L’UNRWA : une redondance indispensable et irremplaçable

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Par Liliane Messika

L’UNRWA, son nom, sa vie, son œuvre

L’UNRWA ne porte qu’une partie de son nom. Même si c’est par modestie, cela prête à confusion :

L’« Agence de l’ONU pour le soutien et l’aide » oublie de préciser que ce soutien et cette aide sont strictement réservés à une partie de l’humanité connue sous le nom de réfugiépalestiniens.

Comme si Air France prétendait ne s’appeler que « Air » ou si l’en-tête de l’Élysée ne comprenait que le mot République, sans qualificatif.

Certes, si l’UNRWA portait un nom qui correspondait réellement à sa fonction, on serait plus nombreux à se demander pourquoi les réfugiés palestiniens sont les seuls au monde à ne pas relever du HCR. De ce fait, ce dernier aussi porte un nom incomplet : il devrait être le Haut-Commissariat aux Réfugiés Sauf les Réfugiés Palestiniens.

Cela rendrait les acronymes un peu longuets, mais tellement plus explicites !
L’UNRWA est née en 1950, après la guerre que cinq pays arabes avaient lancée contre l’État juif le soir même de sa déclaration d’indépendance, le 15 mai 1948.

Les cinq pays en question avaient utilisé tous les moyens de communication existant à l’époque (radio, tracts, journaux, émissaires…) pour informer les habitants arabes de la Palestine mandataire de leur projet d’exterminer jusqu’au dernier Juif de la région. Pour cela, il fallait qu’eux-mêmes évacuent les lieux afin de ne pas gêner la progression des armées sœurs. Les pays frères et voisins se feraient un plaisir de les accueillir pendant ce court intermède.

Hélas, les guerres, c’est comme les chantiers de rénovation : on sait quand ça commence, mais pas quand ça finit. Les armées ont de gros moyens, mais pas d’obligation de résultat.

En l’espèce, le résultat avait été particulièrement modeste : la majorité des Juifs avait survécu et à part la Jordanie qui avait annexé une portion de la rive ouest du Jourdain, dont Jérusalem, et l’Égypte qui avait conquis Gaza, les Arabes se retrouvaient, quand les armes se sont tues, plus pauvres en kilomètres carrés que lors de la distribution faite par l’ONU, qui les avantageait considérablement.

Le réfugiépalestinien, description, biotope, habitat, reproduction

Un réfugié lambda (ou réfugié PP : pas palestinien) est une personne qui a perdu sa citoyenneté à cause d’une guerre ou d’une catastrophe naturelle et qui

« craint avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques (Haut Commissariat aux Réfugiés). »

Le statut de réfugié est temporaire : il cesse si la personne

« 1) s’est volontairement réclamée à nouveau de la protection du pays dont elle a la nationalité ; ou

2) Si, ayant perdu sa nationalité, elle l’a volontairement recouvrée ; ou

3) Si elle a acquis une nouvelle nationalité et jouit de la protection du pays dont elle a acquis la nationalité ; ou

4) Si elle est retournée volontairement s’établir dans le pays qu’elle a quitté ou hors duquel elle est demeurée de crainte d’être persécutée ; ou

5) Si, les circonstances à la suite desquelles elle a été reconnue comme réfugiée ayant cessé d’exister, elle ne peut plus continuer à refuser de se réclamer de la protection du pays dont elle a la nationalité. »

De plus, le statut ne couvre pas les personnes qui

« a) ont commis un crime contre la paix, un crime de guerre ou un crime contre l’humanité ;

b) ont commis un crime grave de droit commun en dehors du pays d’accueil avant d’y être admises comme réfugiées ;

c) se sont rendues coupables d’agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies. »

À l’inverse, un réfugiépalestinien reçoit son statut à vie1 et le transmet à ses descendants mâles sans limitation du nombre de générations.

Les nominés sont

« des personnes dont la résidence normale était la Palestine pendant la période du 1ᵉʳ juin 1946 au 15 mai 1948, et qui ont perdu leur foyer et leurs moyens de subsistance à la suite du conflit de 1948 (UNRWA). »

Ce statut étant un avantage acquis, il est irrévocable, quels que soient les agissements du réfugiépalestinien qui eussent valu suppression des bénéfices à un réfugié PP.

