Le fondamentalisme est présent en Iran et dans d’autres pays islamiques depuis des siècles. En Iran, cette tendance a principalement été associée aux dirigeants autocratiques. Toutefois, la prédominance des idées religieuses médiévales ne s’était jamais vraiment généralisée, du moins en Iran, jusqu’à ce qu’un événement historique marque profondément l’histoire contemporaine de l’Iran et du monde. Cet événement fut le soulèvement du peuple iranien contre le Chah.
La répression des mouvements progressistes par le Chah a créé un vide politique, que ce courant fondamentaliste a su exploiter, prenant le pouvoir grâce au réseau des mosquées et à l’influence de la religion sur la population. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire contemporaine de l’Iran et du monde, un gouvernement possédant à la fois le pouvoir politique et l’autorité religieuse est apparu, donnant naissance à une tyrannie médiévale sous le voile de la religion.
Objectif ultime des fondamentalistes
L’objectif ultime et déclaré des fondamentalistes est d’établir un « califat islamique » et d’imposer les lois de la charia par la force. C’est le point commun et le centre d’intérêt de toutes les variantes du fondamentalisme islamiste, chiite ou sunnite, rendant leurs différences secondaires face à cet objectif commun. Khomeini l’a nommé « velayat-e motlaq-e faqih » (le régime du guide suprême absolu), soulignant que la préservation du pouvoir « islamique » prime sur tout.
Le système du guide suprême fondé par l’ayatollah Khomeini est incompatible avec le monde actuel. Ce système est incapable de résoudre les problèmes politiques, sociaux, économiques ou culturels du 21e siècle. Par conséquent, il repose uniquement sur la violence brute, sous le couvert de l’islam, pour prolonger son existence. Les mollahs cherchent à faire reculer le monde, le rendant compatible avec eux-mêmes, par la pure force, la violence et les tueries, ce qui explique pourquoi ils commettent d’innombrables atrocités.
Ce phénomène se caractérise clairement par son agressivité et sa propension à la violence. Il ne reconnaît aucune frontière et sa survie dépend de l’expansion. Ainsi, dès le premier jour, le régime a eu recours à des massacres, à la torture et à des exécutions quotidiennes, ajoutant des lapidations, des énucléations et des amputations, qui se poursuivent encore aujourd’hui. Parallèlement, il a commencé à s’immiscer dans les affaires d’autres pays.
En Iran et en Afghanistan, les mollahs ont écarté les femmes de la vie politique et sociale. Par la discrimination, la répression brutale et l’imposition du voile, ils ont tenté d’intimider et de terroriser la population.
Les minorités ethniques ont subi une répression et une discrimination sévères, et les minorités religieuses ont été brutalement opprimées et privées de leurs droits fondamentaux. Cette conduite a rapidement été inscrite dans la Constitution et institutionnalisée dans le code pénal et le code civil, et se poursuit aujourd’hui.
Fondamentalisme chiite et sunnite
C’est précisément l’exemple que suivent les fondamentalistes chiites et sunnites dans d’autres pays. Ce système de gouvernance est en totale contradiction avec les fondements même de l’islam et les normes civilisées. Il est appelé « califat islamique » par les fondamentalistes sunnites qui partagent les mêmes caractéristiques et modus operandi. D’un point de vue juridique et religieux, ce système ne possède aucune capacité de changement interne ou de réforme. Le régime élimine quiconque remet en question le pouvoir absolu du clergé.
Daesh et les groupes fondamentalistes sunnites ne maintiennent pas de lien perceptible et clair avec les mollahs de Téhéran, ils y sont même hostiles dans plusieurs domaines ; par conséquent, une dichotomie artificielle a été supposée entre les fondamentalistes sunnites et chiites.
Cependant, les dirigeants religieux de Téhéran instrumentalisent à toute occasion les groupes fondamentalistes sunnites et chiites à leurs propres fins. Comme on l’a vu dans la guerre récente au Moyen-Orient, l’Hamas a été instrumentalisé par le régime iranien.
Théoriquement, le fondamentalisme représente une vision pervertie de l’islam. Ce qui est présenté sous la bannière de ces deux aberrations de la foi musulmane est essentiellement la même chose. Les deux mettent en avant la misogynie et la discrimination religieuse. Contrairement aux versets coraniques, les deux imposent la religion et les croyances par la force. Les deux s’appuient sur les lois de la charia millénaire pour imposer les formes les plus violentes et inhumaines de châtiments. Les deux visent un califat réactionnaire, se traduisant par le pouvoir cruel d’un tyran individuel. Les uns l’appellent le Velayat-e-Motlaq e faqih (le régime du guide suprême absolu) tandis que les autres le nomment un Califat. Il y a trente ans, Khomeini avait clairement déclaré dans un discours public que « nous voulons un calife qui ampute, fouette et lapide à mort. »
Les fondamentalistes chiites, cependant, sont plus dangereux que les sunnites car ils s’appuient sur une puissance régionale, la dictature religieuse au pouvoir en Iran. Observez la situation en Irak et ce qui s’y passe au quotidien. Les milices dites chiites des mollahs agissent avec plus de brutalité que leurs homologues sunnites, comme Daech. À long terme, elles constituent une menace bien plus grande que leurs homologues sunnites pour l’existence indépendante de l’Irak et pour la paix, la sécurité et la stabilité régionales. Au moyen de ces milices, les mollahs ont fait de quatre pays arabes, notamment l’Irak, la Syrie, le Yémen et la Palestine des théâtres de leur terrorisme et de leurs destructions.
