Ne vous y trompez pas, accuser Israël de génocide tient du plaisir obscène. Et peu importe la réalité des faits ou l’objectivité rationnelle. Comme je l’écrivais, le 10 octobre, dans mon Journal de guerre (à paraître le 17 janvier) : « Je ne donne pas trois jours pour qu’Israël soit nazifié et les Arabes de Palestine peints en martyrs génocidés ».
Il y a, pour certains, une forme de plaisir à accuser l’État juif du pire. Je ne m’étais pas trompé car je connais mes classiques.
Comme le racisme du mouvement de libération nationale du peuple juif, le sionisme, par la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU de 1975. Et peu importe que l’ONU abrogea en 1991 ce vote scélérat. La haine satisfaite avait eu son content immédiat de plaisir.
Même chose pour le rapport du juge sud-africain des Nations unies Goldstone condamnant sévèrement en 2009 Israël pour crimes de guerre après son opération à Gaza.
Et peu importe que le juge ait fait volte-face en 2011 en condamnant définitivement le Hamas. Le mal était fait.
Même chose pour la Conférence de Durban en 2001, où l’expression d’un antisémitisme décomplexé s’était exprimée dans la salle comme dans les rues. Et aucune importance si plus tard, les conférenciers furent morigénés. Trop tard, le poison enivrant avait fait son effet.
Il en sera donc exactement de même pour le procès planétaire organisé devant la Cour de justice internationale contre le minuscule État juif à la demande de l’Afrique du Sud. Ce n’est évidemment pas un hasard si la requête visant à clouer Israël au pilori vient de ce pays.
Car il s’agit du pays du peuple de l’apartheid et que ce mot maudit – équivalent du sionisme « raciste » de 1975 – a été posé sur la poitrine israélienne, contre l’évidence factuelle, par des organisations en pleine dérive gauchisante telles qu’Amnesty International.
Fi donc des faits et de la raison. Il n’importe aucunement que les Nations unies d’où émane la Cour pratiquent depuis longtemps la condamnation rituelle de l’État juif. Puisque, précisément, c’est d’un rite dont il s’agit. Il n’importe aucunement que certains juges de cette Cour onusienne soient nommés par certains pays dictatoriaux.
Il n’importe aucunement que l’Afrique du Sud incarne dans les faits, un sombre échec démocratique et humain. Qu’il s’agisse de sa corruption endémique. Qu’il s’agisse de sa criminalité (cinquante-huit personnes ont été tuées chaque jour en moyenne en Afrique du Sud entre 2018 et 2019, selon la police). Ou encore de ses liens étroits avec l’Iran. Sans parler des meurtres de fermiers blancs puisqu’il est aussi médiatiquement malséant d’en parler que d’évoquer les assassinats de chrétiens noirs en Afrique ou en Orient.
Au demeurant, un article de Mediapart, publié le 12 janvier et intitulé « L’Afrique du Sud au secours de la Palestine : le renversement du monde » confirme ce que je m’échine à dire depuis trop longtemps : dans la détestation pathologique contemporaine d’Israël, au-delà de l’antisémitisme classique, c’est la détestation de l’homme occidental blanc qui suinte. En l’occurrence, elle émane d’un pays arborant un arc-en-ciel mais qui a sombré dans la violence la plus sombre.
Plus important encore : il serait incongru de rappeler qu’Israël est la victime agressée du plus grand pogrom perpétré depuis la Shoah. Stupide d’évoquer les femmes violées et éventrées comme le rappelait encore Le Figaro le 6 janvier. Inepte de pleurer sur les bébés tués ou pris en otages. Totalement hors sujet, de tenter de plaider que la riposte existentielle, pour brutale qu’elle soit, visait à tuer les terroristes et non les civils utilisés comme boucliers par le Hamas et malheureuses victimes collatérales. Vain donc de plaider la différence entre un assassinat délibéré précédé de torture et un homicide involontaire dans le cadre de la légitime défense.
Tout aussi niais, celui qui se hasarderait à s’étonner que, précisément, le Hamas agresseur ne soit pas dans la nasse.
Ou encore que la Syrie des Kurdes, la Birmanie des Rohingyas, la Chine des Ouïghours, le Soudan des chrétiens du Darfour, la Russie de Grozny, massacreurs de masse et sans excuses n’avaient pas été cloués au pilori ainsi.
Le plus absurdement ridicule enfin serait pour Israël et ses soutiens de souligner que c’est le peuple de la Shoah que l’on traîne dans la fange en l’accusant, de façon ignoble, de génocide. Ce ne serait en effet ne rien comprendre à la nature du procès public qui lui est intenté.
Car c’est précisément dans son extravagance extraordinaire, son injustice factuelle entière, son irrationalité débridée, dans la focalisation sur l’accusé unique et solitaire, que l’adversaire d’Israël tire sa jouissance jubilatoire. Il s’agit bien ici d’une jouissance obscène et quasi-orgasmique qui puise son plaisir jusqu’aux tréfonds de l’inconscient de l’être antisémite.
Le fait que Jean-Luc Mélenchon ait fait le voyage à la Haye et que tous ses lieutenants ont désormais le mot « génocide » à la bouche montre bien que le procès public tient du spectacle quasi pornographique.
Dès lors, peu importe ce que diront les juges. Peu importe que dans quelques mois, on reconnaisse l’extravagance de ce procédé. Le plaisir de l’obscénité était dans l’escalier.
Gilles-William Goldnadel publie le 17 janvier Journal de guerre. C’est l’Occident qu’on assassine (Fayard).
L’antisémitisme n’empêche même pas les goyim de se massacrer entre eux à tour de bras.