Les Juifs de France en situation délicate

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La France Insoumise a choisi de placer le conflit israélo-palestinien au centre de sa campagne européenne pour cibler, selon le parti, les jeunes et les quartiers populaires. En réalité LFI s’est roulé dans le sang des victimes du 7 octobre et dans celui de toutes les victimes qui ont suivi dans ce conflit. Les « Insoumis » sont grandement responsables de la multiplication des actes antisémites en France. C’est l’extrême droite qui a récolté les marrons du feu et ce n’est pas fini. Au lendemain même du 9 juin, alors que le Président de la République venait de prononcer la dissolution de l’Assemblée Nationale, le cirque politique allait entrer dans une nouvelle phase, avec son lot de psychodrames. Exit la question du Moyen-Orient, d’Israël et des palestiniens. Le silence allait redevenir assourdissant.

Même si l’actualité semble lointaine, déjà deux jours, LPH a voulu avoir l’analyse de Dov Maïmon sur cette campagne ignoble des européennes et ses conséquences.

LPH : Que vous inspire la défaite électorale de l’extrême gauche européenne ?

Dov Maïmon : La récente défaite électorale de l’extrême gauche européenne signe un rejet de leur haine obsessionnelle envers Israël. Bien que le déclin économique et la protection du pouvoir d’achat aient été des préoccupations pressantes, le cœur des débats politiques tournait autour des changements démographiques et des implications sécuritaires qui en résultent. Contrairement à l’alignement de l’extrême gauche avec le Hamas et son plaidoyer pour un encouragement de l’immigration et de l’islamisation de la France, la montée remarquable des partis de droite et d’extrême droite, qui ont été impeccables dans leur soutien au droit d’Israël à l’autodéfense, offre un certain réconfort aux alliés d’Israël et de la démocratie libérale.

Quelles sont les voix accusatrices d’Israël qui dominent le paysage médiatique depuis le 7 octobre ?

Depuis le 7 octobre, trois voix accusatrices dominent le paysage médiatique : l’extrême gauche, qui, en courtisant le vote musulman, forme des alliances avec les islamistes et propage des sentiments anti-Israël et antisémites ; les gouvernements, qui votent constamment contre Israël dans les forums internationaux par opportunisme politique ; et les médias, souvent influencés par des journalistes tiers-mondistes, qui attisent l’animosité contre l’État hébreu.

Que nous enseigne le boycott d’Israël dans les compétitions artistiques ou sportives, comme l’Eurovision ?

Lors du dernier concours de l’Eurovision, le soutien fervent du public pour la chanteuse israélienne, Eden Golan, en défi des préférences des jurys nationaux, a été perçu comme une anomalie pro-Israël. Cela démontre que, malgré les efforts des puissants lobbys, le public européen n’a pas adopté le discours dominant des médias et des gouvernements qui condamnent systématiquement Israël.

Comment expliquez-vous la montée de l’extrême droite ?

La montée de l’extrême droite s’explique par le rejet, par les populations européennes, des politiques d’immigration promues par leurs gouvernants, lesquels sont mus par des gains politiques à court terme, une volonté d’éviter les émeutes dans les banlieues et les intérêts qataris. De nombreux Européens perçoivent Israël non seulement comme un État luttant pour sa survie, mais aussi comme un bastion contre la barbarie, et cette perception influence leur soutien croissant aux partis de droite et d’extrême droite.

De nombreux juifs en Europe sont séduit par le chant des sirènes d’extrême droite. Est-ce qu’ils se trompent ?

Oui, ils se trompent. Bien que l’extrême droite se positionne comme le défenseur premier de la communauté juive en France, sa politique identitaire et la réaction qu’elle suscite chez la population musulmane peuvent en réalité mettre en péril les intérêts juifs. Les positions de l’extrême droite, comme l’interdiction de l’abattage rituel, l’interdiction de l’importation de viande cachère et la restriction des financements publics pour les institutions juives, sont préoccupantes.

Quels sont les risques pour les juifs de France en cas de victoire de l’extrême droite ?

La montée de l’extrême droite, particulièrement en France, pose une menace tangible pour le bien-être des Juifs français. Des figures comme Jordan Bardella du Rassemblement National prônent des mesures qui pourraient nuire aux pratiques et institutions juives. De plus, l’identité politique de l’extrême droite et les tensions qu’elle génère avec la rue musulmane pourraient aggraver la situation des juifs en France.

Vous pensez qu’il peut y avoir des risques importants pour les Juifs vivants dans les quartiers populaires ?

Il peut y avoir des risques conséquents. Les quartiers populaires, habités par de très nombreux musulmans radicalisés, sont susceptibles de connaître des violences, dont les dizaines de milliers de Juifs vivant dans ces enclaves appauvries pourraient être les premières victimes. En cas de troubles, la capacité des forces de l’ordre françaises à protéger les résidents juifs est loin d’être garantie. D’une manière générale, l’histoire nous apprend que les Juifs ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Des mesures de sécurité renforcées pour les communautés juives européennes et des plans de contingence pour une évacuation d’urgence en cas de danger sont indispensables.

Directeur de recherche au Jewish People Policy Institute (Jérusalem), Dov Maïmon est notamment l’auteur d’une étude portant sur « le judaïsme européen en 2030 », où s’esquissent divers scénarios possibles pour le devenir communautaire. Né à Paris, Dov Maïmon émigre en Israël à 18 ans. Ingénieur formé au Technion (Haïfa), diplômé de l’Inséad (Fontainebleau) en management, professeur aux Universités de Ben
Gourion (Beer-Shéva) et du Mont Scopus (Jérusalem), il travaille sur les rapports entre histoire, religions et politique. Son doctorat, consacré aux convergences entre mystiques juive et musulmane, a été récompensé du prix du Chancelier des Universités 2005, attribué chaque année au meilleur doctorat français en sciences humaines. Conseiller de différents ministres israéliens, il a notamment coordonné la taskforce du gouvernement israélien sur l’avenir des Juifs d’Europe.

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