Décès d’Yitzhak Arazi, dirigeant du Conseil de la communauté juive disparue du Liban

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Le décès d’Yitzhak Arazi, dirigeant du Conseil de la communauté juive disparue du Liban, met en lumière l’histoire séculaire de cette communauté, aujourd’hui réduite à une trentaine de membres bien qu’étant l’une des 18 religions reconnues par la constitution sectaire libanaise.

Arazi, décédé mardi à l’âge de 80 ans, a laissé derrière lui un héritage marqué par son rôle dans la restauration de la seule synagogue de Beyrouth, Magen Abrahan, située dans le quartier de Wadi Abu Jamil. Cette initiative, entreprise au début du millénaire, visait à revitaliser la communauté juive libanaise, dont les effectifs avaient décliné au fil des décennies.
Le projet de restauration de la synagogue a suscité des interrogations quant à la viabilité de maintenir un lieu de culte pour une communauté en voie de disparition au Liban. Des doutes ont émergé, tant au niveau international que parmi les membres de la communauté juive, sur la question de savoir qui fréquenterait cet édifice, compte tenu de la diminution du nombre de Juifs dans différentes régions du Liban au fil des événements tumultueux de ces dernières décennies.

La synagogue, jadis considérée comme la plus grande du monde arabe, avait été inaugurée en 1926 lorsque la population juive libanaise comptait 22 000 membres avant la guerre civile. La majorité de ces Juifs, d’origine Mizrahi, résidait dans la capitale, Beyrouth, et ses environs.

L’histoire ancienne trace la présence juive sur les pentes du mont Hermon, désignant ces Juifs dans la Torah comme les tribus « Mansi », signifiant en hébreu « ceux qui ont oublié qu’ils étaient juifs ». Les récits des voyages de Jésus, mentionnés dans les textes chrétiens, indiquent également la présence de communautés juives autour de Tyr, Sidon et Cana.

Selon les références historiques, après la révolte de Bar Kochba en 132 de l’ère actuelle, les Juifs ont fui l’oppression romaine pour s’installer dans certaines régions du Liban. Entre 642 et 680, Muawiya a établi des colonies juives à Tripoli. En 922, une présence juive était déjà attestée dans la ville de Sidon, et l’Institut juif palestinien a été créé à Tyr en 1071.

Au cours des troubles de 1840 et 1860 entre les Druzes et les chrétiens au Liban, de nombreux Juifs ont été déplacés de Deir al-Qamar dans le Chouf vers les régions de Hasbaya. Au début du XXe siècle, en 1911, des Juifs de Grèce, de Syrie, d’Irak et de Turquie ont rejoint Beyrouth, portant la population juive de la ville à environ 5 000 personnes.

La communauté juive libanaise a continué de croître pendant le mandat, participant également à la scène politique et éditoriale avec deux journaux juifs, « Le Monde israélien » et « Le Commerce du Levant ». Cependant, la création de l’état d’Israël 1948 a marqué un tournant, avec des communautés juives à Wadi Abu Jamil, Ras Beyrouth, et dans une moindre mesure dans la région du Chouf, déclinant progressivement.

Malgré le refus des Juifs libanais de soutenir l’organisation sioniste Yashub à l’époque, le Liban a été le seul pays arabe à voir sa communauté juive augmenter après la création de l’État d’Israël. Cependant, les événements de la révolution de 1958 ont entraîné une émigration importante vers l’Europe et les États-Unis.

La guerre civile libanaise de 1975 à 1990 a eu un impact dévastateur sur les Juifs du Liban, avec la mort de 11 leaders juifs en 1982. La même année, la synagogue Magen Avraham à Beyrouth a été détruite. Le quartier juif de Wadi Abu Jamil a été vidé, et Yossef Mizrahi fut le dernier leader juif à quitter le Liban pour la France en 2003.

Aujourd’hui, la communauté juive du Liban compte environ 1 500 membres, dont seulement 60 sont officiellement enregistrés en tant que juifs. La plupart des autres se sont convertis à d’autres religions, et en l’absence de rabbins, les rituels ne sont plus pratiqués. La communauté, craignant d’être perçue comme des agents d’Israël, évite de s’identifier comme juive. Des synagogues pour les Juifs libanais de la diaspora existent, telles que la Congrégation Maghen Abraham à Montréal et la Congrégation sépharade libanaise du Mont-Liban (Har HaLebanon) à New York.

Jforum.fr

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