Roch hachana au seuil…

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Autour de la table de Chabbat n° 402 Rosh Hachana 5784

LeChana Tova – Ketiva ve’Hatima tova lekol Israël

Les jours de Roch Hachana et de Kippour sont à nos portes. La plupart le savent, ces jours fixent la qualité et la quantité des jours de l’année à venir. Comme on le dit dans le Ma’hzor livre de prière des fêtes : « Qui sera tranquille, qui sera perturbé le long de l’année… » Tout cela est fixé ce Chabbat à venir et le lendemain dimanche, 16 et 17 sept. Donc le travail spirituel est important, faire de ces jours saints un tremplin vers plus de spiritualité, de la Tora et des Mitsvoth, et par ricochet moins de jalousie, de suspicion et de rancunes

On le sait, il existe les jours de jugement de Roch Hachana et ceux d’expiation du jour de Kippour depuis le dimanche soir 24 et lundi 25 septembre. Comme l’enseigne rabbi Yo’hanan dans la Guemara (Roch Hachana 16:) : « A Roch Hachana l’humanité passe en jugement et trois livres sont ouverts. Celui des Tsadikim, hommes droits et pieux, des Récha’im, mécréants, ainsi que les Bénonim, indécis. A Yom Kippour le jugement céleste sera scellé ». Or les Sages, de mémoire bénie, enseignent qu’il n’existe expiation des fautes que vis à vis du Ciel (par exemple avoir mangé non-cachère au « MacDo » du coin ou avoir passé des dizaines d’heures sur son portable à surfer sur des sites « tout à l’égout ». Ce sont des fautes qui n’engagent que l’homme vis-à-vis de son Créateur). Mais en ce qui concerne notre rapport, bien souvent défectueux, avec les hommes, faire du mal, voler, conspuer, il faudra obligatoirement obtenir leur pardon.

A Roch Hachana, Hachem juge toutes les créatures de la terre et pas seulement la communauté. Tous les évènements de l’année à venir sont élaborés à Roch Hachana et fixés à Yom Kippour. Tout se décide suivant le niveau spirituel de la personne. Or, les commentateurs demandent pourquoi a-t-on besoin de deux jours consécutifs : Roch Hachana dure deux jours.

Le Rav Dessler (Mikhtav MéEliahou 2 p 75) rapporte les écrits du saint Zohar (Pin’has 231) : il existe deux sortes de jugements. Le premier est un  »DIN kaché » / un jugement sévère tandis que celui du second jour est clément, « Rafé ». Le rav Dessler explique d’après les écrits du Ari zal que le premier jour Hachem juge chaque personne en fonction de son propre niveau. Combien a-t-il pratiqué la Tora et les Mitsvoth durant l’année écoulée ? Tandis que le deuxième jour tient compte de l’homme vis à vis de son prochain et en particulier du Tsadik.

En effet, ce dernier, l’homme saint, donne la raison véritable au monde d’exister. Donc plus on aidera le Tsadik dans sa progression au cours de l’année plus on aura une part à la sanctification du Nom de D’ sur terre grâce à son Service. Dans le même ordre d’idée, lorsque j’aide une Yechiva ou un Collel, j’ai une part dans la progression spirituelle des Avrékhim, les hommes qui étudient la Tora toute la journée. D’après ce développement, mon jugement de Roch Hachana sera adouci grâce à mon dévouement pour la communauté et en particulier pour les Tsadikim.

Un autre point intéressant à noter est de savoir que dans le texte de nos prières de Roch Hachana, il n’est jamais mentionné nos fautes ni même un appel au repentir. Nous ne demandons qu’une seule chose : Hachem, dévoile aux yeux de tous, Ta royauté sur terre ! C’est à dire que la communauté proclame, durant les jours de Roch Hachana, la royauté de D’ sur terre.

Finis les cultes idolâtres, la foi dans les hasards et les aléas de la vie. Notre prière de Roch Hachana énonce qu’il n’existe qu’un seul D’ sur terre qui organise les évènements de la vie.

Ces jours de jugements sont l’acceptation du joug divin et en cela on deviendra Son peuple.