L’exportation du Fondamentalisme
Dans son testament, Khomeini a appelé à renverser tous les gouvernements existants dans le monde musulman, suivi par la destitution de leurs dirigeants et l’établissement d’un « État islamique avec des républiques libres et indépendantes ». Le leader suprême actuel du régime, Khamenei, s’est proclamé source d’émulation pour les Chiites et Leader Suprême de tous les musulmans. En d’autres termes, en matière de gouvernance, Khamenei se considère comme le maître de tous les musulmans.
La Force terroriste Qods de l’Armée des Pasdarans de la révolution islamique, formée il y a un quart de siècle, est l’instrument pour exporter le fondamentalisme aux communautés chiites mais aussi sunnites.
L’ancien président du régime des mollahs et ancien chef du Conseil de Discernement, Ali-Akbar Hachemi-Rafsanjani, se vantait dans les années 1990 que « si nous nous dotons d’armes nucléaires, qui pourrait empêcher l’exportation de la révolution dans les pays islamiques ? ». La fatwa du Leader Suprême Ali Khamenei selon laquelle les armes nucléaires sont haram (interdites) est une supercherie.
En effet, l’existence d’une société extrêmement jeune et agitée ayant renversé la dictature précédente a rendu ce régime médiéval perpétuellement instable, ce qui l’a poussé à exporter son idéologie rétrograde pour contenir ses crises internes.
Dans la Constitution du régime iranien, l’exportation de crises, de terrorisme et de fondamentalisme a été codifiée dans les articles 3, 11 et 154 sous le couvert de « soutien inébranlable aux Mostazafan » (opprimés du monde) et « l’unité du monde musulman ». Ils font partie des piliers de la politique étrangère du régime.
Ingérence en Irak
Pour Khomeini, l’exportation de la « révolution islamique » en Irak et l’établissement d’un régime frère là-bas était le premier point à l’ordre du jour, ouvrant la voie à un conflit qui a ensuite éclaté lorsque l’Irak a attaqué l’Iran en 1980. En tentant de dominer l’Irak dès 1979 puis en poursuivant la guerre Iran-Irak, avec le slogan de « libérer Quds [Jérusalem] via Karbala », le régime cherchait à exporter son idéologie médiévale dans le monde musulman. Contrairement à la communauté internationale et au Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui demandaient la fin de la guerre et appelaient à un cessez-le-feu, Khomeini a justement réalisé que l’Irak pourrait servir de tremplin pour l’expansion sur le monde arabe et musulman.
Khomeini, qui a accepté la défaite dans la guerre Iran-Irak en 1988, pour éviter tout mouvement de protestation sociale, a massacré plus de 30 000 prisonniers politiques en l’espace de quelques mois. La majorité des victimes appartenaient à l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI), qui est paradoxalement un groupe musulman chiite. Aujourd’hui, ces mêmes personnes responsables du massacre de 1988 occupent des postes clés dans les organisations gouvernementales, y compris le président actuel Ebrahim Raïssi.
Parallèlement à la guerre en Irak, et surtout après, le régime iranien a alloué un budget énorme pour mettre en place des centres culturels et dits éducatifs dans divers pays pour diffuser son idéologie fondamentaliste islamiste et recruter des partisans. Dans de nombreux pays, dont le Liban, les territoires palestiniens, la Syrie, l’Irak et le Yémen, il a formé, financé et armé des terroristes chiites et sunnites.
Dès le début, le régime des mollahs a tenté de répandre le fondamentalisme en prenant 52 Américains en otage pendant 444 jours en 1979, en faisant exploser les casernes des Marines américains à Beyrouth en 1983, en créant le Hezbollah au Liban et le Conseil Suprême de la Révolution Islamique en Irak (le groupe CSRI) ainsi que plusieurs groupes dans d’autres pays musulmans, et en prenant en otage des ressortissants occidentaux au Liban.
Ce n’est pas une politique limitée au passé. Ces dernières années, la politique d’ingérence dans les affaires d’autres pays s’est intensifiée, prenant des dimensions nettement plus larges et plus profondes. La guerre dévastatrice actuelle au Moyen-Orient en est un exemple. Ainsi, ce phénomène, prenant à la fois une nouvelle forme et des dimensions plus larges, a émergé en utilisant l’effet de levier de la position culturelle et historique de l’Iran, un pays également doté de l’une des plus grandes réserves de pétrole et de gaz au monde.
Nouvelle menace mondiale
C’est uniquement grâce à l’existence du régime du Leader Suprême en Iran que le fondamentalisme islamiste a pu se transformer en une nouvelle menace mondiale. Maryam Rajavi, la dirigeante de l’opposition iranienne, estime que le danger du fondamentalisme et de l’ingérence dans les pays régionaux est cent fois plus dangereux que l’acquisition d’une bombe atomique. Le carnage laissé par la guerre à Gaza est l’une des conséquences désastreuses du fondamentalisme dans la région.
Sans l’instrument du pouvoir étatique dans un pays comme l’Iran, les forces réactionnaires n’auraient pas pu rassembler un tel potentiel ni la perspective d’émerger comme une force politique destructrice.
Cette transformation aurait été impossible sans le rôle central de l’Iran, un pays vaste et riche stratégiquement situé et connu pour son influence unique dans le monde musulman. Inversement, l’effondrement de cet épicentre conduira à l’isolement et à la défaite de cette menace à travers le monde, la rendant inopérante.
Cette sinistre créature, en crise perpétuelle et en hostilité totale envers la civilisation humaine, n’a généré que guerre et carnage pendant quatre décennies. En ciblant le cœur du monstre à Téhéran, établir la paix mondiale…
Source : Tribune Juive