« Le débat sur la question du « jour d’après » vise à nous affaiblir et à promouvoir un Etat palestinien »

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Working Lunch with NSA meir Ben Shabbat

Meir Ben Shabat, l’un des anciens responsables de la sécurité dans le pays, explique l’erreur de ceux qui exigent, sous la direction des États-Unis, de discuter de la question du « lendemain » à Gaza, avant l’éradication de l’organisation terroriste Hamas.

JDN

Meir Ben Shabbat, actuel directeur de l’Institut Misgav, ancien chef du MLA et l’un des architectes des accords d’Abraham, explique l’erreur de ceux qui prétendent que la question du « jour d’après » à Gaza doit être discutée dès maintenant, avant l’éradication de l’organisation terroriste Hamas.

Il souligne que leur principale affirmation, selon laquelle Tsahal a été contraint de rentrer dans des lieux d’où elle était déjà partie, est également valable pour les opérations de sécurité en cours en Cisjordanie. « Malgré cela, personne dans le système politique ou sécuritaire ne doute de la viabilité de cette activité. Au contraire, elle s’est perfectionnée et est devenue une politique presque officielle, qui a reçu le surnom de « tondre l’herbe » et qui reflète la compréhension que la lutte contre le terrorisme est un processus continu et non une démarche du type « Nous avons fini ».  » Ces choses sont vraies en ce qui concerne l’arène de Cisjordanie qui a été labourée pendant deux heures et demie par Tsahal, et plus encore en ce qui concerne la bande de Gaza où nos activités, jusqu’à présent, se sont concentrées sur la réalisation d’un contrôle opérationnel et le démantèlement de l’armée et des cadres du Hamas, et non sur un nettoyage complet de la zone. »

Dans un article publié sur le site Internet de l’Institut Misgav et dans le journal Israël Hayom, Meir Ben Shabbat écrit : « Le coup porté par le Hamas aux mains de Tsahal est certes douloureux, mais absolument pas mortel. » Son ordre de forces comprend encore plusieurs milliers de combattants, de munitions et d’armes, ainsi que de nombreux kilomètres de tunnels. Les généraux tués ont des adjoints, et en tout cas le Hamas sait passer facilement d’un semi-système militaire à une conduite flexible et mobile permettant des opérations terroristes et une guérilla. Il revient presque tous les jours aux lancements de roquettes, fait preuve de contrôle et de gouvernance et affiche un haut niveau de coordination entre les éléments de son commandement supérieur – comme le montre la manière dont sont menées les négociations concernant les personnes enlevées. Dans une telle situation, le débat sur le « lendemain » s’apparente à la dispute sur la peau d’ours qui n’a pas encore été chassé.

Selon lui, « aux yeux des Américains, le débat sur le « lendemain » vise à amener Israël à reconnaître la futilité de la guerre et à le pousser vers une solution qui sera présentée comme la moins mauvaise alternative, mais qui sera servir la vision de l’administration Biden d’établir un nouvel ordre régional, y compris un État palestinien. »

« La vérité est là : il n’y a pas de bonnes options à Gaza. Si de telles mesures existaient, elles auraient déjà été mises en œuvre, à l’une des nombreuses occasions au cours des années de conflit. Dans le même temps, Israël n’est pas entré dans cette guerre pour trouver un remplaçant au Hamas mais pour le détruire. C’est le but. En plus de cela, il n’est pas du tout clair que le contrôle de « l’Autorité palestinienne » qui, en plus de tous ses maux, permettra également la survie du Hamas et sa réhabilitation, soit meilleur que les alternatives.

« Il n’est pas nécessaire d’être un expert en renseignement pour comprendre que dans le rapport de forces actuel à Gaza, aucun parti ne peut remplacer le Hamas dans l’administration civile de la bande de Gaza sans son consentement. C’est le cas de « l’Autorité palestinienne », du « camp Dahlan », du « gouvernement technocratique » ou des chefs de « clans » locaux. Le Hamas, pour sa part, ne sera contraint d’accepter un tel modèle que s’il n’a pas le choix ou s’il le conçoit comme un « gouvernement fantoche » qui couvrira son contrôle en coulisses et son renforcement militaire. »

Meir Ben Shabbat ajoute que « c’est dans ce contexte qu’il faut situer l’annonce faite hier soir par un haut responsable du Hamas selon laquelle « nous serons prêts à soutenir un gouvernement (palestinien) de consensus national à Gaza et en Cisjordanie et il n’est pas nécessaire que nous en fassions partie ». Dans un tel cas, Israël paiera deux fois : non seulement le Hamas se renforcera sous les auspices de la nouvelle administration, mais il aura du mal à agir contre cette administration, de peur d’être accusé par la communauté internationale d’avoir échoué dans ses efforts pour établir une alternative de gouvernement au Hamas.

Dans l’état actuel des choses, force est de constater que même sept mois après le début de la guerre, les conditions pour la mise en place d’un gouvernement alternatif au Hamas ne sont pas encore réunies. Du point de vue israélien, la question du « lendemain » à Gaza est secondaire par rapport à l’objectif le plus important de la guerre : la destruction des capacités militaires et gouvernementales du Hamas et le rétablissement de la dissuasion israélienne qui s’est effondrée en octobre. Israël ne devrait pas se laisser tenter par des propositions qui apporteraient un semblant de solution et laisseraient le problème tranquille.

En conclusion, il écrit que « pour atteindre le « jour d’après », il faut accélérer le rythme des combats et accroître l’intensité : à Rafah, dans les camps centraux et dans les zones où l’activité du Hamas a repris. Il est essentiel d’agir contre ses mécanismes gouvernementaux – dont les dégâts ont été jusqu’à présent mineurs et non moins importants – pour écraser son siège à l’étranger. Il est avant tout essentiel de modérer les conflits internes en notre sein, à tous les rangs et à tous les niveaux. La guerre est toujours en cours et personne ne sait où elle pourrait se développer dans aucune des arènes. Pour y faire face avec succès, il est essentiel de maintenir la cohésion. »

NDLR : Il a l’air de parler contre Gantz et compagnie.

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