Le Gaon de Vilna fait remarquer que D’ S’appelle Roi, tandis que vis-à-vis des nations Il est nommé gouverneur (Mochel). Or, il n’existe de suzerain que s’il y a un peuple. Donc en faisant des prières sincères ces jours à venir, on fera un grand Kidouch Hachem (sanctification du Nom de D’) sur terre. Et en cela on deviendra les serviteurs du Tout-Puissant et on sera certain que grâce à ce mérite on aura droit à une belle année pleine de bénédictions et de réussites. Preuve en est, c’est que le Midrach enseigne qu’à Roch Hachana, Yossef (Joseph, le fils de Jacob) est sorti des geôles égyptiennes pour devenir le vice-roi d’Egypte. Autres événements qui se sont déroulés à Roch Hachana : deux mères du Clall Israël étaient stériles. Notre sainte mère Sara (épouse d’Avraham) qui enfantera Yits’hak et ‘Hanna qui enfantera le prophète Samuel. Le dénominateur commun de ces événements est la date de Roch Hachana. Cela nous apprend qu’à Roch Hachana on a la possibilité d’accepter librement la royauté de Hachem. Ce sera alors un tremplin vers un monde plus clair, plus lumineux. Quand Joseph est sorti de prison, cela faisait des années qu’il purgeait une peine dans un « trou » au Caire ou à Ramsès… Or, du jour au lendemain il sera nommé vice-roi d’Égypte, la plus grande puissance du monde. Pareillement, un homme qui acceptera la royauté divine, jouira d’un nouvel éclairage dans sa vie et comprendra le sens de sa vie. Il s’élèvera et amènera la bénédiction sur lui et sur sa famille.

Le sippour

Le saint ‘Hafets ‘Haïm avait un gendre particulièrement brillant. Il s’appelait Aharon Cohen. A cette période, cela remonte à plus de 130 ans, les grands Talmidé ‘Hakhamim postulaient pour des places de Rabbanim afin de pouvoir continuer de consacrer l’essentiel de leur temps à leur étude de la Tora. Notre homme savait qu’il était apte à s’occuper d’une communauté, mais au final, une autre personnalité sera choisie à sa place. Rav Aharon en avait gros sur le cœur. Il se rendit chez son beau-père pour prendre conseil. Le ‘Hafets ‘Haïm lui tiendra des paroles réconfortantes. Seulement sa peine n’avait pas complétement disparue. Quelques mois passèrent, le ‘Hafets ‘Haïm vit qu’il n’avait toujours pas « digéré » son échec. Le Tsadik lui dit qu’il souhaitait lui dévoiler une chose qu’il n’a jamais divulguée à quiconque. Il lui demandera expressément de ne publier son histoire qu’après ses 120 ans. Le ‘Hafets ‘Haïm est niftar/décédé en 1933. Le rav (‘Hafets ‘Haïm) lui dit : « Il y a longtemps, j’étais le rav de cette même ville de Radyn, une petite ville en Lituanie. A une certaine période, le cho’het, l’abatteur rituel, de la ville a été pris en flagrant délit de vendre de la viande non-cachère (Taref/Nevéla). Comme j’étais le rav, je lui ai retiré son certificat de cacherouth. Désormais, il ne pouvait plus exercer. Quelques temps passèrent et ce cho’het vint à ma rencontre afin que je revienne sur ma décision. Il m’implora car il avait à la maison des jeunes enfants qu’il fallait nourrir, il n’avait plus aucune ressource depuis que je lui avais retiré son gagne-pain. J’avais pris en considération cette dernière donnée, et je lui rendis son certificat de cacherouth à condition qu’il me promettre de ne plus recommencer. De plus, il devait apporter au Beth Hamidrach de la ville 40 kg de bougies afin d’éclairer la nuit l’étude des Talmidé ‘Hakhamim. Chose faite, je lui remis son certificat lui permettant de nouveau de faire la Che’hita et de vendre sa viande. Cependant les desseins de la Providence furent tels que quelques mois passèrent et le choh’et partit vers l’autre monde. C’est alors, continuera, le ‘Hafets ‘Haïm, que je fis un rêve étrange. Dans mon rêve je vis apparaitre trois Rabbanim qui descendaient du Ciel : c’était des juges du Beth-Din céleste. Ils me demandèrent quelle était mon intention lorsque j’ai statué qu’il devait amener les 40 kg de bougies ? Est-ce que c’était pour expier sa faute ou pour le punir afin de ne plus recommencer à l’avenir ? J’étais un instant perplexe dans mon rêve et je répondis que c’était une punition afin qu’il ne retombe pas dans la faute. Les gens étaient particulièrement pauvres à l’époque, et 40 kilos représentaient une forte somme. Les trois juges disparurent. Quelques temps plus tard, je fis un second rêve. Cette fois c’était le cho’het qui m’est apparu. Sa mine était complètement défaite, son regard profondément triste. Il me dit : « Rav, je me suis tenu devant le Beth-Din. Les anges du service ont amené toutes les mitsvoth que j’ai pu faire, puis les anges accusateurs sont venus avec toutes mes fautes. En particulier la très lourde faute d’avoir trompé le public en leur vendant de la viande non-cachère. Le Beth-Din voulait savoir si la peine que j’avais reçu ici-bas sur terre (les bougies) était dans l’intention de m’apporter l’expiation ou uniquement de recevoir une peine préventive. C’est pourquoi les juges sont descendus vous voir. Or, vous avez dit que c’était d’ordre préventif. De suite, les anges m’ont pris pour m’amener vers le Guehinom, l’enfer, afin de recevoir ma punition et au final mon expiation ». Le pauvre homme disparut. Fin du deuxième rêve du ‘Hafets ‘Haïm.

