avec une nouvelle énergie pour l’avenir. Par conséquent, il se pourrait que nous ayons une opportunité de mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza avec un accord sur les otages plus favorable à Israël et même avec la possibilité du départ de Sinwar de la bande de Gaza, qu’il pourrait présenter non comme une fuite mais comme une nécessité vitale pour assumer sa responsabilité et son engagement en tant que leader de l’organisation qui ne peut pas agir en tant que tel depuis la bande de Gaza. Si l’Égypte a contribué en coulisses grâce à sa proximité avec Sinwar et à sa préférence pour l’Égypte plutôt que pour le Qatar, il est possible que l’Égypte puisse mener à la réalisation de ce scénario.

L’élection de Sinwar ne met pas nécessairement fin aux rivalités connues au sein de l’organisation entre les partisans du Qatar (Khaled Meshaal) et les partisans de l’Égypte (Yahya Sinwar), entre la direction de Gaza et celle de la Cisjordanie et entre les personnalités elles-mêmes, mais il ne fait aucun doute que cette élection renforce la position de Sinwar, son leadership et son autorité. Le résultat témoigne également de la détermination de l’homme et de ses compétences politiques et de leadership, ce qui influence son statut et celui de l’organisation au-delà de celle-ci. Cette démarche marque également Sinwar comme un candidat à la direction palestinienne, et il est probable que le défi qu’il posera à Abou Mazen et à la direction du Fatah et de l’Autorité palestinienne surpassera celui posé par Ismail Haniyeh.

Et une note finale – comme de nombreux chercheurs et experts travaillant sur le Hamas depuis de nombreuses années, je n’avais pas imaginé le scénario de l’élection de Sinwar à ce poste. Cela témoigne également des limites de notre imagination en tant que chercheurs, de l’éternité de la surprise en tant que telle, et de la leçon nécessaire d’humilité dans la recherche.

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