Chers amis, je vais tenter d’évoquer un sujet qui me tient à coeur depuis longtemps et qui, me semble-t-il, est à ce jour assez peu abordé : par quel cheminement la haute bourgeoisie possédante et l’extrême gauche islamo-compatible se sont-elles retrouvées durablement dans le camps de l’antisionisme / antisémitisme ?
1/ La IV ème République
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale l’opinion française ainsi que certaines élites issues de la résistance ne furent pas indifférentes à l’aventure sioniste, de nombreux cadres gaullistes y voyaient un bel espoir de rédemption d’un peuple meurtri et la sympathie pour Israël et ses pionniers prit rapidement un tour actif en France.
La guerre d’Algérie et le soutien apporté par Nasser au FLN algérien justifiaient une étroite relation qui s’étendait dans tous les domaines, l’expédition de Suez en 1956 durant laquelle l’armée française combattit aux côtés de Tsahal, puis la proximité presque fusionnelle entre les deux pays furent des points forts de ces années 50/60.
Les ingénieurs français construisaient la centrale nucléaire de Dimona, et les soldats israéliens fournissaient les informations précieuses permettant à l’industrie militaire française de briller partout dans le monde.
2/ 1958/1967
L’arrivée du général De Gaulle au pouvoir en 1958 et la fin de l’Algérie française en 1962 ne parurent pas affecter cette solide amitié qui rassurait tant le petit Israël.
La trahison de 1967 au moment où les dictatures arabes sur-armées par l’URSS menaçaient de destruction la minuscule démocratie juive est arrivée comme un coup de poignard dans le dos d’une si belle “fraternité”, beaucoup attribuent ce terrible revirement à l’orgueil bafoué du général : je ne souscris pas à cette thèse et je vous explique pourquoi.
3/ Pourquoi un tel revirement ?
Depuis le début des années 60, la France, enfin reconstruite et vigoureusement remise sur pieds par des dirigeants brillants, part à la conquête du monde : à la sortie d’un “baby boom” bienvenu, les patrons tricolores se sentent pousser des ailes et l’industrie hexagonale se place parmi les leaders mondiaux.
Mais une région du monde demeure rétive et s’obstine à placer la France dans le camp de la nation juive ostracisée et vouée à l’anéantissement ; en effet le monde arabe tente de s’unir autour d’un nationalisme violent et raciste, et les stratèges de l’OCI (organisation réunissant les pays islamiques) pratiquent le début du chantage planétaire qui va si bien leur réussir : pas de contrats pour les amis d’Israël et, peut-être, bientôt, pas de pétrole !
Ainsi, discrètement, mais très fermement, les patrons français appliquaient, très vraisemblablement, une pression énorme au gouvernement pour qu’il change de politique vis à vis d’Israël, et cela depuis 1962 et la fin du contentieux algérien.
Je ne dispose pas d’informations sur ce point, mais je suis absolument certain que les relations franco-israéliennes commencèrent à ce moment à se distendre de manière significative car la mauvaise volonté française devait être perçue à Jérusalem, mais rien ne transparaissait alors.
Il est pour moi évident que l’establishment français cherchait un prétexte pour rompre cette alliance désormais “improductive” et se jeter goulument vers l’énorme marché arabe, ce qui fut réalisé en une seule conférence de presse “gaullienne” et, très certainement remplit d’aise l’establishment français.
4/ 1967/2000
Ainsi débute la longue et sulfureuse “lune de miel” entre les dictatures arabes les plus arriérées et la haute bourgeoisie possédante, les étapes suivantes les plus marquantes se succèdent dans une frénésie de sournoiserie et d’hypocrisie difficile à décrire : ruptures illégales de contrats déjà signés, blocage des livraisons de matériels déjà payés (les vedettes de Cherbourg), ventes massives d’armes aux ennemis d’Israël, antisémitisme à peine voilé de Giscard et de ses ministres, votes scélérats à l’ONU et dans toutes les instances internationales et bien pire encore durant toutes ces années, quels que soient les gouvernements.
Alors, me direz-vous , et l’extrême gauche ?
Eh bien l’extrême gauche suit le même chemin visqueux, à la même époque, et pour de mauvaises raisons qui paraissent différentes : elle se met progressivement dans le sillage de la détestation d’Israël.
Le petit bout de désert et ses paysans / soldats socialistes va se transformer en puissance coloniale tentaculaire et avide de conquêtes grâce, d’abord au travail conjoint des nationalistes arabes et du KGB, puis en France, en s’appuyant sur les puissants réseaux du parti communiste qui, suivant les instructions de Moscou, va œuvrer pour bâtir un narratif incroyable autour d’un “peuple palestinien” nouveau-né en 1967 et supposé “colonisé“.
Et cette légende, si bien contée, va faire un carton dans les esprits anti-coloniaux des masses françaises.
Depuis les années 2000, le PCF n’est plus qu’un (mauvais) souvenir pour les citoyens français progressistes et amateurs de belles idées, mais l’extrême gauche a pris le relai et a réussi dernièrement à quasiment effacer la gauche socialiste classique en promouvant la détestation d’Israël.
5/ 2000/2024
Le think thank “Terra nova” a laminé les derniers socialistes nostalgiques de la Histadrout et du socialisme israélien, ouvrant donc la porte à l’hégémonie d’une gauche proche des masses islamiques et des dictatures arabes, une gauche qui a compris le bénéfice à tirer d’un antisionisme décomplexé, et finalement de l’antisémitisme qui transpire de partout, et cette gauche, matrice récente de LFI, se retrouve sur la même ligne d’un Quai d’Orsay qui, lui, promeut les intérêts financiers et industriels, donc les grands capitalistes locaux.
Le soutien au Hamas des uns et les ventes d’armes aux dictatures islamiques des autres : voilà donc les deux faces de la même médaille !
L’entrisme financier du Qatar qui possède déjà une partie du patrimoine français et ses cadeaux mirobolants aux grands bourgeois qui dirigent la France ou les valises d’argent sale qui alimentent les groupes de voyous soraliens nourrissent le même objectif nauséabond.
Le boycott des sportifs israéliens de LFI et le boycott macronien des entreprises israéliennes pour garder les juteux marchés des marchands de canons tricolores, c’est pareil.
Les subventions aux associations antijuives françaises que Darmanin ne poursuit évidement jamais et le consulat français de Jérusalem qui œuvre sournoisement pour nier la légitimité d’Israël et saper les droits d’Israël sur sa capitale, tout cela c’est bonnet blanc et blanc bonnet !
L’unanimité antisioniste douteuse de la quasi intégralité de la presse française et le complot, à peine dissimulé, pour éliminer la seule chaine qui ose dire la vérité, c’est l’œuvre conjointe de Macron et Mélenchon.
Tout ce gloubi boulga qui mêle les voyous antijuifs de LFI et les grands possédants qui les soutiennent presque ouvertement, cette France macronienne glauque de 2024 dont chacun sait qu’elle va dans le mur à force de faire les mauvais choix, c’est l’illustration du point de rencontre unique et désastreux de ces deux mondes que tout oppose, mais que la haine commune du Juif réunit pour un naufrage commun prévisible.
Alors, mes amis, ouvrons les yeux et les oreilles et ne faisons pas de cadeau aux antisémites, ni à Neuilly ni dans le 9.3, car ce sont bien les mêmes.
© Thierry Amouyal, Israël juillet 2024