Ne riez pas ! C’est ce que réclame avec le plus grand sérieux une partie importante de la communauté musulmane établie outre-Rhin.
Muslime schweigen nicht ! » (Les musulmans ne sont pas silencieux !) La pancarte est brandie en nombre, l’autre samedi, quand les islamistes de l’organisation Muslim Interaktiv, constituée en 2020, manifestent dans l’une des avenues du quartier St-Georges (Sankt Georg) à Hambourg. Un quartier déjà célèbre pour sa communauté gay qui y parade chaque année. Les islamistes ont décidé d’y occuper la rue à leur tour, en portant des sweats à capuche, en brandissant des banderoles en arabe et pas seulement en allemand : « Le califat, c’est la solution. » Un millier de jeunes hommes en noir précèdent un fort groupe de femmes voilées qui chantent des « Allahou Akbar ». La manifestation a été officiellement déclarée. Elle est même encadrée par la police municipale ; il n’y aura pas d’incident.
Le leader du défilé est à l’image de la population qui s’est rassemblée derrière lui. Ce ne sont pas des immigrés récents qui occupent la voie, mais des Allemands de troisième génération, parlant l’allemand. Raheem Boatenga 25 ans, son père est ghanéen, sa mère, allemande ; né en Allemagne, il a appris l’allemand à l’école, porte un passeport allemand et répète volontiers en désignant les Allemands de vieille souche : « Quand ils disent intégration, en réalité ils pensent assimilation. »
Et c’est bien ça qui le distingue, lui et ceux qui défilent en répétant les slogans qu’il lance de son haut-parleur : ces musulmans allemands n’ont pas du tout l’intention de s’assimiler à une vaste communauté allemande ; ils sont décidés à rester ce qu’ils sont, à se perpétuer tels qu’ils sont, à fonder des familles, à parler leur langue d’origine, tout en en pratiquant une autre, à préserver leur style de vie, et avant toute chose, leur religion, ce « califat » dont ils font un mot d’ordre, même si, à côté de chez eux, dans l’une des avenues de l’immense ville de 1,7 million d’habitants, s’élève une cathédrale catholique de l’autre siècle, Sainte-Marie de Hambourg.
Le président de la police de la ville a protesté contre cette manifestation, même déclarée. Les dirigeants des formations politiques du lieu, chrétiens-démocrates, libéraux, et ultras de l’AFD, ont proclamé leur émotion, mais la ville est dirigée par une puissante majorité de Verts et de sociaux-démocrates que l’on a peu entendus. En revanche, le chancelier Olaf Scholz et sa ministre fédérale de l’Intérieur, Nancy Faeser, ont tiré une « ligne rouge » pour défendre la démocratie allemande contre les prétentions islamistes. Une alarme d’autant plus puissante qu’il s’agit de préserver la communauté turque, forte de 1,5 million de membres, de cette contamination.
Le Figaro