Le réfugiépalestinien est à la charité internationale ce que le fonctionnaire est au salarié du privé dans notre pays. Il a d’autant plus de raisons d’être envié par les usagers du HCR que le budget de l’UNRWA permet des largesses auxquelles l’agence principale n’ose même pas rêver. Son personnel est un tiers plus nombreux au service de 5,9 millions de bénéficiaires que celui du HCR pour des populations entre 10 et 20 fois plus nombreuses.

La vocation du HCR est de faire faire tendre le nombre de réfugiés PP vers le zéro, celle de l’UNRWA est de multiplier le nombre des réfugiépalestiniens ad ONUsam æternam.

Les Gazaouis sont réfugiés chez eux, en toute indépendance

Gaza est exclusivement peuplée de réfugiépalestiniens, qui vivent en toute indépendance depuis juillet 2005.

Ils sont gouvernés par les dirigeants qu’ils ont élus : le Hamas. Ce que nonobstant, leur budget est alimenté par la charité internationale, qui finance toutes les fonctions régaliennes.

Quant au Hamas, si ses dirigeants ont réussi à amasser des fortunes en milliards de dollars, c’est grâce à l’exploitation d’un réseau de tunnels qui n’a rien à envier à la RATP. Il permet de faire entrer des marchandises dont 100 % des taxes vont dans leurs poches. En sens inverse, ces tunnels pénètrent le territoire du voisin israélien, dont l’extermination est la pierre angulaire du système mafieux, renouvelant sa popularité à chaque meurtre et/ou kidnapping.

Enfin, le rôle de bouc émissaire bimillénaire des Juifs est toujours au casting de Gaza-prison-à-ciel-ouvert, pour détourner l’agressivité des frustrés en tout genre.
Au bout de 74 ans de soupçons, un premier audit
Le pogrom perpétré le 7 octobre 2023 a mis à jour la relation incestueuse entre l’UNRWA et le Hamas, qu’Israël dénonçait depuis des décennies.

– Certains otages ont été retenus prisonniers au domicile d’enseignants de l’agence (JPost),

– le centre informatique du Hamas était logé sous un bâtiment onusien (Times of Israel), qui le fournissait en électricité et

– « pas moins de 12 % du personnel de l’agence onusienne était affilié à des groupes terroristes (Times of Israel). » ;

– Douze salariés de l’UNRWA payés par les impôts des contribuables européens ont été nommément identifiés comme terroristes actifs.

« En plus de ces douze travailleurs, nous avons des indications significatives basées sur les Renseignements, queplus de trente travailleurs de l’UNRWA ont participé au massacre,ont facilité la prise d’otages, ont pillé et volé les communautés israéliennes, et plus encore (Times of Israel). »

Plusieurs pays, qui finançaient volontiers l’usine à réfugiés, ont interrompu les paiements quand Israël a produit des preuves que les ateliers clonaient des assassins.

L’ONU n’a pas pu éviter de diligenter une enquête « indépendante ». La preuve de cette indépendance réside dans le choix de la rapporteuse : l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, une socialiste de la sous-catégorie des irresponsables pas coupables.

Le 23 octobre, alors qu’Israël n’avait pas fini de compter ses morts et de ramasser les morceaux humains éparpillés, alors qu’il était sans nouvelle aucune des 250 otages dont le kidnapping avait été diffusé sur les réseaux sociaux par les sociopathes eux-mêmes, Madame Colonna était essentiellement préoccupée des civils palestiniens. Bien sûr, elle avait effectué les figures imposées, consistant à « condamner le Hamas et son action terroriste ».

Puis elle s’était lancée dans une chorégraphie banale, clinquante et dépravée :

« La France va apporter une aide supplémentaire de 10 millions d’euros, en complément de ce qu’elle apporte déjà aux populations palestiniennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza (Euractiv). »

Pour le bouquet final, elle s’est contentée de ressortir la Solution-à-deux-États du coma dans lequel l’avait plongée la preuve de son échec inéluctable, une preuve par 1200 civils tués, 4500 blessés, des centaines de violées et torturées et 250 kidnappés.

