La Banque Centrale d’Israël n’est pas sereine quant au devenir économique du pays, notamment en raison du contexte de guerre.
En ce sens, elle a choisi à ce stade de maintenir son taux directeur.
Le parti pris de ne pas réduire son taux directeur pour la deuxième fois cette année est principalement due à l’incertitude qui règne en Israël six mois après le début de la guerre à Gaza, conséquence du plus gros attentat que l’occident ait connu et le plus important massacre de Juifs depuis la Deuxième Guerre mondiale, perpétré le triste 7 octobre 2023, par le groupe terroriste du Hamas.
À ce stade, l’on ne sait toujours pas s’il y aura un accord d’échange d’otages contre prisonniers, si les tensions sécuritaires à la frontière libanaise se transformeront en guerre, mais également si le ministère des Finances trouvera un moyen d’empêcher le déficit d’augmenter au-delà de l’objectif fixé par le gouvernement de – 6.60 %.
Il n’est par ailleurs pas clair si, et quand, l’aide américaine sera reçue et dans quelle mesure toutes les entreprises ayant déjà annoncé des augmentations de prix après les fêtes juives de Pessa’h, mettront en effet ces hausses en pratique, et si davantage d’importateurs et de producteurs en feront de même.
À ce stade, Israël est encore le seul pays occidental, avec la Suisse, à avoir réduit son taux directeur, et il semble, que la Banque Centrale d’Israël n’ait pas souhaité réitérer cette baisse, dans la mesure où l’ensemble des banques centrales des autres pays occidentaux ont maintenu leurs taux directeurs, l’inflation étant toujours présente.
Il semble que l’unique baisse du taux directeur ayant eu lieu le 1/01/2024 soit à imputer au contexte de guerre et aux dépenses pharaoniques en découlant pour le gouvernement, que la baisse du taux directeur d’un quart de point aura légèrement soulagé.
Quelques heures seulement avant la décision de la BCI en matière de taux directeur, le comptable gouvernemental du ministère des Finances publiait les chiffres du budget de l’État, révélant par là même que le déficit budgétaire avait déjà grimpé à un taux annuel de 6.20 %, tandis que son ministère de tutelle prévoit un déficit de 6.60 % en 2024, un taux qui risque fort d’être revu à la hausse compte tenu de la situation sécuritaire, qui ne s’améliorera pas prochainement, quand bien même la guerre prendrait fin.
L’actuel gouverneur de la BCI, le professeur Amir Yaron, continue ainsi par ses décisions en matière de taux directeur, de perpétuer une politique prudente face à un gouvernement plus aventureux, bien que les chiffres de l’Inflation auraient permis une baisse dudit taux.
De fait, avec une inflation passée sous la barre des 3 % sur l’ensemble de l’année 2023 – 2.60 % pour être exact – le gouverneur aurait aisément pu abaisser le taux directeur et ainsi permettre à nombre de ménages de souffler en allégeant le joug de la hausse des taux et en relançant la consommation ; à noter que la TVA perçue permettrait de contrer le déficit budgétaire, si ce n’est dans sa totalité, à tout le moins en partie.
Cependant, une baisse dudit taux précipiterait un peu plus le shekel face à ses homologues étasunien et européen, augmentant par là-même les coûts des produits importés, d’où une Inflation importée…
Semble que dans ce billard à trois bandes, la FED mène la danse : la Banque Centrale d’Israël calquera probablement ses prochaines baisses sur celles de la FED…
Arnaud Sayegh
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