Le rav se réveilla avec une grande contrariété. Il savait que s’il l’avait puni dans l’intention d’expier sa faute, le cho’het ne serait pas descendu dans le gouffre des abimes. Depuis lors, le ‘Hafets ‘Haïm céda la place à un autre comme rav de la ville, en disant que c’était une trop lourde responsabilité. Il ne voulait pas entrainer les souffrances de son prochain.

Fin de l’histoire véridique.

Cela nous apprend plusieurs choses.

Premièrement, que les événements de ce bas-monde ont une influence directe avec ce qui se passe là-haut.

Deuxièmement, que même si dans la vie, un homme peut passer par des événements désagréables, la ‘Hokhma – la sagesse sera de voir les choses avec un prisme positif. Au lieu de dire : dommage pour cette bévue, ce manque à gagner etc., il serait beaucoup plus utile et juste de dire que c’est une Kappara – expiation. Comme on dit : « Kapparat Avonoth ». En cela on aura la chance de laver les fautes tout le long de l’année.

Coin Halakha :

Cette année Roch Hachana tombe le Chabbat et dimanche (19/20 sept.). On n’écoutera le Chofar uniquement le dimanche. La Mitsva d’écouter le Chofar est en journée depuis le lever du soleil jusqu’au coucher. Tout celui qui n’est pas redevable de la Mitsva ne pourra pas rendre quitte son ami ou la collectivité. Donc un enfant de moins de treize ans ne pourra pas sonner, idem pour une femme. Avant de sonner, il faudra faire deux bénédictions « Lichmoa’ Kol Chofar » et « Chéhé’hianou ». Comme pour toute Mitsva, il faudra que l’assemblée pense se faire acquitter par l’officiant et que ce dernier ait l’intention d’acquitter la communauté. La coutume Ashkenaze est que les femmes feront elles aussi une bénédiction avant l’écoute du Chofar (voir Or Ha’haim 589.1).

Un homme seul qui prie sans la collectivité devra attendre la fin de la troisième heure de la journée pour prier la prière de Moussaf. L’explication est que durant les trois premières heures de la journée de Roch Hachana, Hachem juge le monde avec sévérité. Nécessairement l’homme seul devra attendre l’heure où les communautés ont l’habitude de dire le Moussaf afin qu’il s’associe à leurs prières (592.8).

Chabbat Chalom et ‘Hag Saméa’h. Qu’on ait le mérite d’être inscrit dans le livre de la vie avec tous les Tsadikim et Tsadkanioth de la génération et que l’année à venir soit pleine de bénédictions pour tous.

A l’année prochaine, si D’ le veut.

David Gold

Une bénédiction à mon Rosh Collel le rav Asher Brakha chlita et à son épouse (Bné Brak / Raanana) pour tout le grand travail qu’il entreprend (vous pouvez retrouver ces cours très intéressants sur YouTube et le soutenir en faisant rav Asher Brakha Benedict) afin de diffuser la Tora en Erets auprès de nombreux Avrékhim.

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