Al-Jazeera interdit en Israël : crime de lèse-majesté !

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Par Freddy Eytan

Depuis la Seconde Intifada déclenchée par Yasser Arafat en septembre 2000, les images télévisées diffusées par la chaîne qatarie Al-Jazeera ont imposé aux rédactions un nouvel ordre journalistique et de nouvelles règles dans la couverture des conflits armés et du combat d’Israël contre les organisations terroristes palestiniennes. Depuis, l’image de l’Etat juif est déformée, son histoire est tronquée et sa politique devient malsaine, dangereuse. Dans ce contexte, comment s’étonner de la nouvelle vague antisémite dans les campus universitaires et de la politisation et l’injustice au sein des instances internationales ? Comment réagir devant la supercherie et la délégitimation ? Quelles sont les mesures à prendre sans pour autant limiter la liberté de la presse ?

Ces jours-ci, suite à une longue valse-hésitation, le gouvernement décide enfin de fermer les studios de la chaîne Al-Jazeera installés en Israël. Sans surprise, la décision a soulevé un tollé général dans les médias accusant Israël de « violation flagrante de la liberté de la presse. » La chaîne qatarie parle d’un « acte criminel d’Israël » et le Hamas évoque « une mesure de rétorsion contre le rôle que joue Al-Jazeera dans la mise en lumière des crimes » de l’armée israélienne, et dénonce « la guerre d’Israël contre d’honnêtes journalistes » (sic).

Dans la jungle du Proche-Orient, un mouvement terroriste islamiste, responsable des crimes abominables et barbares donne désormais des leçons de morale à un Etat démocratique et dicte un nouveau code de conduite à la presse. C’est l’apogée de la manipulation et la désinformation en plein jour.  Quel rapport y-a-t-il avec la liberté d’expression ? Comment ignorer que le Qatar et Israël n’entretiennent pas des relations diplomatiques et qu’en revanche, les leaders du Hamas sont protégés par les services qataris à Doha ? Et comment ignorer que le Qatar a transmis au Hamas des centaines de millions de dollars avec la permission d’Israël ?

En 1996, l’Emir du Qatar a lancé une chaine de télévision avec un budget faramineux, des studios ultramodernes, et un agenda politique clair dicté par la confrérie des Frères musulmans. Les reportages diffusés, en arabe et en direct, ne sont pas toujours contrôlés et sont souvent tronqués. Nous l’avons constaté particulièrement durant la Deuxième Intifada en septembre 2000, pendant la Deuxième guerre d’Irak en 2003, lors du Printemps arabe déclenché en Tunisie en 2011, puis en Egypte, en Syrie et en Libye et surtout depuis le 7 octobre.

Al-Jazeera a été un acteur clé dans le façonnement de l’opinion publique, comme un porte-parole des Frères musulmans et contre les régimes arabes. Ils sont responsables de la chute de Moubarak, Ben Ali et Kadhafi et de la montée en puissance des mouvements islamistes fanatiques, en connivence avec l’Iran chiite. L’Arabie saoudite, l’Egypte, le Maroc, la Mauritanie et les Emirats ont souvent fermé les studios d’Al Jazeera.

Cette chaîne d’information est atypique et ne peut être qualifiée selon les critères des télévisions internationales. Elle diffuse en plusieurs langues mais ne respecte pas toujours la déontologie et l’éthique journalistiques. Durant plus de 30 ans, elle a diffusé un déluge de nouvelles tronquées, et pourtant une grande partie de la presse internationale et plusieurs chancelleries font toujours la sourde oreille. Sur cette chaine, les débats sur les différents plateaux de télévision sont aussi houleux, une véritable cacophonie haineuse. Le but précis est de semer la zizanie, créer des scandales, des troubles dans le monde arabe et surtout haïr Israël. Le Qatar utilise Al-Jazeera pour jouer un rôle d’influence et servir d’intermédiaire pour régler des conflits locaux.

Ambitieux, fiers et prétentieux, les émirs du Qatar pensent pouvoir conquérir le monde grâce aux ressources naturelles, et l’argent plein les poches. Ces nouveaux riches exploitent une majorité de pauvres travailleurs étrangers, bafouant toutes les règles syndicales élémentaires. Ils ne connaissent pas de limites et souvent ils franchissent des lignes rouges. Lors de la Coupe du monde de football à Doha, novembre-décembre 2022, le minuscule émirat a tenté d’améliorer son image avec de l’argent comptant…

Rappelons que la vérification des sources et leur croisement, la relecture et la correction du travail journalistique ainsi que le respect scrupuleux des standards de l’objectivité sont primordiaux et indiscutables à la lumière des événements et de l’actualité brûlante. Nous rendons un hommage à tous les correspondants de guerre, à tous ceux à travers le monde qui risquent leur vie dans des zones de danger mortel. Leur but n’est pas de défendre un camp et combattre une cause, mais rapporter des nouvelles et des images crédibles en provenance du champ de bataille. Important aussi de mettre un terme à tous les amalgames avec les autres conflits armés de la planète. Aucune comparaison à faire avec les guerres dévastatrices en Syrie, en Irak ou au Yémen, les guerres menées également par les pays de l’OTAN, ou avec celle qui se déroule en Ukraine.

Le Qatar est l’un des pays médiateurs dans la libération des otages détenus dans la bande de Gaza. Il a invité récemment des familles des otages et des journalistes israéliens dans le but de redorer son blason. Al-Jazeera a été informée des intentions du Hamas et certains militants palestiniens, présentés comme « journalistes et photographes » étaient présents durant l’attaque du 7 octobre. Les collaborateurs de cette chaine ont été les premiers témoins du pogrome.

La guerre contre le Hamas se poursuit. Dans ce contexte, la décision de fermer la chaine qatarie est tout à fait justifiable mais dans la même veine le gouvernement israélien doit préciser sa politique ambigüe à l’égard des émirs du Qatar. Parallèlement, continuer à appliquer à la lettre la liberté de la presse et la diffusion des images tout en respectant les contraintes de la guerre. Le ministre israélien des communications ne doit plus jouer le rôle de censeur ni de « prouver » ses activités populistes. Il existe de nombreux leviers efficaces pour contrecarrer la désinformation.

Enfin, il est triste et regrettable de constater que certains journalistes israéliens, connus pour leurs opinions propalestiniennes, critiquent systématiquement chaque décision gouvernementale comme une atteinte à la liberté d’expression…Vraiment ? Est-il possible de museler les médias et les réseaux sociaux, interdire les fuites à la presse ?

JForum.fr avec jcpa-lecape.org/

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