Le’ilouï nichmath rav Chalom Zatsal’’l, Rav Avraham Zatsal’’l, tous nos disparus et en particulier ceux pour lesquels personne n’étudie ni ne prie. A nos frères exterminés, de tous lieux et toutes époques, des plus anciens aux tout récents, que Hachem venge leurs sangs, guérisse tous nos malades et blessés et délivre nos prisonniers. Ces lignes sont spécialement dédiées à celle dont chaque pore transpirait un amour inconditionnel et débordant pour son peuple, Marcelle Bat Louana za’l, ma chère grand-mère.
La Guemara nous dit (Chabbath 106) qu’en cas de décès d’un des membres d’une communauté, c’est ce groupe dans sa globalité qui doit s’inquiéter. Loi figurant dans le Choul’han Aroukh (Yoré Dé’a 394), il ne s’agit donc pas d’un simple conseil, mais d’une réalité.
Rav Tikochinski zatsal, Roch Yechiva de Yerou’ham, l’expliquait ainsi (avec d’autres mots) : Adam harichon, voyant d’un « bout à l’autre du monde » de par sa stature inégalable, a décrété depuis Beréchith quels endroits seraient habités, lesquels seraient vides.
Un lieu a donc un but précis, tous ne se valent pas (et le fameux « Chinouï makom chinouï mazal » le prouve). Dans ce contenant qu’est un lieu, vont se retrouver des créations différentes, du minéral à l’humain, qui vont toutes avoir des interactions avec ce contenant. Leur reviendra alors de faire leur job, à cet endroit, à cette époque, avec ceux et celles qui les entourent, conformément au « Psak » de Adam harichon.
Nous ne nous posons que rarement la question de savoir pourquoi nous croisons précisément telle personne au marché ou sommes assis à côté de telle autre à la shoul. Pourtant, tout cela a évidemment un but, décrété depuis le tout premier bureau du cadastre dirigé par le tout premier homme.
Quand un membre de la communauté nous quitte, c’est donc un message clairement adressé à son entourage en premier lieu. Il s’agit d’un grand ‘hidouch, car à priori, les raisons du décès ne concernent que le défunt lui-même. Nous aurions pu simplement en conclure que son heure était arrivée, point barre. Mais en fait, un second volet est en jeu : nous réveiller ! (il y a d’ailleurs discussion sur les raisons du deuil, à savoir est-ce pour le défunt ou pour nous, ce qui peut rejoindre cette réflexion).
Nous sommes une grande communauté, nous sommes la Knesset Israël. Nous venons de recevoir plus de 1400 messages d’En-Haut : réveillez-vous, mes enfants chéris ! De notre sainte communauté, 1400 de nos frères et sœurs sont partis. Nul doute qu’ils interviennent pour nous de la place de choix où ils se trouvent. Mais nous, avons-nous bien reçu le message ?
La Guemara (Baba Metsi’a 59a) au nom de rabbi Eléazar : à la destruction du Beth Hamikdach, les Portes de la Tefila se sont fermées, mais pas celles des larmes.
Depuis des millénaires, nos larmes inondent le sol. Que ces larmes arrosent et fassent germer la graine du Machia’h, suivant le verset du prophète Yirméiahou (33,15) :
בַּיָּמִים הָהֵם וּבָעֵת הַהִיא, אַצְמִיחַ לְדָוִד צֶמַח צְדָקָה; וְעָשָׂה מִשְׁפָּט וּצְדָקָה, בָּאָרֶץ