On ne met pas en doute les qualités de Mme Colonna, mais elle est aussi compétente pour enquêter objectivement sur l’UNRWA qu’une patineuse pour effectuer une transplantation cardiaque ou feu le Professeur Barnard pour danser le Lac des cygnes en tutu.

Colonna est en phase avec

« Le secrétaire général (qui) appelle toutes les parties prenantes à soutenir activement l’UNRWA, qui est une bouée de sauvetage pour les réfugiés palestiniens dans la région. »

Parions que Mme Colonna ne pensera pas à lui demander

pourquoi les réfugiépalestiniens se noieraient s’ils devaient compter sur les bouées du HCR, comme le commun des réfugiés mortellement concernés par des guerres n’impliquant pas l’État juif.

On sait déjà que l’enquête indépendante a conclu que les preuves apportées par Israël de l’implication de salariés de l’UNRWA dans les activités du Hamas ont été jugées « insuffisantes » (même les vidéo les prenant le couteau sur la gorge). L’UNRWA redondante a, elle, été jugée « irremplaçable et indispensable. »

L’UNRWA doublonne le HCR pour les 5,9 millions de réfugiés dont la seule singularité est qu’on peut les imputer aux Juifs. Tous les autres, y compris arabes, musulmans ou les deux à la fois, relèvent du lot commun.

Madame Colonna peut-elle expliquer objectivement pourquoi la troisième génération de descendants de travailleurs immigrés, qui ont loué pendant deux ans (1946-1948) un taudis entre le Jourdain et la Méditerranée, ont besoin d’une agence dédiée avec 30 000 salariés (UNRWA) alors que le HCR n’en a que les deux tiers (20 739) pour 108,4 millions de réfugiés ?

Le rapport intermédiaire, finalisé en mars mais qui n’a pas été publié,

« n’appelait pas au renvoi des 1500 à 2000 employés de l’UNRWA à Gaza qui, selon Israël, appartiendraient au Hamas et au Jihad islamique palestinien. Il ne recommandait pas non plus de solution à apporter à l’exploitation des structures de l’agence à des fins terroristes de la part des factions du territoire et il n’apportait pas de réponse à la problématique des incitations au terrorisme au sein des établissements scolaires gérés par l’agence(Times of Israel). »

On imagine que le rapport final sera tout aussi indulgent vis-à-vis de l’organisme qui affiche, sur les murs de ses écoles, les photos de héros susceptibles d’inspirer des vocations :

Schizophrénie

Madame Colonna a écouté avec bienveillance le patron de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, expliquer la catastrophe qui ne manquerait pas d’advenir si on touchait à son fromage :

« Démanteler l’UNRWA aura des répercussions durables », notamment « aggraver la crise humanitaire à Gaza et accélérer l’arrivée de la famine (l’Express) ».

Depuis que l’armée israélienne a diffusé les photos des 500 camions pleins d’aide humanitaire que l’ONU n’arrive pas à distribuer, on pensait n’entendre plus menacer de famine.

C’était compter sans le talent du fact checkeur de Libé : il a réussi le prodige de confirmer l’authenticité d’autres photos, prises sur des marchés regorgeant de nourriture, tout en titrant « Malnutrition aiguë très élevée et surmortalité (Libération). »

L’ONU, c’est 94 dictatures et 72 démocraties, un pays = un vote. La démocratie, quoi !

Euh… Même les nuls en maths comprennent que les citoyens des dictatures n’ont pas leur mot à dire dans les décisions votées. Et puisque les dictatures sont en majorité, les citoyens des démocraties n’ont pas non plus voix au chapitre.

Alors comme d’habitude, l’État juif sera condamné à lui tout seul dix ou cent fois plus que le reste du monde, dictatures incluses.

Cela s’appelle « le droit du plus fort » et cela se traduit en Onusien dans le texte par « droit international ».

Madame Colonna est la preuve que ce droit est très gauche. LM

Liliane Messika, MABATIM.INFO


1 Avec une espérance de vie plus longue que ses coreligionnaires des pays alentours : 73,47 ans contre 70,22 ans en Égypte, 70,38 ans en Irak, 63,75 ans au Yémen, 61,98 ans en Afghanistan… (Country Economy).

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