C’était censé être impossible. Rafah est devenu une ligne rouge pour M. Biden sur la base de la logique selon laquelle il n’y avait aucun moyen de mener une opération majeure avec tous ces civils présents. C’est la justification de l’embargo sur les armes imposé par le Président. « Nous nous éloignons de la capacité d’Israël à mener une guerre dans ces régions », a-t-il déclaré.
Alors même que l’évacuation commençait, le secrétaire d’État Antony Blinken répétait qu’Israël n’avait « aucun plan crédible ». Le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan , a ajouté : « Nous pensons toujours que ce serait une erreur de lancer une opération militaire majeure au cœur de Rafah. » Lorsque l’évacuation a commencé à fonctionner, l’équipe Biden a commencé à critiquer l’état de préparation israélien pour le « lendemain » des principaux combats, comme si le succès à Rafah était acquis d’avance.
La manœuvre a des coûts. « Cette administration ne soutient jamais rien de ce que nous faisons tant que nous ne le faisons pas », nous a déclaré un haut responsable israélien au début du mois. Pour obtenir l’assentiment de M. Biden, les Israéliens devaient d’abord avancer et réussir. Mais le retard provoqué par son opposition a fait durer la guerre, sauf au détriment du Hamas.
Rafah reste essentiel à tout plan de lendemain, puisque rien ne peut fonctionner si le Hamas gouverne le territoire avec des bataillons militaires et contrôle la frontière égyptienne. Israël a déjà découvert 50 tunnels reliant Rafah à l’Égypte pour la contrebande. Une fois que les troupes auront fini de nettoyer une zone tampon le long de la frontière, Israël pourra couper le Hamas de l’Egypte, une clé pour étrangler toute insurrection qui pourrait s’ensuivre.
Il est raisonnable de se demander quelle force contrôlera Gaza à l’avenir. Mais personne d’autre ne se battra et ne mourra pour vaincre le Hamas au nom d’Israël, ni même pour lui résister en tant que puissance civile. Certainement pas la faible Autorité palestinienne, qui souhaite un accord de partage du pouvoir avec le Hamas à Gaza, car sinon elle sait qu’elle serait massacrée.
JForum.Fr & Wall Street Journal – Photo : Gaza, dan les bonnes années…