New York, siège des Nations Unies. Avril 1994. J’assiste à une réunion “historique”. Après des années de boycott plus ou moins tacite, l’Onu accrédite enfin Israël pour participer à des actions humanitaires menées sous l’égide onusienne.
Goma, Zaïre. Juillet 1994. Quatre avions C130 de Tsahal atterrissent, apportant un hôpital de campagne pour secourir les rescapés des massacres du Rwanda. Ayant trouvé le Q.G. de l’Onu, je m’entends dire par le directeur onusien des opérations qu’il n’a aucune idée d’où nous pourrions installer notre hôpital, ni de quelle sera sa mission. Nous nous débrouillons sans lui et coordonnons avec les ONG présentes sur le terrain, ainsi qu’avec les armées française, russe et jordanienne déjà sur place. Ce problème une fois réglé, je me rends à un orphelinat proche de notre campement. J’y trouve quatre mille enfants dont beaucoup sont très malades. Le périmètre est parsemé de tentes frappées du sigle de l’UNICEF, imprimé en grand. À l’intérieur de ces tentes, il n’y a rien. Pas même des lits. Au bout de l’allée centrale, je tombe sur deux médecins indiens. Deux médecins pour quatre mille enfants. Ils se mettent à genoux devant moi, ayant vu ma jeep, mon uniforme encore propre, et me supplient de leur venir en aide. Ils me demandent des médicaments et du matériel des plus banals. Des plus élémentaires. Tsahal adopte aussitôt les quatre mille orphelins. Sans rien en dire à l’Onu.
Février 2024. L’UNRWA est mise en examen pour complicité de terrorisme et collusion avec le Hamas. L’Onu suspend ses livraisons d’aide humanitaire destinées au nord de Gaza devenues « trop ardues et hasardeuses ». Des dizaines de camions de farine et de carburant restent coincés au point de passage de Kerem Shalom, faute de quiconque de l’Onu ne vienne se charger de leur feuille de route. Israël décide de livrer directement la marchandise aux habitants. Pour le reste, d’autres pays prennent la relève du ravitaillement, dont les États-Unis, la Jordanie et la France. Directement aussi. La question se pose donc : à quoi sert l’Onu ?
Créée en 1945, cette organisation reçoit pour mission de maintenir la paix et la sécurité de par le monde, traitant de crises qui ne peuvent être résolues au niveau national des pays concernés. De nos jours, les effectifs permanents de l’Onu dépassent les 35 000 personnes. Son budget annuel de fonctionnement s’élève à plus de 3,5 milliards de dollars. À cela s’ajoutent 90 000 casques bleus menant différentes missions de maintien de la paix. Leur mandat est celui d’observateurs. La force la plus importante, la MONUC, est déployée depuis 1994 dans la République démocratique du Congo. Soit 23 000 personnes pour un budget annuel de 1,5 milliard de dollars. Concernant Israël, on compte l’UNDOF (ou FNUOD) sur la frontière syrienne, la FINUL au sud-Liban et l’UNTSO à Jérusalem. Autant de missions qui brillent par leur inutilité absolue.
En dehors de la distribution de certains vaccins et du ravitaillement en nourriture et en eau de quelques sites épars à la surface du globe, l’Onu échoue à atteindre la quasi-totalité de ses objectifs : aider et protéger les personnes qui fuient la guerre, la famine et les persécutions, maintenir la hausse des températures mondiales en dessous de 2 °C, résoudre la crise mondiale de l’eau, protéger les droits de l’homme et de la femme à travers le monde, prévenir les conflits par la diplomatie. Faut-il mentionner ce que l’Onu ne fait pas en Biélorussie, en Iran, au Tibet, en Afghanistan, en Somalie et en Mauritanie ?
Trois facteurs expliquent la turpitude actuelle de cette noble institution. Le premier est la lourdeur bureaucratique de la structure. Le second est le mode de recrutement du personnel. Le troisième émane de l’influence des pays membres. L’Onu est une organisation mal gérée, désuète dans ses modes d’action, trop rigide pour faire face à temps aux urgences du moment. Les mandats de ses missions sont vagues et mal définis, rendant son action inadéquate face à la réalité sur le terrain, ainsi que souvent entravée par les conditions qu’imposent les autorités locales et nationales sévissant sur place. Quand il ne s’agit pas de détournement pur et simple. Ce détournement se retrouve au niveau global et idéologique avec une majorité d’États membres dictatoriaux et corrompus qui dictent leur agenda à l’Onu selon des motifs de basse politique et des critères diamétralement opposés aux valeurs humanistes et humanitaires sur la base desquelles cette organisation a été fondée. Enfin, force est de constater que bon nombre de fonctionnaires de l’Onu ne sont pas qualifiés pour exercer les tâches qui leur sont attribuées, alors que ces tâches requièrent des experts du plus haut niveau de compétence pour être menées à bien.
Jusqu’à récemment, on s’est contenté de déplorer cette pesanteur structurelle doublée d’un piratage par des pays peu recommandables et d’une infestation de cadres dépourvus de l’impartialité indispensable au juste exercice de leur fonction. Aujourd’hui, ce dysfonctionnement endémique représente un véritable danger sécuritaire pour la planète. Il confère une influence démesurée à des régimes et des États cherchant à exploiter cette institution pour leurs plus bas intérêts. Ces membres bloquent tout avancement possible dans les domaines de l’assainissement écologique, du commerce équitable et des droits de la femme. Ils établissent des rapports de force géopolitiques qui menacent le monde libre et le mettent en position de minorité lors des votes et prises de décisions les plus critiques pour l’avenir de l’humanité.
L’Onu est bien plus qu’obsolète. Elle est néfaste.